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 - Rédacteur en chef de l'Usine à GES

Copenhague : les Chinois ont raison !


vendredi 03 juillet 2009

Japon : -8%; Europe: -20%. Etats-Unis : -4%. Les chiffres de réduction d'émissions de CO2 volent en tous sens. Mais attention : un chiffre peut en cacher un autre


Lors du dernier round de négociations climatiques, l’attention s’est focalisée sur le Japon. C’est à Bonn que l’Empire du soleil levant a rendu publics ses objectifs de réductions d’émissions : - 8% d’ici à 2020, par rapport à 1990. « Scandale ! », ont tonné les bien pensants. Mais qui dit mieux ?

Le Paquet Energie Climat commande à l’Europe de réduire de 20 % ses émissions. Cependant ses industriels pourront parcourir la moitié du chemin en achetant des crédits internationaux. Une proposition de loi américaine (Waxman-Markey) prévoit de réduire de 4 % les rejets carbonés US d’ici à 2020 (par rapport à 1990, la baisse étant de -17% par rapport à 2005). Mais là aussi, les Congressmen imaginent permettre aux entreprises de recourir massivement aux crédits carbone (jusqu’à 2 milliards par an) pour rester dans les clous. Le Japon, lui, ne prévoit pas d’échappatoire. Ses entreprises devront, physiquement, émettre 8% de GES en moins. Ce n’est pas beaucoup. Mais après tout personne (pas même le GIEC) ne fixe d’objectif idéal. 

 Personne ? Si, la Chine. Beijing rappelle que si les Etats-Unis (et dans la foulée l’Europe) ne réduisent pas leurs émissions de 40% et ne consacrent pas 1% de leur PIB au transfert de technologie vers les Pays du Sud d’ici à 2020, pas la peine de compter sur la délégation chinoise à Copenhague ! Washington a beau envoyer émissaires sur émissaires en Chine, rien n’y fait.
 
Cette exigence est-elle délirante ? Pas forcément. L’Europe pensait jusqu’alors réduire ses rejets de 30 % en 2020, en cas d’accord à Copenhague. L’un des scenarii du GIEC table sur une réduction des émissions de 40 % de la part des pays les plus riches. D’autre part, rappellent Eloi Laurent et Jacques Le Cacheu, du centre de recherche en économie de Science Po, ces mêmes Etats sont responsables de 77% des GES anthropiques émis depuis le XVIIIe siècle.
 
Hélas, l’heure est à la radinerie. Depuis des mois, les 27 Européens ne parviennent pas à s’accorder sur le montant de l’aide climatique à fournir aux nations les plus vulnérables. Et les Américains ne font pas mieux. « La crise ! » expliquent, à regret, les ministres des Finances. Hélas, il y a plus urgent à régler. Installé pour des siècles, le changement climatique ne s’arrêtera pas en 2010. Et ne rien faire maintenant, nous expose à des crises autrement plus douloureuses que cet éphémère « credit crunch ».

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