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Par IRIS


Climat : les enseignements du cri d'alarme du GIEC


jeudi 17 avril 2014

Le GIEC vient de publier le 3eme et dernier volet de son 5eme rapport. L'augmentation de température de la planète d'ici 2100 pourrait être le double de l'objectif fixé à Copenhague. L'analyse de Bettina Laville.


Bettina Laville, directrice de recherche à l'IRIS, est la fondatrice et aujourd'hui présidente d'honneur du Comité 21. Le Comité 21 pour l'environnement et le développement durable est le réseau d'acteurs qui fait vivre l'Agenda 21 en France , un plan d'action pour le 21ème Siècle décidé lors du sommet de la terre à Rio en 1992. Elle commente, sur le site de l'IRIS "Affaires stratégiques" les enseignements du dernier rapport du GIEC.

Voir l'interview complète sur le site de l'IRIS
Extraits:

S'il faut retenir une chose de ce rapport, c'est le fait que, bien que l'on ne puisse pas complètement écarter la possibilité de limiter le réchauffement climatique à deux degrés durant le siècle, cette limitation représente un immense défi, par rapport à la réalité actuelle des politiques, à la complexité des interactions entre les facteurs climatiques, et à l'état des relations multilatérales.

En effet, si la trajectoire actuelle se poursuit, l'augmentation sera de quatre degrés. Alors que dans les années préindustrielles, c'est-à-dire de 1750 à 1968, les émissions de carbone ont progressé de 0,4 %, cette augmentation fut de 2,2 % entre 2000 et 2010 ce qui témoigne de l'ampleur du problème. Aussi, pour relever ce défi énorme, il faudrait prendre des mesures que l'on ne voit pas émerger pour l'instant.

Que préconise le GIEC pour lutter contre le réchauffement climatique ?

Le GIEC dit une chose très importante : il ne sera possible de limiter le réchauffement à deux degrés qu'au prix de « bouleversements institutionnels et technologiques ».

Sur le plan institutionnel, cela nécessite, avant tout, que les différents groupes d'Etats s'entendent, par exemple, à Paris lors de la Conférence sur le Climat de 2015, et ce, alors que leurs positions continuent de diverger. Et non pas sur un socle minimal, voire cosmétique ; le temps du consensus mou et ambigu, délice des habitués des conférences depuis Copenhague, doit être révolu.

Sur le plan technologique, cela implique, principalement, de prendre des mesures drastiques puisqu'il faudrait réduire d'ici 2050 les émissions de CO2 de 40 à 70 % (avec la marge d'incertitude), et parvenir à un stade, à la fin du siècle, où elles seraient proches de zéro. Or, pour l'instant, aucunes prémices de décisions politiques ou industrielles ne nous mènent sur ce chemin. Bien que le GIEC s'attache à ne pas paraître trop alarmiste, notamment dans son rapport destiné aux décideurs, il voit bien que d'un côté la situation s'aggrave sur le plan de l'augmentation des émissions de carbone et que de l'autre il existe un risque important de tomber dans les travers des « incantations », c'est-à-dire, comme ce fut le cas à Cancun en 2010, de déclarer continuellement que des efforts sont nécessaires pour limiter le réchauffement à deux degrés, déclarations qui n'ont pas été suivies d'effets.

Par ailleurs, il subsiste beaucoup d'incertitudes qui sont l'objet de deux chapitres dans ce rapport. Je parlais des mesures relatives à la nécessité de bouleversements technologiques majeurs. Par exemple, il est primordial de transformer l'énergie fossile en énergie renouvelable, de faire appel à la biomasse, et de capturer le carbone. Or, ces technologies ne sont pas encore assez expérimentées pour chiffrer la réduction d'émission de CO2 qu'elles permettraient. Aussi, les techniques que l'on souhaiterait voir adoptées ne peuvent être évaluées économiquement, sur le plan de leur efficacité, de manière satisfaisante. D'autre part, dans un second chapitre, le GIEC expose la nécessité de modèles d'investissement tout à fait différents : autrement dit, il faut que l'argent aille vers l'industrie décarbonée. Or, on sait parfaitement que ce n'est pas le cas puisque 70 % de l'augmentation des émissions de carbone est due aux combustibles fossiles et aux émissions de l'industrie.

Au final, ce rapport donne une idée de l'ampleur de la tâche qui attend la France qui présidera la Conférence de 2015, étant donné les conditions posées par les Etats qui sont encore extrêmement divergentes et l'importance du danger pour notre civilisation .

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7 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé
jeudi 17 avril 2014 11:01
L'aspect écologique ne mobilise plus, l'épuisement des ressources non plus, alors que faire? Je pense que le plus efficace, c'est le porte monnaie. Si la France met en place une taxe sur l'énergie pour financer une partie des charges sociales, cela se traduira rapidement par une réduction des émissions de CO2 en même temps qu'une amélioration de l'économie (baisse du chomage et amélioration de la compétitivité) ce qui sera un exemple pour les autres pays développés. Pourquoi ne pas essayer?
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Commentaire par papijo
samedi 19 avril 2014 11:00
L'auteur aurait aussi pu nous dire que contrairement à ce que prévoyait le GIEC, l'atmosphère ne s'est pas réchauffée depuis 1998, ou que certains scientifiques démissionnent du GIEC parce qu'il est "trop alarmiste" (Cliquer ici). Enfin concernant les teneurs en CO2, je me demande comment sont calculées des augmentations de 2,2% par décennie quand la simple variation été/hiver excède les 1% (Cliquer ici), et également, j'aimerais savoir à quoi ressemble un "socle cosmétique". Peut-on avoir une photo ?
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Commentaire par denys69
samedi 19 avril 2014 18:23
Ce qui etait annoncé arrive et arrive plus vite que prevu Remarquez le changement de discours ces dernieres temps: - Au lieu de limiter à 2 degres, on prefere parler d'adaptation. Mais il n'y aura pas d'adaptation car le changement est plus rapide que l'evolution des especes (flore et faune), excepté pour les insectes, parasites, microbes etc... En retardant les solutions on augmente l'addition Pour ceux qui sont sceptiques: L'histoire de celui qui se jette du 20 eme etage est instructive A Chaque etage chaque resident sur son balcon lui souffle Pour le moment tout va bien
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Commentaire par Hervé
dimanche 20 avril 2014 00:36
Je ne sais pas si cette organisation (GIEC) sont capables de prédire le climat dans 100ans, par contre il nous ont déjà au moins prouvé qu'ils étaient incapables de prévoir celui qu'il ferait dans 10 ans. Ils avaient prédit une montée exponentielle et ça stagne depuis 1998. Au contraire les sceptiques avaient prévu ce qu'il se passe actuellement depuis longtemps, voir par ex la courbe du Pr Akasofus : http://wattsupwiththat.com/2013/09/09/syun-akasofus-work-provokes-journal-resignation/ . Pour rappel, il faisait plus chaud en l'an 1000 que maintenant. L'homme comme l'ours polaire y ont survécu. Il est par ailleurs rassurant de voir que le réchauffement n'est pas beaucoup du au CO2, car manifestement, l'humanité est incapable de faire cause commune même pour agir de manière rationnelle lorsque sa survie semble menacée.
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Commentaire par denys69
dimanche 20 avril 2014 12:03
Suivant que vous avez un velo ou un 4/4 dans votre garage Suivant que vous partez en vacances en train ou en avion Vous donnez du credit à l'etude qui correspond à votre mode de vie
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Commentaire par carlino
mardi 22 avril 2014 15:28
SOLUTION = plus de nucléaire pas alimenter nos industries , voiture et chauffage .........géothermie , économie d'énergie , isolation , favoriser beaucoup plus les transports en commun , car parc , ...recherche ....tout le reste n'est que du faux, car bien souvent plus de renouvelables = plus d'émissions de co2 et gaz à effet de serre !!! Alors c'est quoi cette transition énergétique ????...une vaste tromperie...? ...que se cache il sous le discourt des verts ? a qui profite le dit green business ?
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Commentaire par papijo
mardi 22 avril 2014 21:31
@carlino - A qui profite le green-business ? Vous trouverez quelques réponses concernant les ENR dans ce rapport de la CRE paru ces jours-ci (Cliquer ici).
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