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Capitalisme écologique : le dérapage «non contrôlé»


mardi 15 juin 2010

Moins médiatisé que le Grenelle de l’environnement, la taxe carbone ou encore le sommet de Copenhague, le marché réglementé du carbone apparaît comme l’alternative écologique durable depuis 2005. Conçue pour favoriser les investissements dans des secteurs où les technologies propres sont moins développées ou plus onéreuses, la "finance du carbone", valorisée à 128 milliards de dollars en 2009 (selon la Banque Mondiale), subit pourtant un sérieux revers.


Moins médiatisé que le Grenelle de l’environnement, la taxe carbone ou encore le sommet de Copenhague, le marché réglementé du carbone apparaît comme l’alternative écologique durable depuis 2005.

Conçue pour favoriser les investissements dans des secteurs où les technologies propres sont moins développées ou plus onéreuses, la «finance du carbone», valorisée à 128 milliards de dollars en 2009 (selon la Banque Mondiale), subit pourtant un sérieux revers.



Prise au piège de la crise, la finance du carbone devient inefficace malgré elle

Le prix de la tonne de carbone oscillait autour de 30 euros en 2008. Depuis, il a été divisé par deux et tombantatteint en juin 2010, à 15,03 euros sur le marché au comptant de BlueNext, basé à Paris. Si l’engouement pour la «green économie» ne faiblit pas, le marché du carbone est simplement rattrapé par la crise financière : l’activité des industriels baisse naturellement en période de décroissance récession avec pour conséquence directe une réduction de leurs émissions de CO2, donc une chute des cours de la tonne carbone. L’ampleur du phénomène est telle, que le ratio un point de croissance du PIB en moins équivaut à 35 millions de tonnes de CO2 commence à circuler dans les coulisses de l’environnement.

Encourageant ? Rien n’est moins sûr. Solder une tonne de carbone au prix de deux tickets restaurant n’est pas une solution pour protéger notre environnement. Les demandes de MDP (mécanismes de développement propre) permettant aux pays industrialisés d’investir dans des projets de réduction de CO2 dans les pays en développement sont en forte baisse depuis 2008. Enfin, certaines entreprises en difficulté n’hésitent plus à revendre leurs quotas supplémentaires pour dégager un peu de trésorerie. Bilan des comptes : le remplacement d’installations vieillissantes et l’arrivée de nouvelles technologies propres se font attendre. Plus problématique encore, les pollueurs, dont l’activité est ralentie, constituent des stocks de droits à polluer «low cost». La relance de l’économie mondiale s’annonce difficile à supporter pour notre planète …

L’existence d’un marché du droit à polluer est néanmoins une nécessité

A l’aube d’une nouvelle ère carbone post-2012, le choix d’un modèle de financement est au cœur des débats. En Europe, la simplification du calcul des quotas, combinant des paramètres météorologiques à des prévisions économiques, est présenté comme un palliatif au système. En effet, les pays européens ont pour mission de définir le nombre «de droits à polluer» à allouer aux entreprises. Or, ils ont de grandes difficultés à réaliser leurs estimations : un surplus de quotas et c’est le cours de la tonne de carbone qui chute.

Même si la rareté des crédits qui seront accordés à l’avenir devrait faire grimper mécaniquement les cours du carbone, les perspectives de croissance dans leses pays en développement nous rappelle l’importance d’organiser et d’encadrer la finance du carbone : certains spécialistes estiment que le marché mondial du carbone pourrait atteindre 565 milliards de dollars US en 2020. Mais la seule révision du calcul des quotas ne sera pas suffisante pour inciter la réduction des émissions de gaz à effet de serre tout en maîtrisant la spéculation sur les marchés. L’élargissement du système des quotas à tout type de pollueur (entreprises et particuliers compris contre quelques 1.018 sites particulièrement énergivores actuellement) et la révision du modèle de redistribution des crédits Carbone (bonus / malus écologiques) sont résolument les pistes à creuser pour demain.

 
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