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Nucléaire : la France en blackout cet hiver ?


vendredi 28 octobre 2011

L'augmentation de la consommation d'électricité conjuguée à l'impossibilité de compter cette année sur les importations allemandes pourrait entraîner d’importantes pannes sur le réseau français


Un article de Guillaume Duhamel de Zegreeweb

Les quatre cinquièmes de notre production d'électricité ont beau provenir de l'atome, nous pourrions connaître d'importantes pannes sur le réseau cet hiver, à plus forte raison si celui-ci devait être rigoureux.


La menace de blackout est, on l'a vu, encore plus sérieuse de l'autre côté du Rhin, huit des réacteurs nucléaires allemands étant actuellement à l'arrêt. Avec l'abandon programmé du nucléaire en terre teutonne, les importations d'électricité en provenance de France, le pays d'Europe dont les besoins énergétiques sont les plus importants en hiver, augmenteront au fil des années. Il s'agira entretemps de résoudre une équation particulièrement complexe, entre « des pointes de consommation qui augmentent d'année en année », souligne le cabinet de conseil Capgemini (NDLR : selon lequel, d'une façon générale, « le manque d'investissements et certaines décisions concernant l'énergie nucléaire devraient conduire à une diminution de la sécurité d'approvisionnement énergétique en Europe »), et deux pays frontaliers aux vues énergétiques très différentes, pour ne pas dire fondamentalement opposées.

Le temps des échanges de bons procédés est désormais révolu : il sera impossible à partir de cet hiver de compter sur les importations allemandes. Or en France, à chaque fois que la température diminue d'un degré celsius, la consommation d'électricité augmente d'environ deux mille trois cents mégawatts (MW), soit grosso modo l'équivalent de la capacité de production de deux réacteurs nucléaires.


Une menace qui persistera

« Les hivers froids, comme ça a été le cas l'hiver dernier, on a importé jusqu'à huit mille MW, essentiellement d'Allemagne », ajoute Colette Lewiner, directrice internationale du secteur de l'énergie de Capgemini, pour qui le risque de panne « va dépendre du froid, du fonctionnement des réacteurs nucléaires en France, lequel s'est beaucoup amélioré, et de la disponibilité des moyens de production ailleurs ». Les centrales à charbon devraient notamment être davantage mises à contribution outre-Rhin ce qui, revers de la médaille, entraînera inévitablement une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Reste à savoir dans quelles proportions...

Il existe donc « une menace sur la continuité de la fourniture électrique française pendant l'hiver 2011-2012 et les hivers suivants », résume le cabinet de conseil - qui rappelle également qu'« en 2010, l'augmentation a été de 9,5 % en Allemagne et de 4,7 % en France » -, alors même que l'Hexagone peut exporter une partie de sa production « en raison d'une bonne performance de ses centrales » le reste de l'année. Les regards seront en particulier tournés vers la Bretagne et la Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA), les deux régions françaises les plus difficiles à alimenter d'après Capgemini et qui risqueraient fort de manquer de courant dans les semaines à venir.

L'hypothèse d'un « effet domino », c'est-à-dire d'un blackout national qui serait une première en France depuis 1978 (NDLR : la dernière grande panne, elle, est survenue fin 2006) et dont chacun pourrait tirer des leçons, serait elle aussi crédible. À moins que chacun y mette du sien et agisse en amont en réduisant au maximum sa consommation électrique, en attendant la mise en place d'une politique d'économies d'énergie plus ambitieuse.

Au nom de l'intérêt général, le gouvernement français pourrait d'ici là, à l'instar de son homologue japonais cet été, faire appel à notre civisme. Il ne saurait toutefois faire l'économie d'une réflexion de fond.

Crédits photos : Yohann Legrand
7 commentaire(s)
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Commentaire par Hervé
samedi 29 octobre 2011 00:24
Le risque de blackout a toujours existé, en cas d'un hiver très rigoureux (genre 1956) les réseaux ne tiendraient pas, même avec les 8 centrales allemandes en marche.

Toutefois, avec les progrès fait sur les systèmes contrôle commande du réseau, le blackout ne concernera réellement que certains secteurs, le reste du pays subira des coupures cycliques.

Mais les marges de sécurités ont été réduites ces 15 dernières années. EDF ont vendu du tout électrique sans aligner des moyens de production ou d'effacement (Les contrats de type EJP / TEMPO auraient du être mis en avant pour les utilisateurs de chauffage électrique. Au lieu de cela ils ont été supprimés ou cachés.) Ils ont certainement misé sur le foisonnement international. On voit ici la limite de la politique européenne de l'énergie. Une décision politique "à la va vite" outre Rhin se répercute sur les pays limitrophes. Si on veut faire l'Europe de l'énergie, à quand les décisions concertées?
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Commentaire par patrig k
dimanche 30 octobre 2011 15:40
En Bretagne, ppffii, fallait s y attendre .!

.C'est d'ailleurs ce qui explique et que c'est pour cette raison péninsulaire que toutes les autorités ont délivrées, durant ces dix dernières années des permis de construire pour des bâtisses comportant des installations de chauffage électrique , ce pour plus de 75% des constructions en neuf. un report de charges investissement/fonctionnement , ce modèle étant deux fois plus couteux que le chauffage au gaz direct et chaudière a condensation pour des mesures faites pendant l'exploitation et toutes saisons confondues, les ménages n'y sont pas gagnants à cette occasion, un différé couteux et juteux pour les énergéticiens.

Des politiques de gaspillage et pour faire de la région Ouest , soit la région équipée de + 35% de chauffage électrique sur l'ensemble du parc immobilier ! Quand il est de 32% en France ... de huile pour attisé le feu ... !
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Commentaire par sirius
lundi 31 octobre 2011 23:23
Il est significatif de voir les promoteurs éoliens annoncer "ces machines fourniront l'électricité nécessaire à X ménages,(qui connaît l'unité "le ménage et ses sous multiples ,le deci ménage peut-être,) en oubliant de dire "hors chauffage". C'est tromper sur l'incapacité des éoliennes à assumer les grands froids , lors d'un anti-cyclone hivernal par exemple.
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Commentaire par carlino
mardi 01 novembre 2011 22:56
Ha oui ça c'est certain ...on pourra pas compter sur les éoliennes ...car quand il fait trés froid en hivers c'est bien en période anti cyclonique .donc sans vents ou presque ....et si plus rarement nous avions du grand froid en période de dépression ...alors il faudra arrêter les machines car les éoliennes n'aiment pas la neige et la glace !!!
résultat des courses !!!! au jour d'aujourd'hui et surtout avec ces mauvais choix d'ENR .. c'est le retour au charbon assuré !
En fait sous un mentaux vert c'est bien une vague anti nucléaire auquel nous assistons ! ....arrêt des chauffages électriques et des usines et retour au charbon , gaz de schiste et compagnie !!! bonjour les émissions de co2 !
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Commentaire par Hervé
mercredi 02 novembre 2011 19:39
@ Patrig K

Vous dites: "ce modèle étant deux fois plus couteux que le chauffage au gaz direct et chaudière a condensation pour des mesures faites pendant l'exploitation et toutes saisons confondues, les ménages n'y sont pas gagnants à cette occasion, un différé couteux et juteux pour les énergéticiens."

Avez vous des sources pour affirmer cela? C'est étrange, moi j'ai des données inverses, à savoir: Sur une maison trés bien isolée, le chauffage électrique est ce qu'il y a de plus économique, amortissement & entretien inclus. C'est peut être pour cette raison qu'il a un tel succés, y compris auprés des propriétaires...
D'autre part, les mesures ont plutôt tendence à confirmer ce fait.
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Commentaire par patrig k
dimanche 13 novembre 2011 23:25
C'est peut être pour cette raison qu'il a un tel succés//

car l'investissement de départ est moindre, le court terme sieur Hervé ,

mes sources sont celles d'Alternatives économiques , et votre considération ne tient pas compte de l'infrastructure existante payée par les impôts dont une partie abonde la dette !
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Commentaire par Hervé
samedi 19 novembre 2011 11:58
Oh, pas que le court terme, en tenant compte des investissements et des frais d'entretien, sur une maison trés isolée, le convecteur se défend, même sur le long terme!

En ce qui concerne "l'infrastructure payée par les impôts", je vous rappelle qu'EDF a des comptes équilibrés, a financé son programme des années 70 par emprunt, remboursé par la vente de courant.
Reste le CEA et autres organismes publics effectivement à la charge de l'état, mais qui n'oeuvrent pas seulement au service de l'atome civil d'une part, ne représente pas des sommes énormes au regard de l'enjeu d'autre part (et dont l'utilité est même contestée sur: Lien l'expansion)
D'autre part, le CERN, l'Ademe,... sont dans le même cas.
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