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La France est-elle « condamnée » au nucléaire ?


jeudi 14 février 2013

Greenpeace a publié un scénario de sortie du nucléaire tandis que l'IRSN évalue le coût d'un accident nucléaire : deux documents intéressants pour le grand débat national.



par Guillaume Duhamel, Zegreenweb
 
La France est-elle « condamnée » au nucléaire ?

 
Alors que le grand débat national sur la transition énergétique a débuté il y a maintenant plusieurs semaines (fin novembre, avec du retard sur le calendrier initial et en l'absence de plusieurs associations de protection de l'environnement de renom), Delphine Batho a tenu à rappeler que « l'engagement de François Hollande est de réduire la part du nucléaire dans un équilibre entre 50 % d'énergies renouvelables et 50 % de nucléaire » (à l'horizon 2025). « Nous continuerons d'avoir besoin d'une part de nucléaire pour des raisons de sécurité d'approvisionnement et de coût de l'énergie », a-t-elle ajouté.
 
Ainsi l'atome civil est-il incontournable aux yeux du gouvernement, quand bien même il est possible de réduire significativement sa contribution à la production nationale d'électricité, ce qui passe par le déploiement de structures de remplacement et des fermetures qui se chiffrent en milliards d'euros. À cet égard, la mise hors service de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), doyenne du parc national épinglée par les écologistes depuis de longues années et plus encore depuis le drame de Fukushima (Japon), pourrait servir de modèle à suivre pour les pouvoirs publics.

Hostile à l'énergie nucléaire depuis sa création, l'ONG Greenpeace a de son côté élaboré un scénario de transition énergétique qui tranche nettement avec la vision étatique. D'après ses auteurs, la France serait ainsi en mesure, moyennent des investissements considérables dans les technologies propres, de réduire ses rejets de gaz à effet de serre de 95 % d'ici 2050 sans recourir à l'atome.

Un accident nucléaire type Fukushima coûterait 20 % du PIB annuel français, estime l'IRSN


Pour y parvenir, Greenpeace préconise entre autres de « développer l'éolien assez rapidement afin de capter une partie des quatre cents gigawatts (GW) de potentiel en Europe », détaille Cyrille Cormier, chargé de campagne énergie-climat. L'association parie « sur une baisse ou une stabilisation de la consommation d'électricité par des économies dans les secteurs résidentiel et tertiaire ». La rénovation énergétique de 6 millions de logements à l'horizon 2020 pourrait en particulier se traduire par une baisse de 20 % de la consommation si on les amène à une moyenne de quatre-vingt kilowattheures (KWh) par mètre carré et par an.

L'ONG estime enfin - surtout - que la France pourrait sortir du nucléaire en 2031, sous réserve de consacrer quelque 286 milliards € à l'énergie durable et à la sobriété énergétique. Un investissement faramineux, mais moins que le maintien du parc atomique, qui d'après Greenpeace reviendrait 86 milliards € plus cher (jusqu'en 2035).

Moins aussi que le coût d'un accident nucléaire d'une gravité analogue à celui de Fukushima si l'on en croit l'estimation de l'IRSN. Toutes dépenses confondues, un désastre atomique dans nos frontières nécessiterait le déblocage de 430 milliards €, c'est-à-dire « plus de 20% du PIB annuel français ou plus de dix ans de croissance économique ». Et l'IRSN d'ajouter : « Faute de référence comparable, cela peut être comparé au coût d'une guerre régionale. »

Dans le détail, les experts ont évalué à 8 milliards € le montant des dommages sur le site. Le coût pour l'image de la France, lui, atteindrait la coquette somme de 160 milliards € (essentiellement des pertes de recettes touristiques) auxquels il faut ajouter « le coût radiologique en dehors du site (53 milliards €), la contamination des territoires (110 milliards €) et les coûts associés au chamboulement de l'outil de production électrique français », énumèrent nos confrères du site Internet Actu-environnement.com.

De quoi inciter tous les acteurs concernés à faire montre d'une rigueur sécuritaire sans faille !




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5 commentaire(s)
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Commentaire par un physicien
jeudi 14 février 2013 20:52
"... capter une partie des quatre cents gigawatts (GW) de potentiel en Europe ..." Curieuse formulation. Qui évite de mentionner l'évidence que cette partie serait au plus de 50 GW pouvant délivrer 100TWh/an soit 20% de notre consommation électrique. En supposant bien sûr qu'on puisse avoir un réseau capable d'encaisser l'intermittence. Et les 20% passent à 10-15% si on utilise un moyen de stockage.
[2]
Commentaire par carlino
samedi 16 février 2013 09:21
La nucléaire est la technologie la plus écologique ..le probléme c'est qu'il faut pas que ça pette et le risque zéro n'existe pas ! moi je dirais plutôt La France est elle condamnée aux éoliennes industrielles qui nous massacrent notre environnement et paysages pour des résultats qui restent faibles et écologiquement pervers ! N'y a t"il pas d'autres solutions plus intelligentes comme l'hydrolien ...les éoliennes flottantes plus au large , la géothermie pour tous ?
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Commentaire par patrig k
lundi 18 février 2013 11:59
des raisons de sécurité d'approvisionnement et de coût de l'énergie Mali et Niger pour la sécurité Ua à bas cout, et le MW/h à 100 ? pour le cout ! 430 milliards ?, c'est-à-dire « plus de 20% du PIB annuel français , qui ne sont assurés par personne !
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Commentaire par Pol750
mardi 19 février 2013 10:28
Des intérêts particuliers, à court terme, président aujourd'hui aux destinées de la France. C'est le cas pour l'énergie et cette technologie du siècle passé qu'est le nucléaire, la plus sale de toutes. Il est évident que l'avenir est à l'énergie solaire et que la France sera loin derrière en ce domaine.
[5]
Commentaire par Atom'Cratie
vendredi 07 juin 2013 18:23
Le seul mérite de débattre sur le cout de l'assurance nucléaire c'est de faire prendre conscience aux contribuables de l'énormité de l'escroquerie économique engendrée par le nucléaire. En réalité ni l'Etat, ni EDF ne provisionneront une somme réaliste (disons 500 milliards) pour faire face à une catastrophe nucléaire tout simplement par ce que cela ruinerait instantanément le business du nucléaire et ridiculiserait notre prétentieuse Technocratie. Nos dirigeants préfèrent garder leurs privilèges et ont opté pour l'option de ne rien provisionner et d'attendre une catastrophe en priant pour qu'elle arrive le plus tard possible. Finalement le brave pigeon-consommateur-obligé, s'il n'est pas mort dans l'explosion nucléaire, n'aura qu'a régler la facture.
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