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 - Professeur honoraire au CNAM

Auteur
Professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers, Jacques Foos a tenu la chaire de "rayonnements, isotopes et applications", de 1983 à 2008, formant ainsi plusieurs centaines d'ingénieurs...

Nucléaire et régionalisation : l'avenir difficile des territoires


mardi 17 février 2015

Le système électrique français fondé sur le nucléaire a une vertu : une très forte solidarité entre régions productrices et sous productrices. Un socle qui risque de voler en éclat avec le recul du nucléaire.


Comme chaque année, le dernier rapport de RTE illustre une caractéristique fondamentale du réseau électrique français : la solidarité entre les régions.

« Cinq régions (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Île-de-France, Bourgogne et Franche-Comté) affichent une consommation cinq fois supérieure à leur production alors que 5 autres produisent deux fois plus que leur consommation (Centre, Champagne-Ardenne, Haute-Normandie, Rhône-Alpes et Lorraine). À elles seules, ces 5 régions possèdent 70% du parc nucléaire français. », souligne le rapport.

       Il est intéressant de s'interroger sur la façon dont cette solidarité se traduira quand notre pays aura connu deux grandes réformes annoncées :
      - le regroupement des 21 régions métropolitaines actuelles (hors Corse) pour aller vers les 12 super-régions ;
      - le passage de la part du nucléaire dans le mix électrique de 80 à 50 %.
     
La performance des nouvelles régions

Le tableau ci-après résume les productions et consommations régionales de 2012. Les régions sur-productrices par rapport à leur consommation figurent en vert ; les régions sous-productrices en rouge. Une colonne est intéressante : de combien d'heures les habitants des régions sous-productrices pourraient-ils disposer d'électricité par jour s'ils devaient se contenter de leur unique production ?       














































Est-ce que l'instauration de nouvelles régions va changer les choses ? Peu, comme on le voit. Cinq régions restent sur-productrices et autant demeurent nettement sous-productrices. Seuls le Limousin et l'Auvergne profiteraient, en cas d'autonomie régionale, de leurs nouveaux « associés ». Deux autres y gagneraient aussi - Languedoc-Roussillon et Picardie - mais leurs « associés » y perdraient.
      
Le casse-tête des territoires sous-producteurs

La diminution d'ici 10 ans de la part du nucléaire dans le mix électrique signifierait que la production d'électricité d'origine nucléaire passerait de 415 TWh produits à 230. Les régions surproductrices seront conduites à baisser leur production puisque c'est chez elles que se trouvent les centrales nucléaires (il n'y a pas d'exception ). Elles fermeraient des tranches nucléaires à un niveau tel que leur production égalerait approximativement leur consommation. 

Mais dans ce cas, il n'y a plus de solidarité possible avec les régions sous-productrices. Ce sont donc celles-ci qui devront compenser la perte en installant des capacités de production nouvelles sur leurs territoires.

A priori, pas de centrales à combustibles fossiles pour cause de pollution, pas d'hydraulique puisqu'on ne peut même plus envisager, dans notre pays, de créer une retenue d'eau sur quelques dizaines d'hectares (voir l'exemple de Sivens). Il ne reste donc que les énergies renouvelables : éolien et photovoltaïque (la biomasse étant déjà bien exploitée). À quel coût ? Sur quelle surface ? Pour obtenir 10 TWh, il faut :
      
       - débourser 24 milliards d'euros et une surface de 195 km2 pour le photovoltaïque,
       - débourser 12 milliards d'euros et une surface de 52 km2 pour l'éolien on-shore («sur terre»),
       - débourser 17 milliards d'euros et une surface de 410 km2 pour l'éolien off-shore («en mer»)
       et enfin installer l'équivalent en ? gaz et charbon ne fonctionnant que pour pallier l'intermittence et la non-fiabilité de ces sources (ce qui s'ajoute au coût ci-dessus) !
      
       A vous de faire, à partir du tableau, des règles de trois pour voir le coût en finances et en surfaces qui pèsera sur ces malheureuses régions sous-productrices... !








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8 commentaire(s)
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Commentaire par Monnier
mardi 17 février 2015 14:54
Aucun problème de surface pour l'éolien et le solaire, ce qui est bien différent des agrocarburants. // En France, on dispose de 360.000 hectares de parkings pouvant être équipés d'ombrières solaires sur la moitié de leur surface, ce qui donnerait une puissance de 135 GWc produisant 150 TWh par an d'électricité avec une répartition uniforme sur le territoire. // On dispose aussi de 870.000 hectares de toitures. Si 20% était équipées en photovoltaïque, cela ferait une puissance de 260 GWc produisant 280 TWh/an. // Cela nous ferait déjà 410 TWh d'électricité solaire par an, autant que tout le nucléaire aujourd'hui. Et c'est sans compter avec les 500.000 hectares de friches, les 70.000 hectares de terrains vagues et les 960.000 hectares de jachères agricoles. Le terrain ne manque pas. // http://energeia.voila.net/renouv/eolien_solaire_surface.htm // L'éolien ne consomme aucune surface, il suffit de voir les vaches paître au milieu des éoliennes (cela ne fait pas tourner le lait) et les poissons se multiplier dans les parcs éoliens en mer, pour le plus grand bénéfice des pêcheurs du voisinage. // A terre, un groupe de cinq éoliennes tous les 32 km, le long des routes départementales et des chemins de campagne, répartis sur 30% seulement du réseau national, permettrait d'installer 150 GW d'éolien et de produire 300 TWh par an. //
[2]
Commentaire par Hervé
mardi 17 février 2015 18:16
Mounnier, vous ferez quoi de vos 260Gwc de solaire a midi en été quand la conso doit tourner aux environs de 50GW (il y aura plus de 4fois trop). Même si ce pic était en hiver à 19h, on aurait encore 2 à 3 fois trop de jus.
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Commentaire par Hervé
mardi 17 février 2015 18:18
Depuis quand la production d'élec est régionale? N'importe quoi cet article. Vous pouvez aussi appliquer votre raisonnement à la production de melon, vous allez voir la région parisienne est en large déficit...
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Commentaire par Monnier
mardi 17 février 2015 20:39
Pas besoin de gaz et de charbon. Les énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire, biomasse) sont complémentaires entre elles. // Le stockage des STEP actuelles sera utilisé pour la régulation des énergies renouvelables au lieu de l'être pour absorber les excédents nocturnes du nucléaire. // En complément, le stockage sur batteries, en cycles quotidiens au niveau résidentiel et des boucles locales de distribution, sera devenu économique dans moins d'une décennie. // Tout cela à un coût inférieur à ce que serait le remplacement des réacteurs nucléaires actuels par des EPR. // Pour donner une idée, le tarif d'achat de l'électricité photovoltaïque d'une installation moyenne de 40 kWc à 500 kWc en Allemagne est déjà inférieur (109 ?/MWh) à ce que sera le coût de l'électricité EPR (sans doute 120 ?/MWh) lors de sa mise en service commercial en 2018. // Cela dit, cet article du pronucléaire de service est bien n'importe quoi. Un secteur qui ne manque pourtant pas de publicité ces temps-ci.
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Commentaire par patrig k
mercredi 18 février 2015 09:13
L'argumentaire séparatiste énergétique De la transition à la péréquation énergétique variable selon Madame. La Bretagne encombrée de cochons, mais déficiente d?électricité, et pourtant surchargée de missiles atomiques, à tel point que les « pitaines » de la Royale s?amusent à les faire exploser en baie de Douarnenez. Extrait [« La part locale de la production d?électricité dans la consommation de la Bretagne est très faible (environ12 % en 2013). Pour son alimentation en électricité, la Bretagne est donc tributaire de sites de production éloignés. ...//...»] Lu sur le Bon coin : Nominoé en panne d?électricité vend missiles nucléaires contre une bougie ou deux pour se prémunir du black out en cas d?invasion de russes dans la Baie de Seine **! Au passage, l?Ile de France n?est guère plus indépendante à ce sujet, et pourtant, dieu sait que Paris regorge de lumières, certes, il est vrai pas toujours très éclairantes, mais pourvu que ça brille! ** http://www.liberation.fr/politiques/2015/02/08/quand-des-avions-russes-s-approchent-trop-pres-de-la-france_1198176
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Commentaire par Patrig k
mercredi 18 février 2015 09:26
l?argument sur le prétendu déficit de production d?électricité de la Bretagne (ou autre), qui n?a d?ailleurs rien de différent de celui de l?Ile de France, et si l?on se limite à écouter les sirènes mal intentionnées à user de simplisme en découpe départementale ou régionale bancale ! Comme si Napoléon avait eu la grosse tète, d?imaginer un futur nucléaire aussi bête, comme si Pétain était à ce point là crétin, de vouloir sectionner les lignes THT, par encore sur pieds. On peu être antisémite sans être systématiquement et forcément crétin, mais c?est aussi souvent le cas ! Et pourtant, de Jean Yves Le Drian, en passant par Ramard, de Jo Le Mer, ce vendeur d?échangeurs pour chaudières à condensation ! Même les chevaliers d?honneur s?y mettent, parfois à la double casquette d?Officiers et de Préfet de Région qui déclarait que « La Bretagne, qui ne compte aucune centrale nucléaire, n?assure que 11 % de son approvisionnement électrique, a indiqué le préfet de région, Michel Cadot. » relevait Ouest France, un amical journal investiseur en gaz à tous les étages ! Jean, pas Rostand, ce scientifique nommé Jouzel, le climatologue sympathique, qui à réussir à réduire en deux coups les gros, cette production annoncé par le cador Cadot à 11 %.
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Commentaire par Patrig k
mercredi 18 février 2015 09:44
[ débourser 12 milliards d'euros et une surface de 52 km2 pour l'éolien on-shore («sur terre»), ? ] rente ou faillite du système énergétique nucléaire français, cout du démantèlement des réacteurs non provisionné ou si peu, EPR normand et finlandais pas loin de 12 Md? de perte, scandale UraMin 2.5 Md? de disparus, Iter un tube à essai à 15 Md?, ASTRID le retour du phénix pour un cout annoncé de 5 Md?, BURE et un stockage absurde des déchets éternels, dangereux et couteux, gestion hasardeuse des anciennes mines d'uranium, corruption post coloniale au Niger, ... A ce propos ! Vous avez oublié le 101éme département néocolonial français, le Niger, qui alimente à bas couts les réacteurs nucléaires si mal départementalisés selon vous, pire c?est une centrale au charbon qui fournit la sauce pour Arlit , ce qui au prix de la pelure de cacahouètes, ce « yellow cake » n?apporte guère à ce pays, que pollution des ressources primordiales, l?eau fossile du Sahara, et une guerre civile à venir agencée par boko haram et sa violence qui pénètre le sud du pays par la cause principale d?un état faillible, dont à la gouvernance siège un ancien cadre d?Areva, formé dans les universités de France, de Paris aux mines de Montpellier durant les années 75/80, lui qui n?a pas démontré de sa capacité à refuser la main mise de l?Areva, qui refusait de payer les taxes sur le carburant, et ne respecte pas le code minier de ce pays !
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Commentaire par Hervé
jeudi 19 février 2015 13:07
@ Monnier. Sans vouloir briser vos rêves, pour rappel, nous disposons actuellement comme STEP 5GW en puissance et quelques dizaines de minutes de conso du pays en stockage. Ça va être tés juste pour stocker un pic de puissance de 500GW dont une partie significative en intersaisonnier. Il faudra noyer des centaines de vallées, décupler les lignes de transport? .Sans parler du coût exorbitant de l?ensemble, et aussi quand on voit le la difficulté de construire un barrage miniature (sivens) qui ne gène personne, devoir chasser de chez eux des centaines de milliers de personnes risque d?être compliqué. J?ai donc quelques doutes sur le réalisme de votre solution?
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