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Rio 20, c'est très mal parti


mercredi 20 juin 2012

Malgré l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre, l'aggravation du réchauffement climatique et l'érosion continue de la biodiversité, les participants au sommet Rio 20 n'arrivent pas à accorder leurs violons.


Un article de Guillaume Duhamel, Zegreenweb 

  Rio+20, c'est très mal parti
C'est une triste constante depuis l'échec du sommet de Copenhague : les négociations ayant trait à l'environnement sont un sac de noeuds pour la communauté internationale.
 
Tous les participants à la conférence Rio+20 (Brésil) connaissent l'urgence de la situation. L'aggravation du réchauffement climatique, l'augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre (GES), l'érosion perpétuelle d'une biodiversité qui, d'après le rapport 2012 du WWF sur l'état du monde cité par nos confrères des Échos, a accusé une baisse spectaculaire de 28 % au cours de la période 1970-2008, l'incapacité à contenir la déforestation (NDLR : treize millions d'hectares de surfaces forestières disparaissent chaque année), la surconsommation énergétique qui amène la planète à épuiser son capital de ressources naturelles de plus en plus tôt chaque année...

Des maux avérés que les pays développés dans leur ensemble ne se donnent pas les moyens de combattre efficacement, à l'exception notable d'une Union  Européenne (UE) qui, confrontée comme tout le monde à la puissance des lobbies récalcitrants, n'a toutefois pas revu ses objectifs de réduction des rejets de GES à la hausse.

Ouvertement souhaitée par le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et plus récemment par la présidente du FMI (Fonds monétaire international) Christine Lagarde, la transition vers l'économie verte ne semble pas pour demain, indépendamment de la progression des énergies renouvelables dans nombre de bouquets énergétiques nationaux, tout comme la création d'une Organisation mondiale de l'environnement qu'ils sont pourtant nombreux à appeler de leurs voeux (la nouvelle ministre de l'Écologie Nicole Bricq et le coordonnateur de la Conférence des Nations Unies sur le Développement durable Brice Lalonde pour ne citer qu'eux). Quant aux refus de David Cameron, Angela Merkel et Barack Obama de faire le déplacement dans la métropole carioca, ils constituent un bien mauvais signal.

Copenhague a été le Waterloo du réchauffement climatique, Cancun un pétard mouillé, Durban un catalogue de bonnes intentions. À quelques heures de l'arrivée des chefs d'États, avec quelques absents de marque donc, le sommet Rio+20, lui, ne changera assurément pas la face du monde, alors même qu'il s'agit désormais de « définir des objectifs pour 2030 tournés vers l'humanité tout entière », résume M. Lalonde, interrogé par le quotidien économique.

L'enjeu est donc de taille, mais les pommes de discorde sont a priori trop nombreuses et les divergences trop importantes pour éviter une nouvelle désillusion. Pays-hôte, le Brésil lui-même n'a préalablement pas pris soin de balayer devant sa porte. Soutenant la production d'agrocarburants au détriment de la forêt amazonienne (au même titre que son prédécesseur et « père politique » Luiz Inacio Lula da Silva), exonérant les petits propriétaires forestiers de leur devoir écologique - le retoquage présidentiel de la loi votée par les parlementaires n'a globalement concerné que des points de détail -, sa présidente Dilma Rousseff a de surcroît ordonné le lancement de la construction du très controversé barrage de Belo Monte, ouvrage pharaonique ayant vocation à répondre à la hausse de la demande énergétique, mais dont l'érection suppose l'assèchement de près de deux cents kilomètres de rivière dans la région de la Volta grande do Xingu et le déplacement de tribus amérindiennes. Sans parler de la découverte récente d'importants gisements pétroliers offshore qui a détourné le pays des énergies renouvelables...

Marquée notamment par une aggravation du réchauffement climatique, une crise des espèces historique et la surconsommation énergétique, la crise environnementale devrait amener des réponses fortes, mais sur lesquelles la communauté internationale n'arrive désespérément pas à s'entendre
 
« Prendre le développement durable au sérieux »
 
Entre colère légitime des ONG (dont certaines sont en outre hostiles à la notion d'« économie verte », jugeant inconcevable d'attribuer des valeurs financières à la nature) et manque d'enthousiasme des participants, l'atmosphère est pesante à Rio de Janeiro, rapportent nos confrères du Figaro, où la délégation auriverde « a été, de l'avis de la majorité, incapable jusqu'ici de prendre le rôle de leader que beaucoup attendaient de lui ». Partant de là, tout porte à croire que, comme dans la capitale danoise, les chefs d'États vont devoir aller au charbon et négocier eux-mêmes.

Le projet de déclaration finale des délégués brésiliens a en tout cas été « sévèrement contesté par la délégation européenne, qui critique un document dépourvu d'" ambition", avec "une régression du multilatéralisme" », relate le quotidien, selon lequel, « aux yeux de beaucoup, le Brésil ne cherche que le plus petit dénominateur commun ». « C'est médiocre et lamentable. Le Brésil est la sixième puissance mondiale et c'est une démocratie. Cela lui donne des responsabilités, mais il se révèle incapable de la moindre vision », déplore Muriel Saragoussi, coordinatrice au Brésil des campagnes de l'ONG Oxfam citée par Le Figaro.

Le directeur général du WWF Jim Leape n'est pas moins amer. « Après une session très tardive de négociations, le texte révisé s'annonce comme un échec majeur en termes de leadership et de vision de la part des diplomates. Nos dirigeants devraient être embarrassés devant leur inaptitude à trouver un terrain d'entente sur un enjeu aussi crucial », a-t-il estimé dans un communiqué, enjoignant ces derniers à « prendre le développement durable au sérieux et surtout à sauver ce processus de négociations ». « S'ils approuvent ce qui est actuellement sur la table sans y apporter de changements significatifs, ils condamnent la conférence Rio+20 au ridicule », a-t-il par ailleurs estimé, regrettant que « les diplomates pratiquent maintenant la langue de bois et utilisent des formules alambiquées ».
« Le texte comporte de nombreuses formules creuses qui n'engagent en rien les différentes parties, telles que "engagés à promouvoir" ou encore "engagés à prendre systématiquement en considération" », résume M. Leape, qui fait cependant état de « quelques points positifs sur la protection des océans ». Tout juste assez pour empêcher un très probable zéro pointé.
 
   Crédits photos : Wikimedia Commons - Johntarantino1 / flickr - Houbazur
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6 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé001
mercredi 20 juin 2012 16:16
Le problème de l'énergie n'est pas seulement écologique;il est aussi technique(épuisement des ressources),commercial(prix de l'énergie) et aussi économique(relation cout du travail/prix de l'énergie).C'est surtout cet aspect économique qui demande une véritable réflexion de la part des économistes;les écologistes ne sont pas capables de raisonner s'ils ne sont pas économistes.Le raisonnement aboutit nécessairement vers une contribution de l'énergie pour réduire les charges sociales dites contributives.
[2]
Commentaire par Gépé001
mercredi 20 juin 2012 16:24
Cet aspect économique de l'énergie est développé par J-M Jancovici(fondation Nicolas Hulot)et par Guillaume Sainteny(plaidoyer pour l'écofiscalité).Qui peut les réunir?
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Commentaire par Gépé001
mercredi 20 juin 2012 16:35
Je complète mes commentaires en précisant que seul Monsieur Marcel Boiteux serait en mesure de comprendre cet aspect économique car il a donner un avis sur le cout du carbone et sur la notion de rente nucléaire.Monsieur Michel Roccard a sans doute un avis à donner.Réunissons à nouveau une commission pour traiter de ce problème.
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Commentaire par irisyak
jeudi 21 juin 2012 16:51
Il faut tout simplement demander à tous les pays d'augmenter de 3% par an la production d'énergie par des énergies nouvelles. La Suède est proche des 50% aujourd'hui et il fait bon vivre en Suède. Les énergies nouvelles ne sont pas une punition bien au contraire. De plus les pays jeunes ont tout à y gagner car ils se développeront directement du bon côté .. Il n'y a dans ce cas aucune dette des riches vers les pauvres. En plus on ouvre un grand marché ce que les industriels et les économistes savent gérer. http://greengrowing.over-blog.com
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Commentaire par Hervé
lundi 25 juin 2012 13:43
@irisyak La Suède tire l'essentiel de son ENR de l'hydraulique (la reine des ENR). Vous pourriez aussi citer la Norvège qui fait 98% de son électricité par ce biais. Mais tous les pays n'ont pas la chance d'avoir beaucoup de lacs, et cours d'eau parcourant des montagnes en rapport avec leur population. (Tout en sachant que l'hydraulique de lac permet l'utilisation d'ENR intermittentes tels le solaire, éolien) Ainsi il sera assez facile à la Suède d'ajouter des éoliennes. Pour être plus crédible, il vous faut nous citer des pays qui font la majorité de leur électricité par du solaire et de l'éolien, méthanisation? avec très peu d?hydraulique, ce qui correspond à une bonne partie de la planète (dont la France.)...
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Commentaire par loph
mardi 26 juin 2012 13:02
Je vois qu'on s'achemine doucement vers une prise en compte de tous les aspects de la problématique générée par nos développements. Mais cela apparait à certains déjà trop tard. Effectivement, la somme des faits supportables par l'environnement a, parait-il, déjà été dépassée. En outre, comme je l'ai lu plus bas, le fait que M. OBAMA, Mme MERKEL ou M. CAMERON ne se soient pas déplacés laisse entrevoir la désaffection d'une partie des élites à ce sujet. À mes yeux, cela se traduira par des coups naturels majeurs sur l'organisation que nous avons développée à la surface des terres émergées autant que dans le monde marin... Si chacun individuellement n'en percevra pas toute la portée, il n'en reste pas moins que notre système en sera lui affecté. Je ne m'attends pas à d'autres choses que les résultats de la simple mécanique vitale : existence contrebalancée par l'extinction
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