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Stéphane Meunier, 37 ans, est Directeur Associé en charge du Pôle Energie & Utilities de Sia Conseil. Il travaille depuis 10 ans pour des énergéticiens français et européens sur leurs projets de transformation...

Biocarburants de 2eme génération : mieux mais chers


mercredi 17 juin 2009

C'est une affaire de génération. La deuxième génération de biocarburants ne sera pas en concurrence avec l'alimentation. Et bientôt, on passera aux algues


Voir l'article intégral, avec graphiques et notes, sur le blog Energies et environnement de SIA-Conseil

 Depuis 2003, les directives européennes ont généré une ruée vers le carburant vert. Un engouement confirmé et encouragé par l’UE qui, en 2007, a fixé l’objectif de porter à 10% la part des biocarburants d’ici 2020 dans le cadre de la nouvelle politique énergétique européenne. Les biocarburants de 1ère génération semblaient alors incarner une piste sérieuse pour remplacer ou en tout cas prolonger la durée de vie de l’or noir.

Pourtant, leurs bienfaits ont récemment été remis en cause. Le développement des biocarburants pose la question du changement d’affectation du sol. Quelle attitude adopter vis-à-vis d’une forêt remplacée par un champ dédié aux biocarburants ou d’une culture alimentaire substituée par une culture énergétique ? Au Brésil, la déforestation des forêts tropicales, où le rendement de production des sols est plus intéressant, provoque d’importantes émissions de gaz à effet de serre. De plus, l’utilisation de pesticides et la monoculture agricole réduisent la diversité des plantes, appauvrissent la biodiversité et facilitent l’érosion des sols. Notons également que certaines plantes cultivées pour les biocarburants sont très consommatrices d’eau, autre denrée qui se raréfie. Selon une étude américaine parue dans la revue « Environnemental Science and Technology », il faut entre 5 et 2 138 litres d’eau pour produire 1 litre de bioéthanol selon les pratiques d’irrigation et le choix de la plante.

Aujourd’hui, 1,5% des surfaces cultivées sur la planète sont destinées aux biocarburants. D’après l’OCDE, cette superficie pourrait au moins tripler d’ici 2030. La mobilisation de l’ensemble des terres en jachère de l’UE, soit environ 6 millions d’hectares, représente un potentiel de 7 à 14 Mt par an de biocarburants soit de 2,5 à 5% de la consommation de carburants en Europe. Cette augmentation de la demande de biocarburants, par simple conséquence de la loi de l’offre et de la demande, a eu pour effet l’augmentation des prix des denrées alimentaires, provoquant de nombreuses famines dans le monde. Selon la Banque Mondiale, les biocarburants seraient responsables de 75% de la hausse des prix des denrées alimentaires qui est une des causes de la récente crise alimentaire de 2007-2008. Cette hausse des prix a engendré un appauvrissement des populations, essentiellement des pays du sud, dont l’alimentation occupe une part importante du budget des ménages.

Les biocarburants de 1ère génération constituent donc un premier élément de réponse à la réduction d’émissions de GES mais insuffisant en raison des problèmes qu’ils posent en matière de biodiversité, d’impact sur l’environnement et d’arbitrage avec les denrées alimentaires.

Une affaire de génération…

Les biocarburants de 2ème génération sont produits à partir de la plante entière, du bois, de la paille ou encore des déchets de lignine, de cellulose ou d’hémicellulose.

L’utilisation de culture non alimentaire constitue le premier avantage de cette génération. Par exemple, le miscanthus et le « switchgrass » sont des cultures à haut rendement qui s’adaptent à des sols moins fertiles, plus secs et qui nécessitent moins d’engrais. D’après l’ADEME, les biocarburants de 2ème génération pourraient subvenir à hauteur de 25 millions de TEP (tonne équivalent pétrole) par an, soit 80% du potentiel de biomasse mobilisable en France pour l’énergie et les matières premières4 et possèdent un meilleur rendement énergétique. Ainsi, 1 hectare de surface permet de produire 4 000 litres d’hydrocarbures BtL contre 1 500 litres de biodiesel ou 2550 litres de bioéthanol.

Néanmoins, cette filière nécessite de gros investissements : le coût de production de ces biocarburants est deux fois plus important que l’essence ou le gazole. En France, le projet FUTUROL s’inscrit dans la logique d’intensifier la R&D sur 8 ans afin de développer puis valider un procédé éco-efficient de production du bioéthanol à partir de la biomasse lignocellulosique.

Enfin, les scientifiques travaillent sur les biocarburants de 3ème et 4ème générations - les algocarburants produits à partir d’algues.


Sources
- “Produire des biocarburants” et Communiqué de presse 2006, ADEME - “Agrocarburants, cartographie des enjeux”, Étude de la Fondation Nicolas Hulot - septembre 2008

- Ressources documentaires de l'OCDE

- Dossier de presse Projet Futurol et Interview de Jean-Pierre Burzynski, IFP


1 commentaire(s)
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Commentaire par Antoine Bassard
mercredi 17 juin 2009 14:46
Votre synthèse est d'une grande clarté. Ceci dit, il n'y a pas de solution parfaite et il faut accepter l'idée de "compromis". Il y a un très bon texte de Rapier sur le lien ci-dessous. Ce n'est pas parce qu'une energie renouvelable n'arrete pas toute emission ou pose un probleme nouveau, comme l'eau, qu'il faut la stopper. Il faut voir ou se situer le niveau du compromis (trade-off). Voici le papier de Rapier :
http://i-r-squared.blogspot.com/2009/06/its-always-something.html
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