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Né en décembre 1942, ingénieur physicien de formation, Bertrand Barré est ancien conseiller scientifique d'AREVA voir son blog) Entré en 1967 au Commissariat à l'Energie Atomique (CEA),...

Le double procès du nucléaire


mercredi 02 novembre 2011

Il y a les "stress tests" destinés à réévaluer la sûreté des centrales françaises, dont on aura l'évaluation à la fin de l'année. Et il y a le débat politique, à l'occasion de la présidentielle, avec des candidats sous la pression médiatique ...


Comme il fallait s'y attendre, l'accident de Fukushima  a remis le programme nucléaire français sur la sellette, ou disons,  sur deux sellettes différentes !

Il y a d'abord les « évaluations complémentaires de sûreté », ce que la Commission Européenne appelle les stress tests, que tous les exploitants d'installations nucléaires de base (INB) ont réalisées cet automne et soumises à l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) en septembre.  Par exemple, EDF a remis environ 7000 pages de rapports, que tout le monde peut consulter sur le site web de l'ASN, pour faire le point sur l'évaluation complémentaire de la résistance de ses 19 sites à l'inondation, aux séismes, à la perte des alimentations électriques, etc. ainsi que l'évaluation des mesures prises pour limiter les conséquences d'un éventuel accident grave.

Ces rapports sont en cours d'analyse par l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire,  IRSN, qui sert de support technique à l'ASN.  Ils seront débattus contradictoirement devant un "Groupe Permanent" d'experts indépendants qui  émettra un avis dont l'ASN tiendra compte pour édicter ses recommandations en fin d'année 2011.  Ces recommandations elles-mêmes seront soumises à une « revue par les pairs », en l'occurrence, les autorités de sûreté des autres Etats membres de l'Union Européenne.  Nous allons dire qu'il s'agit d'une sellette technique et réglementaire.

Au coeur de la campagne présidentielle

La seconde sellette est politique.  Même si la campagne présidentielle n'est pas encore officiellement ouverte, nous sommes en plein dedans depuis la rentrée scolaire, et Fukushima a placé le programme nucléaire français au cœur de cette campagne.  Chaque parti est contraint de prendre publiquement position : poursuivre le nucléaire ?  Réduire le nucléaire ?  Jusqu'à quel niveau ? Arrêter le nucléaire ? A quelle échéance ? Quelle durée de vie accorder aux centrales existantes ? Faut-il terminer l'EPR de Flamanville ? 

Une campagne électorale n'est pas le cadre le plus propice à une réflexion approfondie et dépassionnée, indispensable préalable à toute prise de décision sur un sujet qui engage à ce point l'avenir du pays sur des sujets essentiels : Coût et fiabilité de notre alimentation en électricité, dépendance énergétique, balance des paiements, emplois, impact ses émissions de gaz à effet de serre, solidarité européenne...
 
J'ose à peine dire que ceci se déroule sur un fond médiatique un peu biaisé : pour une mention dans les média du fait que les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Finlande, la République Tchèque, la Pologne, la Russie,  la Chine, l'Inde, la Corée du Sud, et j'en passe, ont décidé de poursuivre leur programme nucléaire, combien d'articles et d'émissions consacrées au seul arrêt allemand,  qui n'est jamais qu'un retour à leur politique de 1998 confirmée par une loi en vigueur depuis 2001 ?

Ne croyez pas que je sois un zélote du « tout nucléaire » : il y a fort longtemps que je plaide pour l'efficacité et la sobriété énergétiques et le développement des différentes sources d'énergie renouvelable dans leurs créneaux d'excellence.  Mais quand on voit ces pays qui investissent lourdement pour se doter d'un outil nucléaire que nous avons la chance d'avoir déjà, entendre vanter la sortie du nucléaire me déprime.

Mais comme je m'efforce de garder le sens de l'humour, je savoure les moments où certains exigent la sortie d'un  « tout nucléaire » très hypothétique, pour vous expliquer, deux phrases plus tard, qu'en fait, le nucléaire n'apporte qu'une contribution minime dont il serait facile de se passer...
 
3 commentaire(s)
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Commentaire par patrig k
mercredi 02 novembre 2011 17:45
Comment aurait il fait de dire du mal de ceux qui le nourrissent !

Pas besoin d'etre passionné, il suffit d'etre payé .. pour tendre au débat nul ..

Des pâirs qui jugeront ...bien voyons, et de lire que ce n'est pas propice d'en débattre lors d'une campagne ..!! présidentielle qui plus est ...Le saint sauveur devrait donc taire son idéal atomique et son droit divin d'exploser son voisin !

Mais alors quand est ce que le peuple souverain , qui est moins débile qu'il n'y parait , et moins docile d'il y a quarante ans et qui pourrait se saisir de son droit souverain , le droit de te mettre au pas et droit de se que le peuple lui dit de faire .. de vous rappeler ce qu'est démocratie .. a vous dire messieurs les savants, ce n'est plus vous qui nous commandé ..

Votre temps est passé .. comme pour la Grèce, vos courbettes à gravir ne vous servirons plus à rien ..

Stress tests ..comme pour les banques, et des attentats supprimé virtuellement à la demande de tes patrons ..>...

Nous ne sommes pas des bénets ...
[2]
Commentaire par énergie-du-21°-siecle
dimanche 20 novembre 2011 01:38
M. Barré recyclez vous !

Le nucléaire, comme toutes les autres énergies polluantes n'a plus aucun avenir.

Actuellement (NOV 2011), en Europe, le coût des énergies polluantes est en perpétuelle hausse alors que le prix des installations solaire connait une baisse des coûts extraordinaire:
- Pour les petites installations en toiture: 4000 € TTC / kW installé, produisant 1MWh/ an = 30 MWh sur 30 ans. Prix de revient = 14 cts / kWh
- Pour les grandes installations au sol: 2000 € TTC / KW installé, produisant 1MWh/ an = 30 MWh sur 30 ans. Prix de revient = 7 cts / kWh

Au rythme actuel, les coût du solaire pv seront encore divisés par 2 entre 2015 et 2020. Le solaire est donc aujourd'hui compétitif face au nucléaire (si on inclus les couts du démentellement, déchets, assurances) et il va très vite devenir moins cher que toutes les énergies polluantes et dangereuses: nucléaire, pétrole, charbon, gaz...
[3]
Commentaire par Hervé
samedi 26 novembre 2011 22:25
@énergie-du-21°-siecle
Très intéressant votre calcul sauf que vous oubliez deux "détails"
- Le solaire PV ne produit que le jour
- Le solaire PV produit principalement l'été

Et qu'il arrive qu'on ait besoin de courant le soir en hiver.

Pour un stockage journalier ça va être très dur.
Pour un stockage inter annuel, là ça va être très très très dur.

Et nous n'avons pas 400ans de lignite en réserve comme les Allemands pour résoudre ce "petit" problème...
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