Participez aux débats sur l'énergie de demain

Auteur
Né en décembre 1942, ingénieur physicien de formation, Bertrand Barré est ancien conseiller scientifique d'AREVA voir son blog) Entré en 1967 au Commissariat à l'Energie Atomique (CEA),...

Nucléaire : Chine et Russie s'équipent et exportent tous azimuts


mercredi 24 juin 2015

La Chine avec son nouveau réacteur Hualong et la Russie avec deux modèles de réacteurs de 3eme génération équipent leurs parcs nationaux et ont de nombreux projets à l'exportation. Quelle place pour la France ?


Voir le site de Bertrand Barré

Aujourd'hui, dans le panorama nucléaire mondial, c'est la Chine qui sort nettement du lot.  Si ce pays n'a encore "que" 27 réacteurs en fonctionnement, totalisant 23 GWe, il en a 24 en construction (23 GWe aussi), largement plus du tiers  de tous les réacteurs en construction dans le monde.  En ce qui concerne les projets planifiés, le site de la World Nuclear Association en crédite la Chine de 44 sur un total mondial de 148, sachant que le premier de ces chiffres est plus fiable que le second...

Après avoir acheté un peu partout (France, Canada, Russie puis Etats-Unis), les Chinois ont "sinisé" leurs importations et construisent leur propre modèle dénommé Hualong. Le Hualong 1, réacteur indigène de Génération III à eau pressurisé de 1000 MWe, est issu de la convergence des designs de CGN (ACPR1000 ex-français) et CNNC (ACP1000 ex-Westinghouse). Il était à l'origine présenté comme un réacteur destiné à l'export mais il s'affirme de plus en plus comme un concurrent sur le sol national. Pour le moment, il est prévu que quatre tranches soient équipées de réacteurs Hualong.

S'ils n'ont, pour l'instant que deux réacteurs en construction exportés, deux tranches CNP-300 à Chasma, au Pakistan, ils ont des négociations en cours en Roumanie, Argentine, Afrique du Sud, Turquie et Royaume Uni. Ils préparent aussi le futur avec des prototypes à neutrons rapide et à haute température.

La Russie en tête à l'export

Depuis l'arrêt des réacteurs japonais et la réduction du programme nucléaire allemand, la Russie est le troisième producteur d'électricité nucléaire derrière les Etats-Unis et la France.  Les Russes ont 34 réacteurs en fonctionnement, totalisant 25 GWe, et 9 réacteurs (7 GWe) en construction.  C'est donc le deuxième programme de construction domestique dans le monde, assez loin derrière le programme chinois, mais du côté de l'exportation, la Russie est largement en tête.

Cinq réacteurs en construction sont exportés par la Russie en Inde, Chine, Belarus  et Iran, mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg, il faut y ajouter les 19 projets en cours avec 9 pays : Bangladesh, Turquie, Vietnam, Finlande, Arménie, Jordanie, Hongrie, Egypte, Ukraine, sans compter Slovaquie et Kazakhstan.  Quand on y ajoute les exportations dans le cycle du combustible, le carnet de commande de l'industrie nucléaire russe dépasse les 100 milliards de dollars.

Oublié Tchernobyl, cette activité à l'exportation s'appuie sur deux modèles modernes de REP de 3è génération, l'AES 92 de 1000 MWe et l'AES 2006 de 1200 MWe, et sur des modalités de financement extrêmement avantageuses, y compris prise de participation et BOT (build/operate/transfer).

La Russie est aussi le pays le plus actif en recherche et développement, avec les réacteurs à neutrons rapides, les centrales sur barge, les réacteurs calogènes, etc.

Entre ces deux géants, l'industrie française ne peut se faire une modeste place qu'en jouant la carte de la coopération avec la Chine et en s'appuyant sur sa force dans le cycle du combustible.  Encore faut-il que la politique nationale ne donne pas à l'étranger l'impression que le nucléaire n'est plus une priorité française, que ce soit dans l'industrie ou dans la recherche !

 
Réagissez à cet article
 (3) 
Nom *
Email *
Votre commentaire * (limités à 1500 caractères)
3 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Chelya
mercredi 24 juin 2015 20:26
Il n'y a pas de projet de centrales nucléaires russes en Finlande... Olkiluoto 4 a été annulé http://www.tvo.fi/news/908 et la centrale de fennovoima (qui est une filiale de rosatom donc pas solvable) n'a pas de licence. http://yle.fi/uutiset/paper_fennovoima_used_old_rosatom_plans_in_nuclear_plant_application/7495619 C'est pareil pour les autres projets, Rosatom est une entreprise qui peut se permettre de mettre un carnet de commande fictif pour maquiller ses comptes sans que personne n'intervienne mais en réalité ils sont tout autant en faillite qu'Areva.
[2]
Commentaire par un physicien
jeudi 25 juin 2015 09:20
Dans quelques décennies, l'Europe pourra faire jouer la concurrence entre la Russie et la Chine ...
[3]
Commentaire par 430 Milliards par réacteur
lundi 27 juillet 2015 17:02
Un marché de 100 milliards ? Bravo, mais c est peanuts comparé au marché des ENR qui se développent 10 fois plus vite. Que des dictatures comme la Chine ou la Russie s accrochent encore au nucléaire qui ne produit pas de CO2, mais du plutonium, qui peut toujours servir, ce n est pas étonnant. Mais ces chiffres ne doivent pas masquer ce que l AIE essaie de cacher : la part de marché du nucléaire s effondre tellement (moins de 2% de l énergie au niveau mondial) qu ils ont retiré les courbes, trop déprimantes pour les nucléocrates, de leur site.
PARTICIPEZ !
Cet espace est le vôtre !
La chaîne Energie de LExpansion.com
vous ouvre ses colonnes. Partagez vos analyses !