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 - Chercheur à l'IFRI

Auteur
Maïté de Boncourt est chercheur à l'IFRI (Institut français des Relations internationales).

La voiture à gaz naturel, un danger pour la voiture électrique?


mercredi 06 juillet 2011

Le développement rapide des gaz non conventionnels, en faisant tomber les prix du gaz, peut-il relancer la voiture à gaz naturel comprimé ? Et donc menacer l'essor de la voiture électrique ?



L'article complet dans "les actuelles de l'IFRI"

(...) Alors que le prix du pétrole plafonne et que des ressources de gaz non conventionnel ont modifié le paysage énergétique mondial, la voiture à gaz refait une apparition et semble plutôt bien armée face à la solution jusqu'ici chérie par nombre de gouvernements, le véhicule électrique.
 
Avec des prix du gaz en baisse, le véhicule à gaz dispose donc à présent d'un avantage compétitif important face au véhicule électrique qui reste extrêmement cher en raison du coup de ses batteries. L'avantage est aussi technologique, puisque qu'un véhicule à gaz naturel compressé offre une autonomie de 300 km, soit le double des véhicules électriques équivalents qui sortent sur le marché. (ndlr : Honda et Toyota ont déjà développé des modèles utilisant le gaz naturel GNC et le parc double chaque année en Suisse).

Mais l'avantage est aussi environnemental. Le véhicule à gaz n'émet presque pas de polluants locaux, ce qui en fait une option intéressante pour les pays à forte urbanisation et disposant initialement d'un parc diesel, comme l'Inde. Au niveau du CO2 également, jusque 25% d'émissions de CO2 peuvent être évités en comparaison d'une voiture à essence équivalente. Surtout, le gaz naturel peut être utilisé comme combustible dans les camions, qui sont responsables de 37% des émissions de CO2 dans les transports selon l'AIE, ce qui n'est pas possible avec la technologie électrique et très peut intéressant avec des technologies hybrides.
 
Enfin, cette technologie peut être adaptée aux véhicules conventionnels par un processus de conversion des moteurs, ce qui permettrait son adoption rapide dans les pays en voie de développement qui seront d'ici 2050 responsables de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans les transports.  Elle pourrait être également utile dans les pays développés. En Europe, la croissance du marché automobile stagne et le parc vieillit ; or les régulations sur le CO2 ne s'appliquent qu'aux nouveaux véhicules. La conversion des parcs existants vers une technologie plus propre permettrait donc des résultats intéressants. Enfin le véhicule électrique permet une réduction des émissions de CO2 dans les pays où la production électrique est décarbonée; dans les pays fonctionnant principalement au charbon, le bilan environnemental est négatif. Le gaz naturel est donc un concurrent pour le véhicule électrique, et ce d'autant plus qu'il semble cibler les même marchés de niche : flotte captives et véhicules utilitaires.

Un contexte international favorable

L'accident de Fukushima pourrait renforcer cette tendance. Non seulement les crédits verts de la production électrique nucléaire sont remis en question, mais la refonte des normes de sécurité pourrait avoir un impact à la hausse sur les prix de l'électricité, comme on peut déjà l'observer. Sans parler de l'Allemagne, qui devra trouver le moyen de remplacer plus de 20% de sa production électrique, ce qui ne pousse pas en faveur d'une solution électrique pour le transport, du moins à moyen terme.

Le président Obama a rendu publique cette tendance avec le lancement du «  Natural Gas Act » qui procure des incitations aux consommateurs, producteurs de voiture et fournisseurs de gaz pour un montant de $50 million de dollars. La Chine et l'Inde pourrait rentrer dans le jeu, afin d'utiliser leur ressources en gaz non conventionnel. Alexandre Miller, le CEO de Gazprom, a soulevé la question lors d'un congre à Prague le 2 juin.

On peut néanmoins se demander si cet engouement, tout relatif qu'il soit, est durable. Certes à court terme les marchés pourraient adopter la voiture à gaz mais à long terme le marché du gaz reprendra en vigueur, et donc les prix repartiront à la hausse. La reprise lente de la croissance, les incertitudes au sujet des ressources non conventionnelles et des capacités de production des pays en disposant ne permettent pas de prédire le prix du gaz et de certifier que le véhicule à gaz restera une alternative intéressante.  (...)

Si les marchés voient une opportunité pour un marché de gaz dans les transports, il est certain que ce développement devra faire face au même problème que le véhicule électronique : les blocages politiques, le problème de la standardisation et le coût des infrastructures. Si certains critiquent les budgets investis dans le soutien au véhicule électrique, il semble que le Natural Gas Act reflète plus la situation politique dans laquelle les décisions sont prises à Washington, qu'une véritable volonté de faire du gaz le nouveau fuel des transports.
1 commentaire(s)
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Commentaire par charlotteMobilité2.0
dimanche 10 juillet 2011 15:40
À ses débuts, l’innovation « automobile » fut un sujet de controverses, voire d’attaques violentes. Elle fut vilipendée par plusieurs organisations, y compris religieuses, qui la considéraient comme un diable… Le parallèle est intéressant à faire aujourd’hui, alors que l’innovation « voiture électrique » est l’objet d’une rafale de critiques…

A ses débuts, l’automobile fut mal comprise, considérée comme peu fiable, objet de luxe réservé à quelques privilégiés, et était vivement critiquée par plusieurs organisations, certaines s’opposant notamment à la vitesse.

Le colonel Albert Pope, un fabricant de bicyclettes qui conçut ensuite des voitures électriques, affirmait : « Vous ne pouvez pas demander aux gens de s’asseoir sur une explosion ».
Un parlementaire du Massachusetts suggéra même que les automobilistes allument des « Chandelles Romaines » [Sorte de gros pétard émettant des boules de feu et des gerbes d’étincelles] à l’approche de calèches à chevaux pour les avertir de l’arrivée de la voiture.

Ses effets sur la vie sociale ont été, dès son apparition, sujets de critiques importantes pour ses impacts environnementaux et sociaux : augmentation du taux de décès accidentel, pollution atmosphérique et sonore (...)
Suite sur : http://www.france-mobilite-electrique.org/vives-polemiques-sur-l-automobile-au-debut-du-20eme-siecle,2213.html
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