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Après une carrière de haut fonctionnaire puis de directeur des systèmes d'information de grandes entreprises pendant plus de seize ans -Sollac, Usinor, Renault- , Jean-Pierre Corniou a dirigé EDS Consulting...

Automobile : le salon de Genève, un printemps de la voiture hybride


lundi 07 mars 2011

Entre les véhicules vus dans les salons et ceux qui circulent dans la rue, il faut généralement 3 ans. Présentés régulièrement, les modèles électriques ne sont toujours pas à la vente. Mais les modèles hybrides sont désormais dans toutes les gammes.


Voir l'article complet sur le blog de Jean-Pierre Corniou

Il y a deux ans, au printemps 2009, l'industrie mondiale était en pleine dépression. Puis la folle année 2010, annoncée comme médiocre, s'est révélée fructueuse de façon inespérée.

 La Chine a pris le relais de la croissance en 2009 avec 13,7 millions de véhicules produits, battant l'Europe (12,2) et les Etats-Unis ( 8,7). Les Etats-Unis ont reconstruit une industrie automobile exsangue. Les constructeurs européens généralistes ont surfé sur la vague généreuse des primes à la casse et des incitations à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Tombé à 61 millions de véhicules en 2009, le marché mondial est revenu à 74 millions de véhicules, niveau qui se rapproche de la tendance moyenne sur la décennie 2000. Les constructeurs mondiaux ont perdu 6,8 milliards d'euros en 2009 et gagné plus de seize milliards en 2010.

Mais le succès de 2010 ne doit rien à la transformation technologique du marché annoncée de salon en salon. Les inquiétudes environnementales, la prise de conscience citoyenne, viennent au second plan des préoccupations quand l'industrie, aidée par les gouvernements, subventionne massivement l'achat de véhicules conventionnels.

Le bilan 2010 des ventes de véhicules en France est éloquent. Dans un chiffre record de 2 669 000 véhicules, seuls moins de 10.000 véhicules hybrides ont été vendus, les voitures électriques n'étant que 186 ! Avec 5000 véhicules immatriculés en 2010, soit 0,25% de part de marché, le bio-éthanol (Super E85) ne séduit pas plus. Ces données sont comparables dans les autres pays européens.

L'hybride présente dans toutes les gammes

Dans ce contexte, quels sont les messages du Salon de Genève ? Dans un pays riche et respectueux de son environnement, il s'offre le choix d'être à la fois « vert » et de s'ouvrir à toutes les transgressions du luxe et de la haute puissance. Ferrari, Maserati Maserati, Porsche, Bugatti (photo ci-contre)et d'autres rivalisent ainsi avec leurs plus impressionnants modèles.

Plus raisonnables sont les modèles hybrides qui sont désormais présents dans toutes les gammes, à tous les niveaux ce qui devrait faire rapidement grimper les chiffres de vente en Europe. Car c'est un printemps hybride que propose Genève !

Ford présente le C-Max Hybrid, qui sera vendu en 2013, Peugeot son intéressant 3008 Hybrid4, diesel électrique de 200 cv, vendu à l'été 2011 à partir de 41000 €, avec un moteur diesel avant et un moteur électrique à l'arrière, solution également proposée par la Volvo V60 hybride.

Citroën en est à la seconde génération du système déjà bien connu Stop&Start. Le groupe Volkswagen s'engage également dans l'hybride avec un Audi Q5 et un Touareg hybride. Toyota continue naturellement à développer sa gamme hybride avec un monospace Prius et une Yaris hybride, après l'Auris sortie en 2010. L'hybride se trouve désormais présent sur des voitures moyennes et tend à se banaliser.

Plus surprenant, on peut même voir chez Infiniti (la marque sous laquelle l'Alliance Renault-Nissan commercialise des automobiles premium) une berline hybride V6, la M35h, alors que le groupe Renault Nissan affiche avec force son ambition « tout électrique ». Cette incursion dans l'hybride démontre que le groupe maîtrise aussi, discrètement, cette technologie alternative...

Le constructeur chinois BYD est très présent à Genève cette année avec plusieurs voitures hybrides et électriques et une présentation dynamique de son engagement envers les véhicules collectifs électriques, bus et taxis.

Les promesses électriques

Les véhicules électriques sont bien évidemment nombreux. Un espace leur est réservé, le Pavillon vert, où se trouvent les voitures déjà bien identifiées mais aussi des solutions novatrices. On y voit également beaucoup de vélos à assistance électrique et de scooters électriques.

On continue à attendre les automobiles électriques sur les routes, car les concepts sont encore beaucoup plus nombreux que les voitures réellement commercialisées. Mais les choses changent : il y a désormais des prix sur les documents d'information remis par les constructeurs, et on peut essayer de nombreuses voitures, ce qui confirme le caractère plaisant et dynamique de la conduite de ces véhicules.

Les grands constructeurs s'engagent. C'est le cas de Renault, avec ses quatre modèles ZE (Zero Emission), Twizy, Zoe, Fluence et Kangoo, et bien sûr de la Nissan avec la Leaf, seul véhicule électrique de grande série au monde, et voiture de l'année, mais aussi de Ford avec la Focus Electric précurseur d'une gamme de cinq voitures.

 Honda annonce une commercialisation fin 2011 au Japon et Toyota en 2012. Opel commercialise enfin l'Ampera fin 2011, qui sera vendue en Suisse 55000 francs suisses. Même Rolls Royce ose présenter une Phantom électrique, la 102EX... Le stand de Bolloré est beaucoup plus discret que les années précédentes. On voit la Blue Car depuis 2008, on pouvait même prendre des commandes... Cette année beaucoup de discrétion mais Bolloré est attendu à Paris dès cet automne avec le projet Autolib et les problèmes à résoudre sont nombreux. Le client final, lui, passera après...

Business as usual ?

Le monde automobile reste toutefois fondamentalement conservateur. Le moteur thermique est encore là pour de nombreuses années, voire des décennies. Les volumes rémunérateurs, qui font tourner les chaînes de montage, se situent encore dans des gammes classiques pour lesquelles les transformations sont lentes.
Ainsi, il faut noter que chez tous les constructeurs un travail important est réalisé sur l'optimisation des moteurs essence et diesel, moins gourmands.

Le marché restera longtemps traditionnel dans ses tendances lourdes et on peine à imaginer que la révolution électrique en ébranle les fondamentaux. L'attente de la confrontation thermique/électrique n'en revêt que plus d'intérêt tant les espoirs envers l'avènement d'une mobilité décarbonée, avec tous ses avantages en termes de silence et d'absence de rejets nocifs, sont élevés...

Il suffirait sûrement d'une hausse durable du prix du pétrole pour faire basculer une opinion sceptique envers un mode de transport dont les mérites en termes de confort et de silence sont indéniables. Beaucoup de constructeurs attendent ce signe pour justifier leurs intuitions et leurs engagements économiques. Mais au même moment ils craignent qu'une telle hausse ne perturbe profondément le marché thermique qui assure l'essentiel de leurs revenus...
 
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