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Ancienne responsable d’une agence de conseil en communication, Sophie d’Anhalt a quitté le monde de la publicité pour celui de la presse professionnelle de l’environnement...

Des serres sur les toits : Montréal l'a fait...


vendredi 19 septembre 2014

Le projet d'installer des serres en pleine ville a été envisagé à Paris. A Montréal, c'est une réalité.


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Lors des dernières élections municipales, la liste EELV de Paris avait  proposé de transformer en ferme urbaine le toit d'un réservoir d'eau potable. Objectif de l'équipe conduite par Célia Blauel : produire une centaine de paniers de fruits
et légumes bio par semaine. Pour le moment, le projet est toujours dans les cartons.

Tel n'est pas le cas des fermes Lufa, au Québec. Imaginées par Mohamed Hage, ces deux serres sont installées sur le toit de grands bâtiments commerciaux, dans l'agglomération de Montréal.

 Inaugurée en 2010, la première s'étend sur 3 000 mètres carrés. À perte de vue, des rangées de plants de tomates, de courgettes, de concombres ou d'aubergines poussent dans des godets en plastique ou sur un substrat. Rien à voir avec les terres fertiles des marais picards...
 
Agriculture hydroponique

Au sommet de ce petit immeuble de bureau, pas question de canaux d'irrigation. Chaque plant est cultivé selon les règles de l'agriculture hydroponique. Leur nourrissage est effectué par un goutte-à-goutte qui apporte eau et nutriments. Non éligible aux critères de l'agriculture biologique traditionnelle, le mode de culture choisi par l'ingénieur canadien d'origine libanaise n'utilise ni engrais, ni pesticides ou herbicides de synthèse. Les cultivateurs des fermes Lufa ont recours aux insectes (souvent importés des Pays-Bas) pour maîtriser les populations de ravageurs. L'eau d'irrigation est systématiquement recyclée, ce qui aboutit à une moindre demande d'eau et d'engrais, abaissée d'environ 50 à 90 %.

Point fort des serres de toitures : leur consommation d'énergie. Une partie de l'énergie nécessaire au chauffage (utile quand le mercure du thermomètre canadien tombe à -20 °C) est issue de la récupération des thermies de l'immeuble support. Le reste est apporté par une chaudière, à gaz pour la première serre et à bois pour la seconde.
 
Au total, l'entreprise estime consommer moitié moins d'énergie qu'un serriste classique.

"Points de cueillette"

Fruits et légumes sont distribués dans la journée suivant leur récolte à un réseau d'une centaine de « points de cueillette », où les clients viennent récupérer, chaque semaine, le panier qu'ils ont commandé par internet (pour une vingtaine d'euros). Les fermes Lufa revendiquent 3.000 abonnés. Ce flux tendu évite la réfrigération de la production : une autre source d'économies d'énergie.
 
Last but not least, les fruits et légumes trop avancés pour être commercialisés, les feuilles et autres déchets verts sont compostés dans les sous-sols de l'immeuble. Le compost est distribué aux jardins de la ville et, depuis peu, vendu aux adhérents de la coopérative.

Selon Mohamed Hage, les deux serres produisent de quoi nourrir 8 000 Montréalais. Un chiffre appelé à augmenter puisque Lufa envisage de construire une troisième installation. De plus, ces fermes vendent des pains, de la viennoiserie, des « collations et sucreries », des produits laitiers et des « breuvages » de partenaires situés à moins de 75 km. Le bio local à la montréalaise à de beaux jours devant lui.

Photo : lapresse.ca
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6 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé
vendredi 19 septembre 2014 10:39
Merci pour cet article très intéressant. Il conviendrait de le compléter par une analyse économique: cout des travaux, charges d'exploitation....En fait, on récupère l'énergie évacuée par la toiture; mais est-ce suffisant pour justifier l'investissement?
[2]
Commentaire par Saltus
vendredi 19 septembre 2014 14:07
Canada dry. Cela ressemble à des tomates ou autres légumes, a la couleur de la tomate, le goût de la tomate industrielle (sans goût), la texture insipide de la tomate industrielle, mais ce n'est pas une vraie tomate. La culture hydroponique, c'est de l'eau mélangée à certains ingrédients chimiques, mais il manque l'essentiel de ce qui fait la valeur des différents légumes : les minéraux les plus divers et les micro-nutriments, essentiels pour la santé. Avec 100% de produits hydroponiques, vous ne vivrez pas longtemps. Avec un pourcentage plus faible, même avec des suppléments en pilules, les maladies liées aux défauts de l'alimentation industrielle vont se multiplier.
[3]
Commentaire par papijo
vendredi 19 septembre 2014 19:04
@Saltus: bien d'accord avec vous ! Pour ma part, un autre point me choque: faire du compostage, qui dégage, en plus de la chaleur, énormément de CO2 plus lourd que l'air, dans un sous-sol ! En cas de panne électrique ou de défaillance de la ventilation, surtout si les parkings se trouvent eux aussi en sous-sol, on risque de perdre quelques bobo-clients ! Ils ont aussi touché des subventions pour ça ?
[4]
Commentaire par Hervé
vendredi 19 septembre 2014 22:19
@ Papijo: Vous ne comprenez Rien. Ce seront des morts "écologiquement corrects". Par exemple l?énergie bois tue dans le monde 800000 personnes chaque année (OMS) pas de problème, il faut continuer à développer cette énergie. Les explosions de gaz, les ruptures de barrage... tout ça c'est très bien, ça limite la population mondiale c'est bénéfique. Par contre il serait désastreux d'avoir quelques dizaines de morts à cause de moyens "non écologiquement correct", ça non! Parce qu'ils risquent de provoquer quelques morts, il faut absolument les interdire. Comprenez vous mieux maintenant?
[5]
Commentaire par un physicien
samedi 20 septembre 2014 15:51
@Hervé Vous parlez des mineurs de charbon de Turquie ou des habitants de Lac Megantic ?
[6]
Commentaire par Hervé
samedi 20 septembre 2014 22:39
@Physicien. Non ceux la, je ne les ai pas comptés car ils sont "entre les deux" Un explosion de gaz ça fait des morts "verts" c'est clair (j'ai du mal à comprendre car le gaz émets du CO2 mais bon, les écolos l'aiment bien et font tout pour promouvoir son exploitation). Pour le charbon, on bascule du coté obscur, car les écolos l'aiment pas mais en même temps les pays "Bon éleves ENR" qui sont portés au pinacle sont aussi gros consommateurs de charbon quand les ENR donnent peu ou pas (soit les 2/3 du temps...). En bref ça semble être un sujet tabou. Le charbon tue directement (coups de grisou, effondrements...) quelques milliers de mineurs chaque années. Mais c'est la partie apparente de l'iceberg. L'OMS évalue a 700000 morts par an les effets indirects rien que pour le charbon.
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