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Les biocarburants de 3ème génération dans les starting blocks


mercredi 14 janvier 2015

La 3eme génération de biocarburants, fondée sur la production d'algues, ne sera pas commercialisable avant une dizaine d'années. Mais les investisseurs sont déjà au rendez-vous.


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La production de biocarburant en Europe doit contribuer de façon significative à l'atteinte de l'objectif de 10% d'énergie renouvelable dans les transports d'ici à 2020. Le parlement européen a plafonné fin 2013 les biocarburants de 1ère génération à 6% de l'énergie finale consommée dans les transports, et s'est fixé en parallèle l'objectif de 2,5% de biocarburants de 2ème et 3ème génération.
La troisième génération, reposant sur la biomasse algale, suscite aujourd'hui l'attention des pouvoirs publics et de nombreux investisseurs, malgré des freins techniques et économiques encore importants.

- Les biocarburants 1G, issue d'huiles et de sucres alimentaires (blé, maïs, betteraves, colza), a atteint depuis quelques années la maturité industrielle. Elle reste cependant très dépendante des aides publiques pour se soustraire à la volatilité croisée des prix du baril et des commodités agricoles. Elle est de plus largement décriée pour sa concurrence avec la production alimentaire et est désormais plafonnée en Europe.

- La seconde génération, basée sur le traitement de matières végétales non alimentaires comme le bois ou les pailles, repose sur des technologies matures. Le coût global de production de 0,7€ par litre de bioéthanol 2G est devenu une cible accessible à court terme ce qui a permis la mise en service d'une première unité à l'échelle commerciale (BetaRenewables - 80 000m3/an) en Italie. Par ailleurs 116 unités de production existent ou sont en construction dans le monde, et en France les projets Futurol et BioTfuel devraient déboucher sur une offre commerciale d'ici 2016.

- La production de troisième génération, à partir de biomasse algale, en est quant à elle au stade de recherche et développement. Les algues sont sélectionnées pour leur production d'acides gras à haut contenu énergétique, qui peuvent être convertis en biocarburants de type EMHV (biodiesel), de gaz de synthèse ou de biokérosène.

Avantages et obstacles

De multiples avantages par rapport à la première et à la deuxième génération expliquent l'engouement autour des micro-algues. Tout d'abord, elles bénéficient d'un rendement à l'hectare au moins 30 fois supérieur aux oléagineux : selon le mode de culture, les micro-algues pourraient produire jusqu'à 100 fois plus de litres d'huile par hectare que le palmier à huile, et 200 fois plus que le colza. Mieux, leur croissance par photosynthèse permet de recycler et valoriser le traitement d'effluents liquides et de fumées industrielles (CO2, nitrates, phosphates entre autres). Elles s'affranchissent du problème de concurrence des sols en offrant la possibilité de cultiver dans des zones non arables.

La culture de micro-algues est une forme particulièrement intensive d'agriculture, consommatrice d'importantes quantités d'intrants. Si le soleil, et dans certaines conditions l'eau, sont peu coûteux, les phases de culture et d'extraction sont extrêmement gourmandes en nutriments, en dioxyde de carbone et en énergie, ce qui altère à la fois la performance financière et les rendements énergétiques finaux.
Plusieurs leviers d'amélioration sont à l'étude, à tous les niveaux de la chaîne de production (sélection des souches d'algues les plus productives, amélioration des coûts sur la phase de culture et sur la phase d'extraction-séchage, choix des lieux de production).

De plus en plus d'investisseurs

Avec un coût de production du litre de biodiésel de 5 à 10€, une filière commerciale du biocarburant 3G ne sera probablement pas opérationnelle avant une dizaine d'années. Pourtant, ce marché est porteur et attire déjà les investissements.L'utilisation des micro-algues est à l'heure actuelle plus ou moins mature selon le champ d'application. Plusieurs marchés sont accessibles à court terme comme l'alimentation animale, l'utilisation de certaines molécules à haute valeur ajoutée pour l'industrie, la chimie et la cosmétique.

Plus de 2 milliards de dollars d'investissements et plus de 200 projets de recherche et développement ont été recensés, en majorité aux Etats-Unis. L'Union européenne soutient des projets tels qu'All-GAS, BIOFAT et INTESUSAL.

La France dispose de son côté de grands laboratoires de recherche sur le sujet et souhaite se positionner en leader mondial avec le projet Greenstar, lancé en 2011. Porté par l'Institut National de la Recherche Agronomique, ce projet regroupe 45 industriels, PME et instituts de recherche. Le projet Probio3, également porté par l'INRA avec des partenaires comme le CNRS, EADS, Tereos et Sofiprotéol, doit développer une nouvelle filière de production de biokérosène 3G pour l'aéronautique.
D'autres projets se sont lancés ces dernières années comme Purple Sun, Defi-µAlg (avec le laboratoire GEPEA), Salinalgues.

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1 commentaire(s)
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Commentaire par Monnier
mercredi 14 janvier 2015 17:46
Beaucoup de tapage sur les agrocarburants de diverses générations. Qu'en est-il pour les seuls réellement présents aujourd'hui ? --- Pour simplement remplacer 7% du pétrole dans les carburants en France, il faut utiliser 2.200.000 hectares de très bonnes terres agricoles. --- http://energeia.voila.net/transport/agrocarburant_pv.htm --- En remplaçant les véhicules thermiques par des véhicules électriques, alimentés en électricité solaire par exemple, il suffirait de 17.500 hectares (7% de 250.000) de parcs photovoltaïques sur des terrains sans valeur agricole. --- Les parkings entre autres (360.000 hectares). Et deux fois moins de surface si les panneaux sont sur les toits (870.000 hectares). --- La seconde génération, c'est aussi une consommation de terres agricoles, d'engrais ... --- La troisième génération, pour laquelle aucun bilan énergétique sérieux n'a été fait, c'est le même problème de surface nécessaire, d'engrais et nutriments divers, d'énergie consommée.
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