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Auteur
Anne-Sophie Sebban est assistante de recherche à l'ESG Management School, qui publie le portail RiskEnergy. Membre de la chaire de Management des Risques Énergétiques, elle est Doctorante à l'Institut...

Éthiopie : la construction du barrage « Renaissance » et ses enjeux


lundi 12 novembre 2012

Après l'historique barrage égyptien d'Assouan, voici que se prépare le plus grand barrage d'Afrique, cette fois en amont du Nil, en Ethiopie. Un projet avec de grands enjeux environnementaux et géo-politiques.


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Le 2 avril 2011, le gouvernement éthiopien a lancé les travaux de construction d'un nouveau barrage sur les eaux du Nil Bleu, dans l'État du Benshangdul Oumuz situé au nord du pays et à 40 km de la frontière soudanaise.

L'ampleur du projet et sa position stratégique ont des implications géopolitiques pour la région, d'abord pour l'Éthiopie qui verra son poids s'accroître par rapport à ses voisins, ensuite pour l'Égypte et le Soudan qui craignent une perte de leurs prérogatives sur le fleuve.

Au terme de sa construction - prévu pour 2016, le barrage du « Millénaire » ou barrage de la « Renaissance » sera le premier barrage hydroélectrique d'Afrique et le dixième du monde en termes de puissance. Ses objectifs sont doubles : prévenir les inondations (il permettra de retenir 62 milliards de m3 d'eau), et augmenter la production d'énergie électrique (sa puissance électrique devrait atteindre 5 250 mégawatts).

Pas de soutien international

Ainsi, l'Éthiopie pourra à la fois satisfaire ses propres besoins énergétiques et commencer à exporter de l'électricité aux pays voisins. Le projet s'inscrit dans le plan quinquennal de croissance et transformation (GTP) lancé en septembre dernier par le gouvernement éthiopien : une augmentation de la capacité de production d'électricité de 2 000 à 8 000 mégawatts à l'horizon 2015 (et jusqu'à 10 000 mégawatts d'ici 2018) est prévue, pour un coût total de 14 milliards de dollars.

Le barrage Renaissance, dont la construction a été confiée à la compagnie italienne Salini Costruttori, représente à lui seul 4,8 milliards de dollars. Les organismes internationaux se sont désolidarisés du projet car ils reprochent à l'Éthiopie l'absence de prise en compte des conséquences environnementales : aucun rapport d'évaluation des risques n'a été fourni alors qu'une vaste zone pourrait être inondée et une partie de l'écosystème disparaître. C'est donc l'État éthiopien qui finance entièrement le projet : outre les fonds publics, la Banque éthiopienne de Développement émet des bons du Trésor afin que la population participe également au financement du projet. Il est néanmoins prévu que la Chine finance les turbines et les systèmes électriques pour un total d'1,8 milliard de dollars ; de son côté Djibouti a versé un million de dollars au gouvernement éthiopien en avril dernier, devenant ainsi le seul pays contributeur de la région.


Des inquiétudes en aval

En revanche, l'Égypte et le Soudan, pays d'aval, ne se montrent pas aussi enthousiastes. Pourtant, une rivalité liée au barrage lui-même n'a pas vraiment de sens. Techniquement, un barrage ne barre rien : il retient l'eau, récupère l'eau des crues, et l'énergie de l'eau des crues. Le barrage Renaissance permettra de réduire l'évaporation de l'eau des barrages d'Assouan en Égypte et de Djebel Aulia au Soudan. Il sera bien plus un bienfait qu'un tort causé à ces deux pays.

En réalité, leur frilosité est antérieure à la construction du barrage, et liée à la signature en mai 2010 d'un accord-cadre (CFA) sur le partage des eaux du Nil entre le Rwanda, la Tanzanie, le Kenya, et le Burundi. L'Éthiopie a pris une position de leader pour fédérer les pays de l'amont contre Khartoum et Le Caire, qui voient cet accord comme une atteinte à leurs droits historiques sur le fleuve . Des projets d'irrigation ou de barrages hydroélectriques peuvent désormais être développés sans que le Caire n'ait son mot à dire.

L'Égypte craint pour son autorité sur la région et sur le Nil en particulier, et ne voit pas d'un très bon œil la concurrence grandissante exercée par l'Ethiopie. Dès lors, la visite du nouveau chef de la diplomatie égyptienne Mohamed Amr en janvier dernier à Addis Abeba intervient comme un signal positif pour rompre avec l'ère Moubarak et ouvrir la perspective d'un apaisement des relations entre les deux Etats. Cependant, si la mise en place d'une stratégie « gagnant-gagnant » sur les eaux Nil a été suggérée par les deux parties, la question particulière du désaccord lié au CFA est restée en suspens.
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11 commentaire(s)
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Commentaire par Patrig k
mercredi 14 novembre 2012 15:05
aucun rapport d'évaluation des risques n'a été fourni/////// C'est pas tant que je suis forcément favorable a ce projet, mais l'argument ne tient pas, qui donc de ces bonnes ames, ont elles fait pour infléchir la décision du Japon a construir des réacteurs nucléaires sur zones sismiques et de prévenir que les dégats vont couter selon l'opérateur 100 milliards d'euros, à multiplier par plus de deux ... Sans compter les déchets ultimes à gérer pendant 20 000 ans !
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Commentaire par O.Rage
mercredi 14 novembre 2012 17:58
Vous agissez comme un enfant pourri gâté, Patrig K... Vous restez focalisé sur le nucléaire de façon obsessionnelle compulsive alors que c'est même pas le sujet ici. L'accident de la centrale de Fukushima, qui a eu lieu pendant un tsunami et un tremblement de terre, qui ont fait près de 30.000 morts (faudrait-il le rappeler?), n'a fait aucun mort par irradiations (même pas les "50 de Fukushima", les médias ont réalisés s'être emballés après avoir écouté.... une mère pas contente d'un des liquidateurs...) pourtant c'était une centrale vétuste mal-entretenue dans un pays sans autorité de sureté indépendante. Alors au lieu de regretter qu'il n'y ait plus de morts vous feriez mieux de vous focaliser sur les fossiles, qui dégradent plus vite la planète, et qui sont les véritables ennemis du climat et de notre société (et ennemi plus crédible du nucléaire que de pauvres anti-nucléaires que vous.... et pas uniquement pour des raisons physiques).
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Commentaire par Kaspar P
mercredi 14 novembre 2012 23:53
O Rage, O désespoir, O singerie ennemie, nous n'avons pas gardé les vaches ensemble, ce qui vous permettrait de tant de familiarité. Les 100 milliards annoncés, c'est un chiffre TEPCO, vous pouvez leur faire un procès, si ça vous chante, mais évitez de vous emballer ! O Risque ...
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Commentaire par O.Rage
jeudi 15 novembre 2012 12:00
@Patrig K alias Kaspar P Diantre, le coût du pire des scénarios du Fukushima (incluant les dégâts dû à un séisme et à un tremblement de terre et à la fermeture d'une centrale entière...) est toujours moins élevé que celui des dégâts que vont causer, sur l'ensemble de la biosphère planétaire, les fossiles que vous supportez implicitement (depuis que la majorité des renouvelables mondiaux impliquent la déforestation, l'incinération des déchets et la construction de barrage que vous n'aimez pas non plus)... Et depuis que vous faites propagande allègrement pour l'obscurantisme primaire d'anti-nucléaires passionnels (même pas bon en poésie en plus), je me permet autant de familiarité, que vous, avec l'état actuel des connaissances en énergie et en climat.
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Commentaire par Kaspar Alias Négawatt
vendredi 16 novembre 2012 09:44
les fossiles que vous supportez implicitement //// Entreprise douteuse et osée, que d'affirmer ceci. Une fois encore, si nous avions gardé les vaches, vous auriez compris une chose plus interressante encore, c'est que ces ruminants, ruminent moins que vos désir et passion à hypothèquer des idées sorties dont on ne sait ou ... O revoir
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Commentaire par Hervé
vendredi 16 novembre 2012 13:51
La japon produisant avant la catastrophe environ 300Twh / an en nucléaire. Donc, ça fait 300 millions de Mwh. Sur 30 ans (en considèrant que la prochaine pétera dans 30 ans...) ça fait 9 milliards de Mwh. Donc le cout de la catastrophe rapporté au Mwh est de 11E, soit1.1ctE / Kwh. A l'echelle du monde c'est encore moins en moyenne. Dans la pratique, c'est beaucoup moins cher de péter une centrale de temps en temps que de mettre des éoliennes ou des panneaux solaires... Si on compare à l'echelle du monde, l'impact du nucléaire (catastrophes comprises) est bien moindre que celui de l'hydraulique. Le seul barrage des trois gorges en chine nécessite l'evacuation de 1.7 millions de personnes. A coté de ça Fukushima ou Tchernobyl, c'est rien du tout. Cepandant l'hydraulique de lac reste trés appréciable car cette energie est par nature stockée, libérable au besoin, ce qui en fait la reine des ENR.
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Commentaire par Negawatt et houlo motrice
vendredi 16 novembre 2012 17:49
A coté de ça Fukushima ou Tchernobyl, c'est rien du tout//// Sieur hervé, puisque vous le dites, vos calculs de comptable et résultats sidérants, sont à l'image d'un réduit de cerveau binaire 1 - 0 ... HALL peut etre ? Si c'est Hall, ça ne peut etre ervé ! Et puisque c'est rien du tout, les Yakuzas nippons, sont à la recherche de main d'oeuvre pour faire le job ... Vous etes sélectionné avec brio, pour décapper les terres polluées, et quand vous serez sur place, évitez, c'est un conseil, de dire des absurdités, car le risque de finir en batonnet d'Hervé atomique n'est pas fiction...
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Commentaire par Hervé
samedi 17 novembre 2012 17:55
Les habitants de Fukushima pourront rentrer chez eux d'ici 10 ans, en Bielorussie c'est déja fait. En Ukraine, ils préferrent conserver la zone interdite qui est devenue une réserve naturelle. La zone réelement dangeureseuse s'est considérablement réduite. La radioactivité residuelle est à comparer a ce qu'on peut trouver naturellement ailleurs dans le monde, ou on ne constate pas de soucis particuliers. Par contre au barrage des 3 gorges, les habitants ne sont pas prés de rentrer chez eux, à moins de se faire greffer des branchies.
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Commentaire par fikré
samedi 17 novembre 2012 21:57
c'est bien la construction du barrage l'Éthiopie pourra à la fois satisfaire ses propres besoins énergétiques au éolienne . mai le risque : risques n'a pas été fourni alors qu'une vaste zone pourrait être inondée
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Commentaire par jeansarko
jeudi 15 août 2013 10:42
Encore une fois cette sbire de BHL ne dit pas toute la vérité, pourquoi omettre de signaler la protection militaire qu'assure israel autours barrage contre tout risque d'agression de l'Egypte ???
[11]
Commentaire par J-F Desmarais
jeudi 23 mars 2017 19:47
Bonjour, J'aimerais savoir si le barrage Renaissance pourrait avoir une conséquence sur le niveau du Nil en Égypte en autre? Certains cultivateurs pratiquent une culture basée sur les débordements des eaux d'une manière sporadique.Merci
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Anne-Sophie Sebban est assistante de recherche à l'ESG Management School, qui publie le portail RiskEnergy. Membre de la chaire de Management des Risques Énergétiques, elle est Doctorante à l'Institut...

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