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 - Président de France Energie Eolienne

Auteur
Nicolas Wolff est président de l'association France Energie Eolienne (FEE). Il est d'autre part directeur général de Vestas France.

Eolien : la filière demande des mesures plus concrètes


mardi 25 septembre 2012

La filière éolienne est satisfaite du cap fixé par l’exécutif. Mais elle demande qu’il soit remédié à la fragilité juridique du système de tarification, qui inquiète les banques et freine donc les investissements.


Trois questions à Nicolas Wolff, président de France Energie Eolienne, qui rassemble les acteurs de la filière éolienne.

Vous avez approuvé les orientations générales fixées par François Hollande et le gouvernement, mais vous avez regretté qu'il n'y ait pas eu un nouvel arrêté tarifaire, qui soit notifié à la Commission européenne. Qu'attendez-vous dans ce domaine ?

Aujourd'hui, même si théoriquement  on a un tarif qui est en place depuis 2008, les banques refusent de financer des projets éoliens  en raison  de la fragilité juridique de ce tarif. Vous savez que le Conseil d'Etat, saisi par des opposants à l'éolien à propos du dispositif d'obligation d'achat, a sollicité la Cour  de Justice de l'Union européenne (CJUE), dont on attend une décision d'ici un an et demi ou deux ans.

Bien évidemment, les banques nous disent : « Si jamais la Cour européenne  confirmait que le tarif est  une aide d'Etat, alors on serait dans une situation très inconfortable »

Nous avons alors proposé une solution : que dès aujourd'hui,  sans attendre la décision de la Cour de Justice,  le gouvernement annonce un tarif, sur les bases du tarif existant, exactement au même niveau de 80 euros du MWh, et qu'il le notifie auprès de la Commission européenne, ce qui n'a pas été fait. Ainsi, quelle que soit la décision de la CJUE, et même si elle dit que le soutien tarifaire est une aide d'Etat,  on aurait une solution de remplacement qui serait en place grâce à la notification.  On serait couverts et il n'y aurait pas d'arrêt dans le soutien à l'éolien.

Pas mal d'Etats-membres ont notifié leur dispositif,  sans forcément d'ailleurs que la notification ait été faite dans le cadre d'une aide d'Etat. Cela peut-être une simple information que l'on transmet à la Commission européenne.

Un rapport demandé cet été par les ministres Arnaud Montebourg et Delphine Batho a recommandé pourtant de prévoir l'extinction du tarif de rachat en cinq ans. Même s'il n'est pas suivi d'effet, cela vous inquiète-t-il ?

Ce rapport propose en fait le remplacement du système tarifaire par des appels d'offres. Mais à chaque fois on a vu que ce système d'appels d'offres ne fonctionnait pas bien dans l'éolien. Le seul élément stable qui a permis le développement de la filière, c'est le tarif. Ce tarif -fixé à 80 euros en 2008 - est bon, il nous convient, on demande simplement un tarif qui fonctionne, qui ne soit plus fragile juridiquement.

Ce rapport est décevant, il remet en cause la capacité des renouvelables à monter en puissance, à un moment où l'on veut réduire la part du nucléaire dans le mix électrique. Mais nous avons relevé que le Premier ministre, lors de la conférence environnementale de septembre, a réaffirmé son « soutien à la filière éolienne et  au dispositif d'obligation d'achat ». 

Jean-Marc Ayrault a annoncé d'autre part deux mesures allant dans le sens du développement de la filière. La suppression à terme des zones de développement éolien (ZDE), imposant des règles strictes aux développeurs de projets, et le lancement de nouveaux appels d'offres pour l'éolien off-shore. Vous satisfont-ils ?

Oui, les ZDE, outre qu'elles compliquaient les procédures, étaient systématiquement attaquées (par les opposants à l'éolien). Quant aux appels d'offres off-shore pour Le Treport et Noirmoutier, ils vont permettre la production de quelque 1200 MW, s'ajoutant aux 3500 MW déjà attribués.

Au total, dans le off-shore et le terrestre, il y a aujourd'hui presque 7000 MW. Rappelons que les objectifs fixés par le Grenelle sont 19.000 MW dans le terrestre, 6000 dans l'offshore.

Le cap fixé par le Président Hollande,  confirmé par le premier ministre, est bon, nous sommes parfaitement en phase avec lui. Mais nous attendons des  mesures plus concrètes pour permettre  le redémarrage.

A ce sujet, je fournirai deux chiffres significatifs. Il y a eu 875 MW installés en 2011. Nous avons reçu les chiffres de RTE sur les mises en service au premier semestre 2012 : 215 MW. Même si nous espérons finir 2012 sur un chiffre de 750 MW, on est bien sur une décélération brutale.

Or, l'éolien, c'est un chiffre d'affaires de quelque 1,5 milliard d'euros, 11.000 emplois directs. Notre objectif, c'est 60.0000 emplois directs en 2020.


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11 commentaire(s)
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Commentaire par fisiteur
mardi 25 septembre 2012 13:29
Il serait utile de communiquer aussi sur le coût global de cette énergie, son rendement et le coût réel en cas de retrait des subsides...
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Commentaire par carlino
mardi 25 septembre 2012 14:49
c'est évident .....au prochain changement de pouvoir ... soulèvement populaire, au prochain procés gagnant de ceux qui en subissent les préjudices ( baisse valeur immobilière , baisse activités économiques au niveau locale ) et ....même a l' apparition de nouvelles technologies plus intelligentes et performantes ....L'Europe et le pouvoir en place feront tout revenir sur leurs engagements tarifaires !!! De plus, ces promoteurs éoliens sont tous constituées en filiales ...c'est pour quoi faire !!!? on connait le systéme ! ..il faut pas prendre les banques pour des ploucs ! l'Eolien c'est une magistrale erreur économique , écologique et environnementale ...les banquiers le savent bien !
[3]
Commentaire par Hervé
mardi 25 septembre 2012 20:09
Tiens c'est curieux, un chiffre d'affaire de 1.5G? pour une production d'environ 12Twh, ça emmène le Mwh a 125? c'est assez loin du 82? payé par EDF...Y aurait-t-il des subventions cachées?
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Commentaire par Tilleul
mardi 25 septembre 2012 23:33
@Hervé... L'éolien en France ce n'est pas que la vente d'électricité, c'est aussi l'industrie des pièces d'éoliennes sur lequel les sous-traitants français sont très bien positionnés (l'éolien est en bénéfice dans la balance commerciale) et la R&D.
[5]
Commentaire par un physicien
mercredi 26 septembre 2012 09:10
Les éoliennes ne fourniront jamais que quelques % de nos besoins d'une électricité de très mauvaise qualité et au prix de subventions considérables.
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Commentaire par carlino
mercredi 26 septembre 2012 10:26
@hervé . bonjour , je pense surtout que l'éolien passe par des fonds d'investissement ...exemple la grande distribution investie aussi dans ce secteur ...les bénéfices sont dispersés , ventilés et réinvestis dans des secteurs qui semblent lucratifs . ...ces Sociétés cherchent a faire un maximum de bénéfice et c'est bien normale ...alors vous savez made in France ou pas, ils en ont rien a faire sur le présent et sur la durée . Le plus gros risque , c'est que la balance emplois soit négative ...l'éolien industriel étant trés dénaturant ....pour quel résultat !? c'est aussi le débat . Cordialement
[7]
Commentaire par Hervé
mercredi 26 septembre 2012 19:19
Oui exact, le poids de l'investissement à été équivalent au poids de la production en 2011. Ce n'est donc pas pour l'essentiel des subventions. A+
[8]
Commentaire par APAG
samedi 29 septembre 2012 08:59
Et si la solution était la PARTICIPATION des habitants, des communes concernées, aux décisions qui aujourd'hui leur sont imposés par des élus qui ne vivent pas dans les territoires où sont installées ces machines industrielles ? L'éolien comme hier le nucléaire est un passage en force. Taisez-vous "on" décide pour vous". Payez !
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Commentaire par Butré
jeudi 04 octobre 2012 19:03
Eolien : La Fédération Environnement Durable attaque en justice les préfets de région ( voir CP du 4 10 2012) La Fédération Environnement Durable (FED), plusieurs centaines d'associations et des milliers de particuliers, ont déposé des recours juridiques pour faire annuler tous les Schémas Régionaux Climat Air Énergie (SRCAE) et leurs volets les Schémas Régionaux Éoliens (SRE) qui ont été signés par les Préfets de Région. Concernant les schémas Régionaux Éoliens (SRE) la FED dénonce une totale absence de transparence démocratique tant dans leurs conceptions que dans la consultation publique qui en a été faite. Elle condamne le ravage programmé de la France par des dizaines de milliers d'éoliennes. Dans certaines régions les SRE autoriseraient des implantations dans plus de 80% des communes impactant la presque totalité du territoire régional. Ces projets actuels consistant à inonder la France de plusieurs dizaines de milliers d'éoliennes industrielles sont ruineux et contraires à l'environnement concernant les émissions de gaz à effet de serre. Tant qu'on ne saura pas stocker l'électricité, des sources aléatoires comme l'éolien engendreront des dizaines de centrales thermiques pour réguler leur fonctionnement comme le fait actuellement l'Allemagne qui construit 23 centrales de production d'électricité à charbon. Ce programme éolien lourdement subventionné avec de l'argent public entraînera une hausse de 50% du tarif de l'électricité des ménages alors que quatre millions ne p
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Commentaire par bouhedli
samedi 19 octobre 2013 11:27
Excellent article, merci et bonne continuation
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Commentaire par jean cartier
samedi 19 octobre 2013 11:27
Merci pour l'article
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Nicolas Wolff est président de l'association France Energie Eolienne (FEE). Il est d'autre part directeur général de Vestas France.

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