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Elections allemandes : la transition énergétique au coeur de la campagne


lundi 02 septembre 2013

La hausse du prix de l'électricité en Allemagne est une difficulté pour la chancelière Angela Merkel à l'approche des élections générales du 22 septembre. L'opposition du SPD a promis des mesures en cas de victoire.


Voir le site L'énergie en questions

Confortée par les signes de reprise économique et largement favorite à sa propre succession, Angela Merkel (CDU, Parti Chrétien Démocrate), qui brigue un troisième mandat le 22 septembre, doit toutefois  défendre son modèle de transition énergétique, fortement critiqué par l'opposition.

 La hausse du prix de l'électricité dans le cadre du financement de la « révolution verte » pourrait mettre en difficulté la chancelière sortante, alors que le Parti Social Démocrate (SPD) a promis une réforme énergétique en cas de victoire.
 
A la suite de l'annonce de la sortie allemande du nucléaire, Angela Merkel s'était engagée à ne pas augmenter la contribution de soutien aux énergies renouvelables.

Or, cette taxe est entre-temps passée de 3,5 centimes d'euro par kilowattheure à 5,3 centimes (contre 1,35 centimes en France avec la CSPE). La contribution à la « révolution verte » d'une famille moyenne allemande est désormais de 185 euros par an, alors que l'électricité du pays était déjà l'une des plus chères de l'Union.

Le coût de la transition énergétique a en effet explosé, pour deux raisons principales : les retards pris dans les travaux de raccordement des nouvelles installations renouvelables au réseau électrique, et le développement très rapide de l'éolien et du solaire porté par les subventions. Le ministre de l'Energie estime désormais le coût de l'Energiewende (le « tournant énergétique »)  à 1.000 milliards d'euros d'ici 2030.

L'opposition propose une réforme énergétique 


Si la hausse de la facture énergétique ne semble pas avoir remis en cause la popularité de la chancelière (elle recueille 41% des intentions de vote dans le dernier sondage), l'opposition considère la politique énergétique d'Angela Merkel comme le point faible de son bilan et s'est décidée à l'attaquer sur ce front.  

Le SPD vient d'annoncer que s'il gagnait le scrutin, une réforme du marché de l'électricité serait lancée. Pour Peer Steinbrück, le candidat du parti social démocrate, « le gouvernement actuel est en panne totale pour la transition énergétique. Il en résulte des dommages de long terme pour la compétitivité des entreprises allemandes et pour les consommateurs ». Selon Steinbrück, la réforme permettrait de diminuer la facture énergétique des petites entreprises et des ménages notamment via une baisse de 25% de la taxe pour le financement des énergies nouvelles.

Des annonces pour réduire le coût de l'Energiewende 


La proposition du SPD pourrait séduire les électeurs, sachant que les PME et les ménages allemands, sur lesquels repose presque entièrement le financement des énergies nouvelles, font de plus en plus part de leur mécontentement.

Selon l'Association fédérale des consommateurs allemands, « si l'on veut éviter que l'adhésion à la transition énergétique bascule, il faut corriger très vite sa mise en œuvre ». Même son de cloche du côté de la Fédération de l'industrie allemande qui qualifie la politique énergétique du gouvernement de « médiocre » et d' « insuffisante ».

Le gouvernement n'a cependant pas attendu les attaques de la campagne électorale pour réagir aux critiques formulées par les ménages et les PME. Depuis quelques mois, il a multiplié les annonces destinées à apaiser les tensions : proposition d 'un plan d'économie de 300 milliards d'euros pour la transition énergétique, contribution des grandes entreprises énergivores à la taxe sur les énergies vertes (elles étaient jusqu'ici dispensées de la payer au nom de la compétitivité du pays), fin des subventions à l'énergie solaire d'ici 2018...
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5 commentaire(s)
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Commentaire par un physicien
lundi 02 septembre 2013 14:38
"Le ministre de l'Energie estime désormais le coût de l'Energiewende (le « tournant énergétique ») à 1.000 milliards d'euros d'ici 2030." Et tout çà pour rien, sauf devoir construire des centrales au charbon qui augmenteront les émissions de CO2.
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Commentaire par Chelya
lundi 02 septembre 2013 20:59
Est-ce que ça m'étonne que les communiqués des associations de consommateur, des syndicats, des hommes politiques allemands qui soutiennent la transition énergétique allemandes contredisent ces affirmations d'EDF ? (voir notamment le blog tenu par la Heinrich Böll Foundation sur le sujet http://energytransition.de/blog/ )
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Commentaire par papijo
mardi 03 septembre 2013 21:50
Bien sûr, si on veut des infos objectives sur la transition énergétique allemande, il ne faut pas la chercher auprès des lobbyistes qui en vivent ! Au hasard, prenez un journal allemand comme le "Frankfurter Allgemeine", rubrique "Politique de l'énergie" (lien). Parmi les titres de la seule première page (en date du 3 septembre, parus ces derniers jours): - G. Oettinger (commissaire européen CDU) veut ralentir la transition énergétique - Les lobbyistes de l'électricité verte - L'objectif de 2% (de la surface de l'état de Hesse) réservés aux éoliennes a du mal a obtenir l'unanimité (les professionnels demandent 6%) - Vente d'électricité à perte - Les allemands trouvent la transition énergétique mal organisée - Coup de frein sur le prix de l'électricité (donc sur les renouvelables) encore possible cette année (propos du ministre de l'Environnement) - La majoration (sur le prix du kWh) due aux renouvelables pourrait augmenter d'un tiers (l'année prochaine) Vous trouverez le même genre d'articles dans les autres journaux !
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Commentaire par papijo
jeudi 05 septembre 2013 20:04
Je complète mon post précédent, pour ceux qui ne comprennent pas l'allemand mais sont capables de lire l'anglais, un article sur le même sujet paru hier dans les pages en Anglais du site de l'hebdomadaire "Der Spiegel" (lien).
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Commentaire par jmdesp
mardi 10 septembre 2013 13:09
Pour préciser sur l'article, pour l'instant le retard de l'offshore fait en fait faire des économies aux consommateurs, puisqu'il n'est pas nécessaire de payer l'électricité. Mais les producteurs sont en train de demander des compensations, un tarif plus élevé, des paiement même sans produire si la liaison a trop de retard, une meilleure subvention des lignes, à terme cela va effectivement augmenter la facture. Ensuite quand on parle des mesures à prendre, malheureusement les Allemands sont dans une situation sans guère de solution. Reporter le coût sur les grandes entreprise ne changera pas tant les montants, mais risque de provoquer des délocalisation et de mettre en péril l'emploi. Pour baisser le montant global, il faudra baisser les primes versées, comme en Espagne, ce qui est très négatif pour tous ceux qui ont déjà installés leurs panneaux. On peut juste agir sur les nouvelles installations, au risque de réduire le rythme d'installation, alors que pour l'instant le résultat en terme de CO2 se faire attendre avec un retour pour le secteur électrique en 2012 à des émissions annuelles de 317 Gt comme en 1997, à cause de la fermeture des centrales en 2011. Et merci de ne pas confondre ce chiffre avec les progrès constatés quand on regarde l'ensemble du pays, mais grâce à d'autres secteurs où des mesures moins couteuse comme celles sur l'isolation des maisons ont été finalement plus efficaces que les éoliennes et le PV.
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