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Davos-EnR : l'Europe aurait pu économiser 140 milliards de dollars


jeudi 22 janvier 2015

Selon un rapport diffusé à Davos, l'Europe aurait pu économiser beaucoup d'argent si elle avait mieux tenu compte de la répartition de ses ressources en énergies solaire et éolienne.


« Il est évident pour la plupart des citoyens européennes que l'Europe du sud se taille la part du lion en matière d'irradiation solaire tandis que l'Europe du nord dispose des meilleurs régimes de vent. Mais les investissements en Europe ne reflètent pas cette évidence », note un document sur l'avenir de l'électricité en Europe diffusé au Forum économique mondial de Davos.

L'étude prend comme exemple la situation respective de l'Espagne et de l'Allemagne. L'Espagne bénéficie d'une irradiation solaire qui est 65% lus élevée que celle de l'Allemagne (1750 contre 1050 kWh/m2). Pourtant, l'Allemagne a installé six fois plus de capacité photovoltaïque que l'Espagne (33 GW contre 5 GW). A l'inverse, l'Espagne a moins de vent que les pays du nord mais elle a installé 23 GW de capacité éolienne.

Selon l'étude, un tel développement aussi mal équilibré des énergies renouvelables a coûté aux pays européens environ 100 milliards de dollars de plus que s'ils avaient chacun mieux tenu compte de la réalité. Et si l'Europe dans son ensemble avait, par une politique coordonnée, mieux réparti ses efforts, et assuré en même temps une meilleur interconnexion de ses réseaux, 40 milliards supplémentaires auraient été épargnés.

La situation est résumée dans la carte ci-dessous :


Chaque pays investissant de façon décentralisée, avec des politiques d'incitations différentes, il existe aujourd'hui des surcapacités de production électrique. Cette offre trop abondante a affecté la rentabilité des installations existantes et affecté les marges des producteurs d'énergie, qui ont donc moins de capacité à investir, selon le rapport.

La France importe plus d'Allemagne qu'elle n'exporte

Le poids du solaire et du photovoltaïque en Allemagne a d'autre part des effets spectaculaires sur les échanges avec les pays qui lui sont limitrophes, et en particulier avec la France.
Cette situation a été illustrée dans une récente étude de RTE, le réseau français de transport de l'électricité.

En 2013, l'Allemagne est le seul pays avec lequel le bilan des échanges commerciaux est importateur. La France a exporté 5,3 TWh et importé 15,1 TWh d'Allemagne. Avec tous les autres pays riverains, la France est exportatrice, note le document de RTE.

Par exemple les jours ouvrés d'une semaine ensoleillée, la France importe de l'électricité d'Allemagne lors des périodes de production photovoltaïque élevée outre-Rhin, c'est-à-dire pendant la journée. A contrario, la France exporte la nuit et en période de faible vent en Allemagne, comme on le voit sur ce graphique établi sur une semaine :



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5 commentaire(s)
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Commentaire par papijo
jeudi 22 janvier 2015 19:32
Des erreurs ? Si on avait voulu remplir ses poches celles de ses amis, on n'aurait pas agi autrement. Ce qui est inquiétant, c'est que ça dure, et ce n'est pas près de s'arrêter !
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Commentaire par Hervé
jeudi 22 janvier 2015 19:33
Bonne question mais la réponse est moins évidente. Grouper le PV au sud et les éoliennes au nord casse l?effet du foisonnement et augmente encore plus la nécessité d?avoir des lignes de transport puissantes. Donc il faudra déduire des 140 milliards la construction de lignes capables de transporter 30GW entre Berlin et Madrid (c?est pas gratuit). Ça représente une vingtaine de lignes THT 400KV côte à côte. Et les lignes ne compenseront pas l?effet de foisonnement perdu. La construction d?élément de stockage et leur cout d?exploitation va couter horriblement cher. Le meilleur modèle (techniquement parlant), c?est justement l?éparpillement en mettre partout et plus si le site est mauvais. Donc faire ce qui est reproché par cet article, en somme? Mais pas chez nous! Car comme le montrent les échanges RTE la surproduction solaire fait effondrer le marché le jour quand on manque de jus: (on n?achète pas cher du Solaire Allemand et le surcout c?est Angela qui régale). Inversement la nuit les cours tombent moins bas, on vend mieux nos excédents, pour résumer c?est tout bénef pour nous!
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Commentaire par Gépé
vendredi 23 janvier 2015 10:05
Il y a bien une relation entre l'énergie et la macroéconomie. Le livre de Benjamin Dessus "déchiffrer l'énergie" traite de cette question et mérite un examen plus attentif.
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Commentaire par Gépé
vendredi 23 janvier 2015 10:12
Dans sa conclusion, Benjamin Dessus exprime la relation entre la transition énergétique et les aspects économique, social et environnemental des usages de l'énergie. C'est à développer. Merci.
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Commentaire par Chelya
lundi 26 janvier 2015 14:48
Je vous rappelle que c'est un document à destination des gens qui vont à Davos, il défend l'intérêt des dividendes des actionnaires et pas celui de la facture du consommateur. Voir le graphique p12 intitulé "Returns have declined for EU and US utilities". On est passé de rentabilité supérieur à 10% pour des oligopoles privés dont les revenus sont garantis par l'état ce qui est absolument gigantesque à des revenus de 6% qui sont déjà plus dans la norme d'un marché aussi protégé que celui de l'énergie. Qu'est ce qui s'est passé ? En Allemagnes l'oligopole de 4 entreprises qui se partageait le marché de l'électricité ne possèdait que 3% des capacités renouvelables. Les deux tiers des capacités renouvelables en Allemagne appartiennent aux consommateurs : particuliers, agriculteurs, industriels, collectivité ou tout le monde ensemble dans des coopératives énergétiques. Regrouper dans de très grands projets, et non seulement contreproductif parce que ça va augmenter les coûts d'intégration mais en plus coûtera énormément d'argent au consommateur. Non seulement seules les multinationales pourront répondre avec des critères de rentabilités de multinationales mais en même temps sur le marché domestique celà cassera la concurrence des PME innovantes des énergies renouvelables qui sont en train de les remplacer.