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Auteur
Diplômé de l'Ecole Supérieure d'Electricité (Supélec), Nicolas Goldberg est consultant en Energie. Il est intervenu chez plusieurs acteurs majeurs du domaine de l'énergie,...

Comment évaluer la gravité d' un accident nucléaire?


mardi 15 mars 2011

L'accident de Fukushima est classé 4, mais le président de l'ASN n'exclut pas qu'il soit élevé à 5, voire 6. Quelle est cette échelle de risques?


Alors que l'incident de la centrale nucléaire de Fukushima n'est toujours pas terminé, beaucoup s'interrogent sur la gravité du risque nucléaire.

Sera-t-il plus grave que celui de Three Mile Island ? Un nouveau Tchernobyl est il possible? Essayons de répondre à ces questions en examinant l'échelle de qualification des accidents nucléaires.

Depuis 1991, l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) utilise une échelle allant de 0 à 7 pour qualifier un accident nucléaire.
 














Les accidents sont classés de cette manière en fonction de leurs conséquences et non de leurs causes, ce qui peut être source de confusion. Certains accidents, tel Tchernobyl, sont  dûs à une erreur interne et non à une catastrophe naturelle, comme c'est le cas aujourd'hui à la centrale de Fukushima. Tchernobyl est évidemment classé au maximum de l'échelle, l'explosion ayant été d'une ampleur inédite et la réaction de fission étant toujours en cours lors de l'accident. Celui de Three Mile Island est quant à lui classé au niveau 5 : l'accident était grave mais l'enceinte de confinement est restée intacte ce qui a donc limité les dégâts, malgré les rejets dans l'atmosphère.

L'incident de Fukushima est pour le moment classé au niveau 4 mais il n'est pas impossible, n'étant pas terminé et le cœur de réacteur ayant partiellement fondu, que le niveau soit élevé par la suite. Les conditions sont ainsi comparables à celles de Three Mile Island : une étude des rejets dans l'environnement devra être menée pour le confirmer. Néanmoins, un scénario type Tchernobyl n'est pas possible étant donné que les réacteurs sont à l'arrêt.

Un retour d'expérience indispensable

Suite à cette catastrophe, un retour d'expérience sur les aléas naturels les plus violents sera à fournir. Si la centrale de Fukushima a correctement résisté au séisme inédit, on ne peut pas en dire autant de son comportement face au tsunami qui a suivi et qui a mis hors service les groupes électrogènes chargés de refroidir le réacteur en cas de coupure d'électricité.

Les solutions pour alimenter un réacteur en cas de coupure d'électricité combinée à une inondation seront à l'avenir un critère déterminant pour les prochains réacteurs. La France a beaucoup parlé de la résistance de l'EPR en cas de séisme et de sa cuve récupératrice de Corium en cas de fusion partielle ou totale du réacteur. Les rejets auraient sûrement pu être limités grâce à cette technologie mais la question de la résistance à une inondation se pose.

 Areva, EDF et leur filiale commune Sofinel penchaient déjà sur le sujet avant l'incident : nul doute que les récents évènements vont accélérer les études. L'accident de Three Mile Island n'a pas donné un coup de frein durable à l'industrie nucléaire à l'époque mais a permis d'améliorer grandement la sûreté des réacteurs : Fukushima permettra-t-il aux autres réacteurs de s'affranchir de tout risque naturel ?
3 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Cduch
mardi 15 mars 2011 13:48
D'après l'Autorité de Sûreté Nucléaire, l'accident nucléaire japonais vient de passer à un niveau 6 sur 7...

[Réponse de l'auteur]
Exact, la gravité de l'accident a malheureusement augmenté comme prévu. On se rapproche donc plus d'un Three Miles Island en plus grave qu'un Tchernobyl
[2]
Commentaire par g.jacquin
mardi 15 mars 2011 17:28
C'est affolant ce que l'on peut lire comme bêtise !!!!!

"un retour d'expérience sur les aléas naturels les plus violents sera à fournir"...

Il aura donc fallu une catastrophe sans précédent (3 reacteurs en fusion) pour qu'on se pose la question:

Et si j'ai plus d'eau, comment je fais pour refroidir mon réacteur ??????????

Ce n'est pas le B - A BA de l'étude de conception ??????

Voilà 3 réacteurs à 15m de l'océan, qui préviennent que ça chauffe et qui explosent plusieurs heures après.... et on nous dit : Manque de refroidissement !!!!!!

Ce qu'il y a d'inquiétant dans votre article, c'est que cela vous semble normal !!!!

Il y a de quoi être très inquiet pour les reacteurs Français si les contrôleurs de l'AIEA ont fait des impasses équivalentes !!!!!

Erreur de conception, mauvais contrôle.... au minimum, au vu des conséquences, c'est la perpétuité qu'il faudrait infliger aux responsables!
[3]
Commentaire par B.henrio
mardi 15 mars 2011 21:39
...oui c'est bien triste ...et c'est un peu honteux de débattre sur ce sujet avec ce qui se passe ..mais bon , il en reste pas moins que les industriels n'ont pas pris assez de mesures de sécurité . ...A moins de revenir au charbon , pour encore des dizaines d'années, on ne pourra pas se passer du nucléaire ...il faut donc encore et encore augmenter le niveau de sécurité de nos centrales ...et l'élever a l'impossible situation ...je dirais presque l'imprévisible !!! Il faut aussi augmenter nos efforts sur la recherche d'autres sources d'énergie ...et arrêter de jouer avec ces stupides éoliennes ...c'est pas sérieux ..on ne remplacera pas le nucléaire avec ça .
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