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Voiture électrique : l'exemple d'Israël


mardi 12 mai 2009

Si la taille du pays n'en fait pas un modèle partout exportable, le projet israëlien a une originalité : la batterie se loue séparément et peut être changée en cinq minutes


Israël fait le choix de la voiture électrique. Le pays a engagé en 2008 le déploiement d’un réseau de véhicules électriques avec un partenariat public-privé entre l’Etat et l’entreprise Renault Nissan, chargée de fournir les véhicules. L'opérateur californien Better Place (voir l’interview réalisée par lexpansion.com) se charge de construire un réseau de stations de recharges. Parallèlement, Israël développe la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables, avec une centrale solaire de 100 MW dans le désert du Neguev et des fermes éoliennes de 50 MW dans le sud du pays.


La plus grande particularité du système va être le réseau de station de recharge et de remplacement de batteries, fondé sur la location plutôt que la propriété (voir à ce sujet la chronique de Dominique Bidou). Les locations de voitures et de batteries se feront de manière distincte. Il est prévu de mettre en service 10.000 batteries en 2011, et 20.000 en 2012.

Cette particularité donnera davantage d'autonomie aux usagers : plutôt que de recharger leur véhicules sur des bornes, ils pourront échanger leur batteries vides contre des batteries pleines, en moins de 5 minutes.

Le Centre d’Analyses Stratégiques (CAS) a publié une étude complète sur le projet israëlien.

Extraits:

Dissocier propriété du véhicule et de la batterie

Pour que l’achat d’un véhicule électrique ne soit pas remis en cause systématiquement par les évolutions technologiques des batteries, une des solutions possibles est de dissocier la propriété du véhicule de celle des batteries. Elle est également indispensable pour diminuer le coût d’acquisition du véhicule en le rendant davantage compétitif par rapport au véhicule thermique. De plus, l’autonomie des véhicules et leur fiabilité peuvent être améliorées grâce à de simples changements de batterie dans des stations d’entretien. Par conséquent, il est prévu que les batteries ne soient pas commercialisées avec les véhicules mais seulement mises à disposition en contrepartie d’un abonnement mensuel. Actuellement, l’autonomie des véhicules électriques de Renault est de 160 km pour des conditions normales d’utilisation et de 100 km pour des conditions plus difficiles (pentes, fortes chaleurs avec climatisation, etc.).

Un modèle analogue à celui de la téléphonie mobile

La société Better Place s’inspire du modèle économique de la téléphonie cellulaire dans lequel le profit est généré non pas par la vente de matériel mais par celle des services. En effet, lors de l’achat du véhicule électrique, les automobilistes souscriront un abonnement mensuel pour l’alimentation du véhicule en énergie. Cet abonnement financera le prix d’achat et d’utilisation de la batterie (facturé au kilomètre parcouru selon un paiement à l’usage) et l’accès au réseau électrique pour leur recharge.

Le nouveau modèle économique rendrait la voiture électrique enfin compétitive par rapport au véhicule thermique

Selon les partenaires Renault Nissan et Better Place, le coût total d’utilisation d’un véhicule électrique sera identique voire inférieur à celui des modèles thermiques équivalents grâce aux mesures incitatives des pouvoirs publics, au prix de l’énergie électrique plus faible que celui des énergies fossiles (selon les fluctuations du cours du pétrole), à l’abonnement pour la location de la batterie et la fourniture d’électricité inférieur à un forfait d’essence équivalent. De plus, la part de marché des voitures électriques en Israël devrait être très élevée dans les prochaines années, ce qui devrait engendrer des économies d’échelles indispensables à ce projet.

Des obstacles resteront néanmoins à surmonter, parmi lesquels la climatisation et les besoins d’énergie supplémentaires alors que la performance des batteries est déjà limitée, la mise en place de l’infrastructure et des points de charge, le temps nécessaire pour réaliser les tests et s’adapter à des contraintes imprévisibles.

Le projet accorde également une importance à la visibilité du réseau de recharge des batteries.

L'infrastructure (réseaux de charges, bornes rapides, station d’échange, etc.) doit être visible car il est absolument nécessaire que l’acquéreur d’un véhicule électrique voit physiquement où il peut recharger son véhicule et à quel acteur il peut s’adresser pour s’équiper. Le développement de la télématique à bord des véhicules permettra d’assurer la fiabilité et l’optimisation des déplacements en indiquant l’état de charge de la batterie, l’autonomie, la consommation d’énergie, les stations de recharge des batteries les plus proches, etc. Ces ordinateurs de bord permettront aussi de communiquer avec le réseau du distributeur d’électricité qui alimentera en conséquence les bornes de rechargement. Celles-ci fourniront de « l’électricité verte » par le recours aux énergies renouvelables.

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