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Révolution énergétique : il est normal de tâtonner !


jeudi 01 mars 2012

« L'avenir énergétique : cartes sur table » est un livre d'universitaires attentifs aux problèmes de l'industrie. Il était très attendu en cette période de campagne électorale.


Patrice Geoffron a succédé à Jean-Marie Chevalier à la direction du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières » (CGEMP) à l'université Paris-Dauphine. Michel Derdevet, maître de conférence à Sciences-Po, est aussi un responsable de RTE (Réseau de transport de l'électricité).
Les trois auteurs ont présenté jeudi à la presse leur dernier livre, « L'avenir énergétique : cartes sur table  » (Ed.Gallimard).




Extraits de leur conférence de presse
:

Le problème du réchauffement climatique mis en évidence depuis des années, et en 2011 le choc de Fukushima et la crise de la dette de la zone euro, impliquent de conduire une révolution énergétique en deux décennies.

Elle est d'une extrême complexité. Il y a d'une part des gouvernements qui répondent à six mois, coincés dans des cycles politiques et électoraux de court terme, et des acteurs importants, nos concitoyens, qui ont plutôt tendance à dire NON à tout. En Allemagne, c'est « non » au nucléaire, en France, « non » au gaz de schiste (les Bulgares sont sur la même ligne), « non » aux éoliennes terrestres, « non » aux lignes électrique à haute tension. On connaît l'acronyme NIMBY (not in my back yard), il y aussi le BANANA (Build absolutely nothing anywhere near anything) ou le NIMEY (Not in my election year) !

Sous l'effet de ces injonctions contradictoires, il est normal que l'on tâtonne. Normal que l'on hésite entre politiques centralisées et systèmes décentralisés.

Il faut une pluralité de modèles, de celui des grandes entreprises jusqu'à celui où des communautés locales se prennent en main, comme la communauté de Méné en Bretagne . L'action des villes européennes (la "Convention des maires")  qui veulent aller plus loin que les objectifs des 3x20 est une initiative intéressante.

Il faut accepter l'idée que certaines expériences ne vont pas aboutir. Avant que se mettent en place l'internet et les réseau sociaux d'aujourd'hui, combien d'initiatives ont-elles fini au « cimetière des start-ups » ? On change de modèle, on va beaucoup se tromper, même s'il faut évidemment se tromper le moins possible...

Pour y parvenir, il faut accroître les démarches participatives, associant les individus, les collectivités locales, les entreprises. De ce point de vue, le Grenelle de l'environnement, même si son bilan est un peu mi-chèvre mi-chou, est une méthode très intéressante.

En même temps, on ne peut dire « non » à tout, refuser l'exploitation des ressources et exiger des investissements publics non financés. En matière nucléaire, si on a une autorité compétente, transparente et indépendante, il faut la laisser décider de la poursuite ou de l'arrêt des centrales. Et en cas de travaux exigés, laisser à l'opérateur le choix de décider s'il faut les faire ou arrêter la centrale.

En matière de gaz de schiste, il n'est pas cartésien de dire « non » avant même de regarder les ressources disponibles, les coûts d'exploitation et les problèmes environnementaux. Il n'est pas efficace à l'inverse de ne pas prendre en compte les objections locales et de ne pas assurer un retour financier à l'économie locale, en termes d'emploi et de développement (voir l'article de "la chaîne Energie")  

Enfin, en dehors de la question obsédante du climat, il faut trouver les moyens de trouver des solutions à un dossier qui va devenir explosif : la précarité énergétique. (voir les articles de Michel Derdevet sur la Chaine Energie ). 13% des ménages français sont dans ce cas (c'est-à-dire qu'ils consacrent plus de 10% de leur budget à l'alimentation énergétique de leur foyer, en dehors des frais de transport).

Mais qui paye  pour une rénovation et une meilleure isolation de l'habitat ? Le propriétaire du logement, le fournisseur d'électricité ou de gaz (comme en Grande-Bretagne), l'Etat -donc le contribuable- par le biais des eco-prêts, ou bien l'usager si l'on ne fait rien...

Une conférence sur ce thème de la précarité sera organisée le 22 mars par le CGEMP de Paris-Dauphine, en partenariat avec la CRE (Commission de régulation de l'énergie) et le médiateur de l'énergie (Voir le programme et l'invitation ).

Ces actions doivent s'inscrire dans un contexte européen, qui est le cadre pertinent, capable de mêler mécanismes de marché et régulations fines. Le gros travail réalisés en matière de coordination des réseau de transports de l'électricité et du gaz (ENTSO)  en est une bonne illustration.

(Compte-rendu par Yves de Saint Jacob)


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5 commentaire(s)
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Commentaire par carlino
jeudi 01 mars 2012 22:37
le crise de la dette devait plutôt nous conduire aux économies , a l'efficacité de chaque Euro , à la réflexion et à une stratégie de long terme .
faire dépenser aux français des dizaines de milliards pour des technologies bien faibles et surtout avec une production aléatoire allant de 1 % a 70 % de leur puissance...je ne pense pas que ça soit le meilleur choix . ...sans parler la dénaturation de l'environnement ...c'est quand même un comble ..au nom de l'environnement tout ça !
Investir sur deux axes principaux que sont la recherche et les économies d'énergie me semblent beaucoup plus judicieux .
Au lieux de nous faire payer des taxes et augmentation du prix du KWH pour financer ces fausses ou pour le moins inadaptées ENR que sont le photovoltaïque et l'éolien, ne serait il pas préférable de mettre une taxe équivalente pour financer la géothermie et l'isolation de l'habitat . aide qui serait inversement proportionnelle aux revenus bien entendu ....on serait là gagnant sur 4 points : baisse de la consommation électrique , moins de précarité énergétique , environnement préservé et moins d'émission de co2 !!! rappelons que les ENR intermittentes sont forcément couplées avec du nouveau thermique . cordialement
[2]
Commentaire par Gépé001
vendredi 02 mars 2012 08:28
Il manque l'aspect économique:l'énergie est bon marché par rapport au cout du travail;l'énergie bon marché incite à ne pas travailler pour la produire ou pour l'acheter;le cout du travail élevé favorise le chomage et réduit l'incitation à investir.
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Commentaire par un physicien
vendredi 02 mars 2012 11:16
Il est normal de tâtonner quand on joue à colin-maillard, mais dans la vie il est plus efficace de regarder les faits en face :
Les EnR (éolien, PV) ne peuvent produire que quelques % des besoins et à des prix exorbitants. Le seul choix est entre le nucléaire , le carbone (charbon ou gaz) et les économies.
Le rapport de la Cour des Comptes est un très bon exemple de l'utilité de regarder les choses en face, espérons qu'il fasse école...
Par exemple qu'on fasse une étude sérieuse sur l'impact écologique de l'exploitation des gaz de schiste plutôt que de se contenter d'un film pamphlétaire.
[4]
Commentaire par Gépé001
dimanche 04 mars 2012 08:01
Je complète mon commentaire pour prendre en compte la précarité.Il faut augmenter le prix de l'énergie par une taxe utilisée pour financer les prestations sociales contributives et mettre en place une allocation universelle dont le montant,égal à l'augmentation du cout de la consommation d'énergie,serait récupéré sur les tranches d'imposition de l'IRPP.
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Commentaire par Monnier
samedi 17 mars 2012 21:51
Pour le nucléaire, on a vu à Tchernobyl et à Fukushima.

Pour les gaz de schiste, on voit aux Etats-Unis.

Pour la précarité énergétique, il serait bon d'avoir un tarif progressif pour l'électricité et le gaz, le surplus payé pour les trop fortes consommations alimentant un fonds social.

Pour le solaire photovoltaïque, il faut voir la baisse rapide des coûts et prix d'achat :

Coût de l'électricité photovoltaïque : 2012 - 2020 -2030

Sans oublier d'utiliser toutes les énergies renouvelables pour la production d'électricité et de développer les STEP pour le stockage.