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Auteur
Brice Emonet est Manager dans le secteur Energie & Utilities au sein du cabinet de conseil Magellan Consulting. Il dispose de plus de 5 ans d'expérience dans les secteurs gaziers,...

Prix de l'électricité: et si on adoptait le modèle californien...


mardi 31 août 2010

Les pics de consommation deviennent un casse-tête pour les électriciens. Or il existe un mécanisme par lequel les compagnies pourraient, sans pénalité financière pour elles, encourager leurs abonnés à réduire leur consommation. C'est ce qui se fait depuis longtemps en Californie.


Avec une consommation électrique nationale qui augmente (1), la question des pics  de consommation et des risques de coupures revient périodiquement.

N'est-ce pas le moment de rediscuter du modèle économique et d'instaurer un principe qui pousserait les électriciens à tout mettre en oeuvre pour réduire la consommation de leurs clients ? Cela est possible si on garantit à l'électricien un chiffre d'affaire "fixe" et si cette reduction de consommation se traduit pour lui par une augmentation de sa marge.


Utopique ? Ce système est en place en Californie depuis plus de 25 ans. L'idée commence à émerger en France, mais l'on voit bien que ce modèle demande un contrôle "politique" du secteur électrique, ce qui pour l'instant va à contre sens des directives de l'UE. Cependant des sociétés spécialisées dans la maîtrise de le demande en énergie (MDE), telles que Voltalis, commencent à évoquer ces possibilités

Regardons en détails. Le principe consiste à  demander au régulateur de l'énergie de fixer aux énergéticiens un chiffre d'affaire leur garantissant les coûts de production ainsi qu'un bénéfice suffisant pour les investissements programmés. En cas de survente, les énergéticiens rétrocèdent le surplus de bénéfice au consommateur, qui bénéficie alors d'une remise sur sa facture énergétique. A contrario la non atteinte du volume de vente entraîne automatiquement l'augmentation du prix du kWh, de moins de 5% en général afin que cela reste relativement transparent et sans grand effet sur le pouvoir d'achat du consommateur.

Le réduction devient un axe de développement

Ce concept a pour but de répondre à la demande croissante d'électricité, que ce soit par les usages ou l'augmentation du nombre de consommateurs.

Dans ce contexte, l'énergéticien aura tout intérêt à investir dans les mécanismes de réduction de la consommation électrique de ses clients, plutôt que dans de nouveaux moyens de production industriels très coûteux. Ainsi distribuer du matériel consommant peu d'énergie (ampoules basse consommation, appareils électroménager de classe A,...) ou subventionner des travaux d'isolation constitueront un axe majeur de développement pour les électriciens.

L'état de Californie, qui a mis en place ce système de découplage depuis 25 ans, compte une consommation électrique par habitant 40% au dessous de la moyenne nationale. Le leader de la vente d'électricité sur cet état, Southern California Edison, a ainsi économisé la production 4 milliards de kWh entre 2002 et 2007(2), tout en conservant le même niveau de bénéfices.

Le retour de la volonté politique
Ce dispositif à lui seul ne pourra permettre l'atteinte de réduction des émissions de CO2 souhaitée. Il faut lui associer conjointement le développement des énergies renouvelables mais aussi, peut être surtout, la diminution de la consommation de pointe, qui à elle seul pèse lourd dans l'émission de gaz à effets de serre du secteur électrique français.

Les moyens pour y parvenir existent, tels que les réseaux intelligents. Mais ils ne seront pas mis en œuvre du jour au lendemain. En effet si  les réseaux intelligents semblent répondre à cette attente de diminution de la consommation de pointe mais aussi d'intégration des énergies renouvelables dans le parc énergétique, ils nécessitent néanmoins un financement conséquent et un partenariat accru entre les acteurs du monde de l'énergie.

De plus on comprendra aisément que sans une réelle concurrence sur le marché de l'énergie, ce mécanisme n'a que peu voire pas d'intérêt et en devient même inapplicable.

Comme l'exemple le démontre, seule une volonté politique forte peut permettre de mettre en place un tel système. Le chemin à parcourir est encore long dans nos contrées européennes.

 (1) Source RTE. La consommation est poussée notamment par le développement du chauffage électrique et des appareils numériques. Un seule baisse (de 1,6% de la consommation électrique) a été enregistrée en 2009 par rapport à 2008 sous l'effet de la crise économique.

(2) Source Southern California Edison, « Power Bulletin » du 3 mars 2008


4 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Darmois
mardi 31 août 2010 15:50
"De plus on comprendra aisément que sans une réelle concurrence sur le marché de l'énergie, ce mécanisme n'a que peu voire pas d'intérêt et en devient même inapplicable."
Je dois être bête, mais je ne comprends pas "aisément" pourquoi ce modèle ne peut fonctionner qu'avec de la concurrence. Au contraire, puisque l'effacement de la pointe est un bien public. Les opérateurs en concurrence en profitent si leurs concurrents font le travail en leur laissant l'intégralité de la charge (tarifs adaptés ou investissements).
Comme l'auteur le dit lui même: "l'énergéticien aura tout intérêt à investir dans les mécanismes de réduction de la consommation électrique de ses clients"; mais comment compte-t-il conserver "ses" clients s'il a des charges supplémentaires ?
[2]
Commentaire par Brice Emonet
mercredi 01 septembre 2010 09:53
Merci pour votre commentaire.
La problématique est plus complexe. Il y a d’un côté la réduction de la consommation des clients, qui selon l’article, doit être encouragée par l’énergéticien. En effet, une consommation moindre entraînera une baisse de la facture pour le client. L’effet positif est que si l’énergéticien est performant dans ce mécanisme, il fidélisera ses clients par le prix. D’un autre côté se trouve l’effacement de la pointe qui demande le concours de l’ensemble des acteurs du secteur électrique, du producteur au consommateur, en passant par les gestionnaires de réseaux. L’effort pour y parvenir devra être global, mais il sera probablement très rentable, pourvu que le modèle économique le permette.
[3]
Commentaire par gégé
vendredi 03 septembre 2010 16:22
La californie est un des etats americains aux hivers les plus chauds donc que la consommation pour le chauffage soit moindre est une évidence.Le systeme voltalis est une arnaque pour les consommateurs.Ils repose sur le fait de couper ponctuellement le chauffage comptant sur l'inertie du logement pour freiner la baisse de température en oubliant de dire que lorsque celle ci remontera on consommera plus effaçant de fait le gain réalisé precedemment.Lui par contre ayant permis d'écreter le pic de consommation en periode de grand froid presente la facture a edf.En france,les centrales à energies fossiles ne represente que 7.5%de la consommation annuelle et il faut encore dire qu'elles sont pour l'essentiel au gaz qui comme chacun sait pollue bien mois que le fioul ou le charbon(ce chiffre est marqué sur votre facture edf).Pourquoi les operateurs sous dimentionnent leurs équipementsalors qu'ils savent parfaitement que la consommation va augmenter du fait de l'élévation du niveau de vie et de la demographie .Parce que privés ,ils ne peuvent et ne veulent investir et distribuer des dividendes aux actionnaires.Voltalis propose une vague économie de chauffage de 10% totalement inverifiable pour le commun des mortel les hivers qui se suivent ne se ressemble pas et la facture d'éléctricité peut faire des bonds tres important d'une année sur l'autre.La liberation du prix de l'énergie dans un certain nombre de pays l'angleterre par exp le démontre.Les prix s'envolent.
[4]
Commentaire par gégé
vendredi 03 septembre 2010 16:28
A l'attention du gestionnaire de ce beau site;un compteur de caracteres serait le bienvenue svp,merci
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Brice Emonet est Manager dans le secteur Energie & Utilities au sein du cabinet de conseil Magellan Consulting. Il dispose de plus de 5 ans d'expérience dans les secteurs gaziers,...

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