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Auteur
Jean- François Conil-Lacoste est Président du Directoire de l'European Power Exchange EPEX SPOT (Bourse de l'électricité).

Pourquoi il faut la transparence des prix de l’énergie en Europe


lundi 11 février 2013

Beaucoup appellent à une "Europe de l'énergie". Celle-ci implique la prise de conscience que l'énergie a un coût, et pour cela il faut une volonté politique forte des Etats.


Une tribune de Jean- François Conil-Lacoste, Président d'EPEX SPOT (Bourse de l'électricité)

Pour accéder à une politique européenne de l'énergie parfaitement efficiente, il manque encore deux pièces essentielles et interdépendantes : une volonté politique ferme pour développer des sources de production garantes des enjeux énergétiques et écologiques qui s'annoncent pour les générations futures, et assumer le fait que l'énergie est une ressource qui a un coût.

La volonté réaffirmée de la Commission Européenne le 15 novembre 2012 d'achever la mise en place du marché intérieur de l'énergie d'ici à 2014, nécessitera un engagement fort des Etats, car aujourd'hui seulement neuf pays de l'Union européenne ne réglementent pas les prix de détail de l'énergie. C'est en effet de la décision des politiques que viendra une plus large transparence sur les prix, pour contribuer à parachever la construction d'une Europe de l'énergie déjà techniquement largement intégrée, avec la séparation des activités de production, de distribution et de commercialisation, notamment en ce qui concerne le marché de l'électricité. Les grands industriels européens ont déjà bien compris le bénéfice de l'intégration des marchés de l'électricité en Europe et de la vérité des prix. Ils mesurent tous les jours, concrètement, l'avantage d'avoir accès à un mix énergétique élargi au-delà des frontières nationales, pour garantir leur sécurité d'approvisionnement, à tout moment, et à des prix lissés, reflets d'une offre et d'une demande s'exprimant sur un plus grand territoire. Un approvisionnement techniquement possible grâce à l'interconnexion des réseaux électriques aux frontières, qui permet une optimisation des excédents de production nationaux, et à l'existence de Bourses de gros sur lesquelles s'achète et se vend l'électricité excédentaire.

Dans ce contexte, la position exprimée par la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Delphine Batho et le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius le 16 novembre dernier, en ouverture du débat national sur la transition énergétique, qui appelle à la construction "d'une politique européenne de l'énergie", devrait être une incitation supplémentaire à prendre plus largement en compte le prix réel de l'énergie. Car les prix réglementés à des niveaux inférieurs aux coûts de production, comme c'est le cas pour l'électricité issue du nucléaire en France, créent une situation qui donne une fausse impression de protection, quand ils génèrent en réalité un endettement supporté en dernier ressort par la collectivité, alors que plus simplement des amortisseurs sociaux pourraient être mis en place pour les consommateurs les plus vulnérables.

Une situation qui fait croire à l'indépendance énergétique, quand en réalité le couplage des marchés permet à la France d'importer et d'exporter de l'électricité en optimisant les sources de production actuelles, et en confrontant l'offre et de la demande sur un vaste territoire connecté. Une situation qui enfin détourne de l'efficacité énergétique en déresponsabilisant le consommateur final, et qui dissuade les investissements dans de nouveaux moyens de production, dont le financement des infrastructures pourrait être soutenu dans une phase d'amorçage.

Gageons que sous la double impulsion du calendrier d'achèvement du marché communautaire de l'énergie et du débat sur la transition énergétique en France, nous saurons réconcilier les réflexions sur la compétitivité économique et les choix énergétiques, au centre desquelles l'intégration des prix de marché est une variable essentielle à la fiabilité, à la viabilité et à la pérennité du modèle qui sera retenu.

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5 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé001
mardi 12 février 2013 07:06
Excusez-moi,mais je n'ai pas compris cet article.Je sais seulement que l'énergie est à la base du développement de l'économie et qu'il faut comparer le prix de l'énergie au cout du travail:un prix trop bas de l'énergie augmente le chomage .C'est au pouvoir de rétablir l'équilibre en transférant sur l'énergie une partie des prestations sociales liées au travail.C'est un raisonnement purement économique;le travail produit de l'énergie,l'énergie remplace le travail;travail et énergie doivent être associés pour financer les prestations liées au travail(chomage,retraites...).C'est difficile à exprimer.Qui peut m'aider?
[2]
Commentaire par Hervé
mardi 12 février 2013 19:05
Il est extrêmement dangereux de laisser le prix de l?énergie se décider sur les marchés. L?énergie électrique ne se stockant pas facilement, le prix est fixé par le moyen le plus couteux mis en service pour assurer l'équilibre offre demande. Le fait de dissocier les producteur des distributeurs (cette dissociation est réalisée aujourd?hui mais ses effets négatifs sont annulés par le marché réglementé) va mettre un monopole dans les mains du privé avec toutes les conséquences que ça peut avoir en terme de spéculation, hausse de prix... Ce que vous proposez va mécaniquement faire monter les prix, certainement à votre bénéfice ainsi qu'à certains acteurs européens mais ça m'étonnerais fort que l'usager y trouve son compte au final.
[3]
Commentaire par Gépé001
mardi 12 février 2013 20:34
Il y a deux notions à prendre en compte: -le monopole lié à la nationalisation et qui a permis entre autre l'autofinancement et le financement des retraites liées à la suppression des usines à gaz et des centrales thermiques grace aux gains de productivité, -la vente au prix marginal qui semble remise en cause par la privatisation et la concurrence. Le problème est complexe et devrait être abordé par le biais de la transition énergétique.
[4]
Commentaire par Tilleul
mercredi 13 février 2013 21:26
La question de l'inégalité sociale induite en France par ce mécanisme où l'on endette la collectivité pour garder les prix de l'électricité artificiellement bas mérite en effet d'être posé. Est-il raisonnable de faire porter à tous (y compris au plus pauvre!) une dette qui profite le plus aux plus gros consommateur d'électricité qui sont également les gens les plus riches ?
[5]
Commentaire par Gépé001
jeudi 14 février 2013 08:03
Les ressources d'énergies fossiles sont considéeées comme ayant une valeur nulle,ce qui déséquilibre les relations économiques.Il faut donner une valeur à ces formes d'énergie par le biais d'une taxe qui serait utilisée pour réduire le cout du travail.
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