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 - Maître de conférences à l'IEP de Paris

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Maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, Michel Derdevet est également directeur de la communication et des affaires publiques de RTE.  Il est co-auteur de l'ouvrage : « Les réseaux...

Pour une communauté européenne de l'énergie


vendredi 07 mai 2010

Il y a 50 ans, l'Europe créait concrètement la communauté du charbon de l'acier. A l'heure de la crise grecque, il faut retrouver ce pragmatisme et lancer concrètement un grand projet, en faveur de l'environnement et du climat.


Le 9 mai 1950, à l'aube de la création de l'Europe moderne, le père de la première Communauté européenne du charbon et de l'acier, Robert Schuman, affirmait haut et fort : «Messieurs, il n'est plus question de vaines paroles, mais d'un acte hardi, d'un acte constructif. L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes, créant d'abord une solidarité de fait». La mise en commun des productions de charbon et d'acier, placée sous l'égide d'une Haute Autorité Commune, allait ainsi constituer une étape majeure vers une solidarité énergétique renforcée entre les six pays partenaires et une réussite incontestée dans la paix retrouvée du vieux continent.

Au vu de l'actualité grecque du moment, le propos de Robert Schuman a conservé toute sa pertinence. L'engagement européen de ces dernières années, exemplaire, en faveur de la lutte contre le changement climatique constitue une formidable opportunité pour amorcer une véritable politique intégrée de l?énergie, inscrite en filigrane dans l'article 194 du Traité de Lisbonne. Il faut que l'Europe, dans un moment pour le moins difficile, s'affirme comme le leader mondial dans le combat pour l?environnement et contre le réchauffement climatique

Pour cela, nous devons collectivement dépasser les patriotismes énergétiques, cette valse-hésitation permanente qui fait qu'on ne sait plus qui garantit, entre les Etats membres et l'Union , les intérêts communs des peuples d'Europe en la matière. Il est évident en effet, quels que soient les chantiers environnementaux ou énergétiques du moment, que le recours à des choix isolés, nationaux, est source de repli et de recul pour l'ensemble des économies européennes.

Afin de redonner du poids au politique, il est urgent de s'affranchir des palinodies techniques et autres débats d'experts, hermétiques au sens commun, et de faire preuve d'une ambition nouvelle en créant une vraie Communauté européenne de l'énergie, reprenant en cela la juste vision défendue depuis plusieurs mois par Jacques Delors.

Loin du repli craintif face aux pays-tiers producteurs de gaz ou de pétrole (Russie, Algérie,?), cette nouvelle Communauté pourrait nouer avec eux de vrais partenariats énergétiques, globaux et équilibrés. Elle pourrait aussi, très rapidement, s'atteler au renforcement des interconnexions et des échanges solidaires entre ses membres, nécessaires au développement et au partage - par-delà les frontières et les cultures énergétiques - des énergies décarbonées.

Face aux autres continents, cette communauté aurait comme mission d'élaborer une vraie politique industrielle commune, pour faire émerger les acteurs industriels de demain, vecteurs d'un développement énergétique respectueux de la planète. Elle devrait enfin avoir à nos yeux un volet social, en instaurant des règles communes pour l'accès de tous à l'énergie ; la pauvreté énergétique est aujourd'hui une réalité vécue par des millions d'européens, qui n'ont pu cet hiver payer leurs factures d'électricité ou de gaz et qu'on ne peut abandonner au bord de la route.

Face aux ennemis de la France, Danton invitait, hier, à de «l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace». Aujourd'hui, la France n'a plus à affronter d'ennemis sur le sol européen, devenu espace de paix, mais elle a des défis à y relever, dont l'un des plus importants concerne l'énergie. En ce domaine donc, l'invite de Danton conserve toute sa force et sa pertinence. Il faut que les responsables politiques français, comme européens, n'y restent pas sourds et sachent dans les mois à venir faire preuve de toute l'audace nécessaire.

Par l'énergie, l'Europe peut demain renouer le lien avec les locataires du vieux continent que nous sommes, expliciter le sens du projet commun et nous montrer qu'elle agit dans l'intérêt de tous, évitant ainsi caricatures et incompréhensions.

3 commentaire(s)
[1]
Commentaire par g.jacquin
vendredi 07 mai 2010 11:59
Si je décrypte ce qui est écrit, cela veut dire entre autres :

Mettez des éoliennes partout en France, nous revendrons l’énergie produite, à l'Europe !

Et comme nous la revendrons moins chère (marché spot oblige), les Français payeront la différence (CSPE) !

Et pour ce faire, on titille le patriotisme européen en parlant de la pauvreté énergétique ! C’est lamentable !

Encore une fois, devant autant de mauvaise foi, on ne peut que s’interroger… Le nucléaire est-il responsable des 300 000 cas annuel de cancer ? Êtes-vous sûr de tout nous dire ?

Sinon pourquoi promouvoir avec autant de force des énergies qui sont déjà obsolètes !

Les réacteurs de génération 4 nous mettent à l’abri pour des siècles, de cette pauvreté énergétique alors que les éoliennes nous coûtent une fortune et ne sont pas fiables quant à leur production !

Oui, monsieur Derdevet, je suis au moins d’accord avec vous sur un point ! Halte aux palinodies… et pas seulement techniques !
[2]
Commentaire par pro eole
vendredi 07 mai 2010 22:35
Sacré Jacquin, tellement anti éolien qu'il voit des éoliennes là où il n'y en a pas. Le mot n'est pas prononcé dans l'article, c'est vous qui en parlez (il ne faut pas, en parler vous rend malade).
"Déjà obsolètes" , les éoliennes ?
Par rapport à votre réacteur de 4° génération qui n'existe pas, c'est sûr !
Les pro éoliens sont dans la réalité, les anti éoliens sont dans la fiction, commme d'habitude.

A agresser ainsi le représentant de RTE, vous confirmez ce que je disais, dans un autre post, le smart grid aurait du être un magnifique symbole du Grenelle II.

Non, vous avez voulu tout résumer aux attaques contre les éoliennes, à vos mails pré formatés.

Ouvrez les yeux, un peu (même si il y a des éoliennes).
[3]
Commentaire par PELLEN
samedi 08 mai 2010 10:13
Tout, mais surtout pas ce que propose ci-dessous Michel Derdevet, que les apôtres de l’ADEME ne désavoueront probablement pas et qui sert implicitement un engagement commun en faveur des éoliennes !
Sa rhétorique incantatoire ne voit même pas que, si la profession de foi de Robert Schuman avait quelque légitimité à titre rigoureusement transitoire, dans la phase très particulière d’une reconstruction d’après guerre, elle est aujourd’hui sévèrement battu en brèche par la réalité économique du monde. Nous découvrons douloureusement, en effet, ce que nous aurions dû pressentir, à savoir qu’avoir construit une communauté économique, sans l’encadrer par une quelconque autorité politique continentale – une authentique et démocratique autorité –, fut une erreur majeure que nous n’avons pas fini de payer. L’Union Européenne ne se révèle rien d’autre qu’un bateau ivre – ou plutôt un inestimable galion ! – exposé à tous les écueils de l’océan économique et, surtout, à la convoitise de tous les pirates multipliant leurs coups de mains, depuis leurs repaires boursiers.
...Et Derdevet propose rien moins qu’aggraver notre cas dans le domaine énergétique, en faisant perdurer cette palabre stérile des bons sentiments, tandis que Russes, Chinois, Japonais, Indiens, Américains et autres Coréens fourbissent déjà leurs armes industrielles et économiques dans une bataille qui s’annonce sans merci.
Ne gaspillons plus un temps précieux à écouter nos trop nombreux Derdevet : cette bataille
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Maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, Michel Derdevet est également directeur de la communication et des affaires publiques de RTE.  Il est co-auteur de l'ouvrage : « Les réseaux...

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