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Auteur
Annemiek Planting est journaliste au magazine européen publié aux Pays-Bas, European Energy Review

Pour un éclairage public intelligent


jeudi 19 mars 2009

Un lampadaire “intelligent” sait moduler sa lumière en fonction de l’heure, du temps qu’il fait et du trafic, et il appelle quand son ampoule va claquer



D'après un article d'Annemiek Planting dans le magazine European Energy Review

Quelque 80.000 points d’éclairage urbain ont été rendus “dynamiques” en Europe au cours des dernières années. Un nombre bien modeste si l’on considère qu’il y a sur notre continent 91 millions de points lumineux publics. Et sur ces 80.000, 54.000 sont à Oslo, la capitale norvégienne.

Mais qu’est qu’un éclairage « dynamique » ? C’est un système qui vous informe exactement de la consommation de chaque lampe et vous indique à quel moment elle doit être remplacée. Un système qui adapte aussi l’intensité lumineuse selon les facteurs extérieurs, comme la luminosité du ciel, les conditions météo, la présence de travaux ou la densité de la circulation. Cette possibilité de modulation non seulement prolonge la durée de vie des lampes mais économise aussi de l’énergie. L’efficacité d’une lampe décroit vers la fin de sa vie et le fait de la remplacer à temps la rend plus économique et permet en outre de prolonger la vie de celles qui sont sur le même réseau d’éclairageEn outre, comme chaque lampadaire est connecté à un serveur central, il est possible d’organiser la maintenance avec bien plus d’efficacité.

.Ce concept de l’éclairage dynamique met pourtant du temps à s’implanter. C’est en janvier 2006 que treize organisations originaires de douze pays européens ont décidé de s’organiser pour lancer ensemble le projet « E-Street ». Prévu sur trois ans, il est en partie financé par le programme européen de l’ »énergie intelligente » (EU Intelligent Energy Europe programme) qui a fourni la moitié du budget total de 1,1 million d’euros.

Parmi les partenaires, les compagnies Hafslund Nett, Philips, Echelon et Selc, qui produisent chacune différents éléments des systèmes dynamiques, de même que les villes d’Oslo et de Göteborg, la banque d’investissement Schleswig-Holstein et le Centre régional de l’énergie de la Mer noire.

L’union européenne devrait poursuivre son financement via un nouveau programme appelé ESOLI (Energy Saving in Outdoor Lighting). La plupart des partenaires dans E-street seront impliqués dans ESOLI, avec quelques partenaires supplémentaires significatifs, notamment de France. La connaissance acquise pendant la première phase du projet devrait permettre d’améliorer la promotion des projets à un moment où un nombre grandissant de capitales (notamment Londres, Madrid et Stockholm) manifestent leur intérêt.

L’exemple d’Oslo

Le potentiel de ces systèmes dynamiques commence à être mesuré à Oslo. Le directeur du département municipal des transports, Tom Kristoffersen, a été responsable de la dynamisation de 10.000 lampes entre 2005 et 2007. « Au total, explique-t-il, la ville d’Oslo a investi 12 millions d’euros pour ces 10.000 unités : 6 millions pour le remplacement de vieux lampadaires, 3 millions pour la nouvelle technologie « intelligente » et 3 millions pour les coûts d’installation. Nous avons poursuivi l’effort et environ 15 % de l’éclairage a maintenant été modernisé. Le temps d’amortissement est maintenant estimé entre 5 et 8 ans, selon les coûts de maintenance et les prix de l’énergie. Mais les prix de la nouvelle technologie tombent rapidement avec le développement du marché et ont été divisés par deux en deux ans. Côté économies d’énergie, nous avons relevé une diminution de 62% en remplaçant simplement les lampes et en instaurant le système de la modulation. Quand le soleil se couche, les lumières s’allument automatiquement et après 20 minutes l’intensité est réduite de 100 à 70%. Au cœur de la nuit elle tombe à 40%, remonte à 70% à 5 heures du matin ».

Pour Kristoffersen, la mise en place a été étonnamment facile. « Nous utilisons le réseau existant, donc pas besoin de travaux de voirie. Les signaux entre les lampadaires et le serveur central passent par les lignes électriques puis par un système GPRS.

Des obstacles : investissement et amortisement

Selon les chiffres du projet “E-Street”, 80.000 points ont été installés, principalement au Danemark, en Norvège, en République tchèque, en Irlande, en Finlande, aux Pays-Bas et en Espagne. Les projets sont généralement conduits par les opérateurs de réseaux et financés par fonds publics.

Comme dans tout nouveau marché, il y encore des obstacles à surmonter, reconnaît Henk Walraven de Luminext. « Ils sont variables d’un pays à l’autre, poursuit-il. Les deux principaux sont d’une part le manque de sensibilité à cette évolution de la part des décideurs, des utilisateurs et des consultants, et d’autre part la question du ratio entre coût d’investissement et temps d’amortissement. Il faut s’assurer de pouvoir fournir une information fiable et indépendante. Les installations anciennes marchent encore de façon satisfaisante dans le monde entier et il est donc difficile de convaincre ceux qui décident qu'il y a un intérêt économique et financier à moderniser. La complexité apparente du système peut aussi rendre hésitant. Quant aux coûts d’investissement, les décideurs aiment avoir des chiffres précis, savoir qui va assurer les coûts et quel investisseur va en retirer les bénéfices ».







Photo copyright Nathalie P. Fotolia.com

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Annemiek Planting est journaliste au magazine européen publié aux Pays-Bas, European Energy Review

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