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Auteur
Romain Nouvel est étudiant à l'Ecole Centrale (Paris)

Politique fiction : Nice autonome en énergie en 2029


vendredi 01 mai 2009

Novembre 2008 : Nice, capitale de la Côte d'azur, connait une longue panne d'électricité. Printemps 2029 : la ville est auto-suffisante en énergie 100% verte. Rêve ou réalité ?


Cet article de Laurence Royer, étudiante à l'Ecole Centrale de Paris, a été primé au concours organisé par SIA-Conseil, L'Expansion et RTE sur le thème Energies et Avenir.

En ce printemps 2029, la politique énergétique de la Ville de Nice, enclenchée depuis plus de 15 ans, fait maintenant office de modèle pour beaucoup d’agglomérations portuaires. L’origine de cet élan remonte aux années 10 : Nice, de part sa situation à l’extrême sud-est de la France, en terminaison du réseau d’électricité national, subissaient régulièrement des problèmes de fourniture d’électricité. L’équipe municipale de l’époque avait alors donné le coup d’envoi d’un plan énergétique sans équivalent : « Assez de dépendre du reste de la métropole pour notre électricité, et des lointains conflits géopolitiques pour notre gaz ! Profitons, au niveau énergétique, des atouts naturels de notre chère cité azuréenne : le SOLEIL, la MER et les MONTAGNES à proximité ».

Ce plan ambitieux, qui concernait les 800.000 habitants de la communauté urbaine, avait pour objectif de rendre la capitale de la Côte d’Azur autonome en énergie, grâce à l’unique apport des énergies vertes. En voici les principales lignes :

Le soleil
. Afin de concrétiser son objectif « 100% de toits solaires à Nice », la municipalité avait commandé à l’entreprise locale « Cellules orgaNice » un total de 5 millions de m² de cellules photovoltaïques organiques (au coût nettement inférieur à ses concurrentes en silicium). Son rendement atteint maintenant les 15% et ses caractéristiques souples et transparentes permettent d’imiter à l’identique les tuiles traditionnelles rouges ondulées de la région. Leur incorporation aux nouvelles constructions est maintenant imposée dans le Plan Local d’Urbanisme. Ainsi, les toits de Nice forment une « centrale électrique diffuse » dont la puissance ne cesse d’augmenter (actuellement 300 MW), et dont l’énergie produite (1,5 TWh/an) répond aux besoins électriques des habitants.

La montagne
. L’énergie solaire ayant l’inconvénient d’être intermittente, de vastes travaux dans le Massif du Mercantour ont abouti à la création d’une Station de Transfert d’Energie par Pompage, constituée de deux lacs artificiels étagés, d’une centaine de millions de m3 d’eau chacun, séparés par 500 mètres de dénivelé. Ces deux bassins fonctionnent en vases communicant, reliés par une conduite d’eau dans laquelle une machine hydroélectrique réversible peut fonctionner aussi bien en pompe, qu’en turbine. Ainsi, dans la journée, le surplus d’électricité photovoltaïque générée est utilisé pour redresser l’eau du bassin aval vers le bassin supérieur, et à la tombée du jour, l’eau du bassin supérieur se déverse dans la conduite, entrainant en rotation continue les turbines et assurant les besoins énergétiques nocturnes de la ville. Ce système offre au final un « réservoir-tampon » d’électricité permettant de répondre aux pics de consommation.

La mer
. Les calories et frigories de la mer ont aussi été mises à contribution pour le confort des habitations niçoises. Une boucle d’eau de mer parcourt chaque quartier de la ville, desservissant des dizaines de sous-stations dans lesquelles des pompes à chaleur marines répondent au besoin des bâtiments environnant. Avec 1 kWh électrique, les pompes à chaleur marines produisent 3 kWh de chaleur ou 4 kWh de froid (voire les 2 simultanément à mi-saison), distribués ensuite sur les réseaux de chauffage et de climatisation. Pour alimenter cette boucle d’eau de mer immense, un système de captage/rejet a été mis en place au large de la Riviera, pompant l’eau sous la couche thermo-clim à 30m de profondeur, et la rejetant à la surface… Ce dispositif permet de limiter les impacts environnementaux en respectant l’équilibre thermique sous-marin, et cela malgré les débits considérables et la grande différence de température entre l’eau rejetée et l’eau captée.
Il est à noter que ces 3 grands axes du plan énergétique ont été accompagnés d’une multitude de mesures annexes, tel un programme d’isolation des immeubles niçois, ou une politique des transports spectaculaire : Le centre-ville, parfaitement quadrillé par les réseaux de tramway et bus, est depuis 10 ans formellement interdit à tout véhicule motorisé, excepté pour livraison.
Les avantages de cette politique énergétique ne sont pas seulement environnementaux, mais aussi économiques : 15 ans après les débuts, le considérable investissement réalisé est déjà aux 2/3 rentabilisé. Chaque fois qu’on loue le caractère visionnaire de l’indéboulonnable maire de Nice, celui-ci a le succès humble : « Notre plan n’a fait que reprendre des technologies existant déjà il y a 30 ans.»

Romain Nouvel
Ce que pourrait être en 2029 l'affiche annonçant le Forum de l'énergie:



Bibliographie :

Documents concernant les STEP (principalement expérience de Grand’Maison) :

- http://www.musee-hydrelec.fr/HTML/grandmaison.html

- http://sauvonsleclimat.fr/Climat-Energie/spip/spip.php?article29&var_recherche=grand%27maison

Documents concernant les Pompes à chaleur eau de mer (expériences de la Seyne s/mer et du Quai Antoine 1er et Forum Grimaldi à Monaco)

- http://www.ademe.fr/htdocs/publications/lettre/05/collectivites.htm

- http://www.ecolopop.info/monaco-se-chauffe-a-leau-de-mer/1395

Documents concernant le Solaire photovoltaïque organique

- Magazine CLEFS CEA, n°50-51 (Hiver 2004/2005) : « Les cellules photovoltaïques organiques: vers le tout polymère »



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Romain Nouvel est étudiant à l'Ecole Centrale (Paris)

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