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Face au monde, les entreprises européennes doivent coopérer


jeudi 28 mars 2013

Pour Andréas Görgen, responsable industriel allemand, il faut laisser les réflexes de fierté nationale entre Européens aux matchs de foot. Nous devons être en concurrence, en tant qu'Européens, avec d'autres acteurs mondiaux comme la Chine ou les Etats-Unis.


Le magazine Paris-Berlin a publié dans "L'énergie de l'avenir" (édition bilingue) le compte-rendu d'un débat entre Michel Derdevet, responsable à ERDF et maître de conférence à Sciences Po, et Andréas Görgen,responsable du groupe allemand Siemens pour le secteur énergie dans neuf pays de l'Europe du l'Ouest et du sud.

Andréas  Görgen y souligne notamment l'importance  des alliances et coopérations entre entreprises européennes de l'énergie.

La réalité industrielle peut parfois être plus avancée que la pensée politique. Aujourd'hui, on constate que la chaîne de valeur s'européanise. Pour donner un exemple, dans l'entreprise pour laquelle je travaille, une éolienne fabriquée au Danemark, peut contenir des produits français ou venant d'autres pays. Elle contient, entre autres, des produits de haute technologie française, fabriqués par Mersen, l'ancien Carbone de Lorraine. Une fois produite, elle sera prise en charge par des Anglais, des Allemands ou des Français et elle crée de l'emploi local à travers son installation, sa mise en service et sa maintenance partout où elle est installée. Pour moi, c'est ça la construction industrielle. C'est concevoir un produit européen  à travers une chaîne qui ajoute de la valeur à chaque étape dans tous nos pays.


Nous ne sommes pas dans un cadre de concurrence entre entreprises « nationales ». Siemens est avant tout une entreprise multi-locale. Dans le seul domaine de l'énergie, Siemens représente 86.000 collaborateurs dans plus de 90 pays. Prenons l'exemple français. Siemens investit dans un projet de cycle combiné lancé par l'Etat et la région Bretagne, une équipe franco-hispano-allemande travaille sur le chantier de la ligne à très haute tension entre l'Espagne et la France, les équipes françaises sont actives sur des projets en Algérie et ailleurs dans le monde.  Tout cela constitue autant de contributions actives à l'essor de l'économie française, à son savoir-faire et à sa part d'exportations.

Bien sûr, il existe une concurrence entre les produits, mais cela ne doit pas devenir un enjeu de fierté nationale entre Européens. Laissons cela plutôt pour les matchs de foot. Surtout, veillons à ce que les Etats européens ne basculent pas vers un protectionnisme à même de générer une concurrence inter-européenne là où nous devrions plutôt être en concurrence, en tant qu'Européens, avec d'autres acteurs mondiaux.

Aujourd'hui la concurrence ne se joue plus entre Brême et Brest, dans un périmètre de 1000 km, mais dans un périmètre de 10.000 km, entre l'Europe, les Etats-Unis et la Chine. Elle ne devrait plus se jouer entre deux pays qui ont, quant au nombre de leurs habitants , la taille d'une province chinoise. Je suis convaincu que cette prise de conscience est en route.

Pour Andréas Görgen, cette réalité industrielle n'est pas toujours bien comprise, aussi bien par les Etats que par les Institutions européennes :

Je pense que les industriels sont en train de construire des chaînes de valeur européennes. Mais comme cela ne correspond au cadre politique ni au niveau national ni au niveau européen, ils ne sont pas toujours valorisés. Au contraire, ils perdent sur les deux fronts politiques. En forçant le trait, la politique nationale se considère perdante en termes de champion national et la politique européenne se considère perdante car son cheval de bataille est la concurrence entre des entreprises nationales. Les deux ont alors besoin d'un concept concurrentiel d'entreprises nationales mais pour des raisons divergentes. Toutefois ni le niveau national ni le niveau européen ne sont alors le moteur ou le promoteur d'une consolidation industrielle européenne.

 Il serait souhaitable qu'on change d'approche .Ce changement se trouverait largement facilité si on construisait ensemble dès le début des industries dans des secteurs où la concurrence n'est pas encore trop dure. Par exemple dans les nouvelles technologies comme l'énergie hydrolienne. Cela nous amènerait à mieux partager les outils de production et les risques technologiques , capitalistiques et sociétaux , au lieu de pousser les feux de la concurrence même au stade d'expérimentation, forcément coûteux car financé au titre de la recherche et du développement.

Les sujets majeurs dans l'énergie concernent aujourd'hui les sujets lies aux réseaux intelligents et au stockage. Ce sont des chantiers définitivement communautaires en termes de recherche et de financement. Il serait absurde, sur de tels sujets, d'avoir 27 initiatives de R&D.

"L'énergie de l'avenir" - Paris-Berlin - édition bilingue - 65 pages

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1 commentaire(s)
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Commentaire par 430 Milliards par réacteur
vendredi 29 mars 2013 09:41
C est du bon sens ! La conclusion sur les efforts à réaliser en commun sur le stockage et le réseau intelligent est très pertinente : c est une énorme valeur ajoutée qui se profile, à la fois en termes de développement d activités et de produits pour nos entreprises (et donc nos emplois, nos finances publiques, etc.), et à la fois en termes d économies sur nos achats de pétrole et de gaz, et donc de CO2. Agir dans cette direction est le meilleur moyen de nous sortir de cette crise, dans une logique gagnant / gagnant / gagnant : développement économique dans une industrie d avenir / réduction de notre énorme facture de carburants fossiles / réduction CO2. C est la même logique qu investir 8 milliards par an pendant 4 ans pour rénover nos bâtiments «passoires ou épaves énergétiques» et économiser 4 milliards par an ensuite ! On a le choix entre le statut quo nucléaire + pétrole et gaz qui nous conduit dans le mur (à 500 milliards pour renouveler les vieilles centrales) tout en enrichissant les producteurs de pétrole qui en profitent pour financer le terrorisme, ou employer cet argent pour basculer au tout renouvelable ce qui est possible, qui coutera moins cher que les 500 milliards pour rester dans le nucléaire, et qui tarira les rentes pétrolières avec leurs guerres associées. Quand on vous propose d investir 100 E pour en récupérer 50 par an, vous hésitez longtemps ?
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