Participez aux débats sur l'énergie de demain

Auteur
Ancienne responsable d’une agence de conseil en communication, Sophie d’Anhalt a quitté le monde de la publicité pour celui de la presse professionnelle de l’environnement...

Le ciment nous coûte cher en CO2...


mardi 22 octobre 2013

C'est étonnant, mais après l'eau, le ciment est la ressource que nous consommons le plus. Le problème est qu'il est responsable de plus de 5% de nos émissions de carbone.


Voir la dernière lettre de L'Usine à GES

Après le secteur énergétique, c'est l'industrie du ciment qui est la plus émettrice de CO2.. À elle seule, elle est responsable d'au moins 5 % de nos rejets carbonés. La faute à notre consommation. Après l'eau, le ciment est la ressource que nous consommons le plus !

Et ça n'est pas fini. Selon les projections d'International Cement Review, la demande mondiale devrait tripler, entre 2001 et 2016. Si les chiffres sont exacts, la Chine consommera, en 2016, autant que la Planète dix ans plus tôt.

C'est son mode de production qui fait du ciment un gros émetteur de carbone. Pour commencer,on mélange du calcaire et de l'argile. Cet agglomérat est ensuite broyé, séché (opération très énergivore), puis cuit à 1 500 °C (autre étape bouffeuse de kilowattheures). Sorti du four, ce « clinker » est, de nouveau, broyé avant d'être mélangé à du gypse. Voici résumée la recette du Portland, le ciment de base.

Globalement,la fabrication d'une tonne de ciment relâche 800 kg à 900 kg de CO2. La demande mondiale progressant de 3 % à 4 % l'an, le bilan carbone du secteur devrait passer de 2,3 milliards de tonnes  de gaz carbonique par an, en 2005, à 3,5 milliards, en 2020.

Des méthodes pour moins d'émissions de C02

Les cimentiers travaillent, depuis des années, à alléger cette empreinte. Et ils ont commencé par le plus évident : la cuisson. À coups d'améliorations, l'efficacité énergétique des énormes fours rotatifs a été grandement améliorée. Résultat : on consomme moins d'énergie pour produire autant.

Des entreprises, comme Lafarge, ont  aussi changé de sources d'énergie. Le fioul et le charbon laissent, petit à petit, la place à des combustibles alternatifs. Certains ne sont pas des plus écolos, comme les pneus, ou des plus sains, comme les farines animales. Depuis peu, les entreprises s'orientent vers l'utilisation de la biomasse, bilan carbone (officiel) irréprochable. Le premier cimentier mondial annonce ainsi que 14  % de l'énergie qu'il utilise sont d'origine végétale. Dans six ans, ce sera la moitié.

Italcementi investit dans les renouvelables. Le groupe italien entend, à terme, produire toute l'électricité dont il a besoin. Il exploite déjà des barrages et des fermes photovoltaïques, en Italie, des centrales éoliennes en Bulgarie. Au Maroc, la maison-mère des ciments Calcia construit la première centrale solaire à concentration du royaume.

Autre piste suivie : la modification de la formulation. En remplaçant une partie du carbonate de calcium par de la bauxite et du sulfate de calcium, Vicat peut réduire de 200  °C la température de cuisson. Pour réduire la température de cuisson, Lafarge a choisi d'utiliser des cendres volantes, des pouzzolanes et des laitiers en substitution. Objectif : une diminution de 25 à 30 % des émissions de CO2 imputables à la production.

Aussi méritoires soient-ils, ces efforts restent insuffisants. Pour le moment, la production des ciments
low carbon se limite à quelques milliers de tonnes. À comparer aux 3,5 milliards de tonnes produites en 2011.
D'autre part, ces progrès ont été réalisés par des cimentiers européens. Or, les principaux pays producteurs restent la Chine, l'Inde, l'Iran, le Brésil ou la Turquie. Pour alléger son empreinte carbone, le secteur du ciment devra relancer le transfert de technologies. Une vieille revendication des pays émergents.

Réagissez à cet article
 (2) 
Nom *
Email *
Votre commentaire * (limités à 1500 caractères)
2 commentaire(s)
[1]
Commentaire par papijo
mardi 22 octobre 2013 17:12
En conclusion, espérons que la production de ciment, et donc le nombre de logements construits, vont continuer à croitre et que cela permettra à chacun de trouver un toit pour passer l'hiver au chaud (grâce aux combustibles fossiles bien sûr, le vent et le soleil, on ne peut pas garantir que ça marche à tous les coups) !
[2]
Commentaire par Photo73
jeudi 24 octobre 2013 18:37
Vive la construction des maisons en bois ! Il y a eu des progrès dans ce domaine pour un assemblage 'facile' (conception à l'origine). Et ça séquestre le CO2 de la planète.
PARTICIPEZ !
Cet espace est le vôtre !
La chaîne Energie de LExpansion.com
vous ouvre ses colonnes. Partagez vos analyses !