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 - Ingénieur, membre de "Touche pas à mon panneau solaire"

Auteur
Jeune ingénieur diplômé de l'ENSTA (2009), Guillaume Dufresne travaille depuis septembre comme ingénieur projets dans la filiale d'un fabricant allemand de modules photovoltaïques...

Photovoltaïque: le gouvernement tue la filière solaire


jeudi 27 janvier 2011

Le collectif "Touche pas à mon panneau solaire", qui a inauguré une campagne d'un nouveau style, via Facebook, en faveur de l'énergie photovoltaïque, n'est pas découragé. Il attend notamment la décision du Conseil d'Etat.


Le 28 janvier, le Conseil d'Etat rendra sa décision sur le recours déposé par le collectif "Touche pas à mon panneau solaire", qui rassemble entrepreneurs, ingénieurs, artisans ou simples passionnés des énergies renouvelables.

 Le recours vise à faire annuler le décret gouvernental du 9 décembre qui a suspendu les aides aux projets photovoltaïques en prétextant l"'emballement" la filière. Ce décret est injuste et illégal à plus d'un titre.

Revenons sur l'affaire. En octobre 2007, le Grenelle de l'environnement devait permettre à la France d'amorcer un virage dans sa politique énergétique, en faisant la part belle aux énergies renouvelables. En juin 2009, le président Sarkozy promettait que pour chaque euro investi dans la recherche nucléaire, un euro le serait également dans la recherche solaire.

Des entrepreneurs français ont depuis relevé le défi lancé par nos politiques : la filière française du photovoltaïque emploie aujourd'hui près de 25 000 personnes, et les initiatives pour produire des panneaux solaires « made in France » se multiplient.

Mais ces belles promesses semblent aujourd'hui bien loin. Le gouvernement, appuyé par un lobby nucléaire qui se veut juge et partie, retire peu à peu son soutien aux énergies renouvelables. Après l'éolien, c'est au tour du photovoltaïque de subir de plein fouet les conséquences de la volte-face de nos politiques.

Alors que l'on accorde à EDF un délai de cinq ans supplémentaires pour provisionner les sommes nécessaires au démantèlement des centrales (un parc éolien ne peut pourtant pas être installé sans avoir mis de côté cet
argent !), le marché du photovoltaïque doit subir les conséquences d'un moratoire de trois mois décidé début décembre. Déjà mises en danger par cet arrêt d'une grande partie de leur activité, les acteurs du photovoltaïque affrontent en ce moment une mascarade qui n'a de concertation que le nom, et qui doit pourtant décider de l'avenir de cette énergie et des milliers d'emplois associés.

Des propositions réalistes de la filière

Conscients que le développement du photovoltaïque ne peut se faire à un coût prohibitif pour les citoyens français, la filière a proposé un dispositif qui, tout en restant en-dessous des coûts voulus par le gouvernement, permet de dépasser les objectifs fort peu ambitieux de la France en matière de puissance renouvelable installée à l'horizon 2020.

Mais les propositions les plus constructives se heurtent à un mur de cynisme et de mauvaise foi de la part du gouvernement, qui n'a de cesse d'asséner des chiffres tous plus mensongers les uns que les autres. Chiffres qui lui sont sans doute soufflés par M. Proglio, PDG d'EDF qui affirme que le développement du photovoltaïque diminue les bénéfices de son entreprise, alors que le mécanisme du tarif de rachat et de sa compensation par la CSPE est en fait un bénéfice pour EDF(*)

La pilule est d'autant plus dure à avaler que c'est EDF, à travers sa filiale à 50% EDF EN, qui est en grande partie responsable de la crise actuelle. On a beaucoup parlé de la file d'attente de demande de raccordement au réseau électrique, signe supposé d'une explosion incontrôlée du marché photovoltaïque. Or la moitié de cette file d'attente correspond à des projets portés par EDF EN. Les grands groupes fautent, mais ce sont les
PME qui trinquent et qui doivent licencier.

La France n'est qu'une goutte d'eau dans le marché mondial du photovoltaïque, et rien n'arrêtera la marche de cette énergie qui a vu le coût de ses panneaux diminuer de moitié en moins de deux ans. Mais le refus
du gouvernement de soutenir durablement cette filière et le travail de sape du lobby du nucléaire pourraient cependant coûter leur emploi à des milliers de Français, et laisser passer ce qui est sans doute la dernière opportunité de créer une filière industrielle française capable de concurrencer les géants allemands et chinois.

La France est aujourd'hui à un tournant de sa politique énergétique. On vante les mérites d'un mix énergétique équilibré, faisant la part belle aux énergies renouvelables. Mais face à Areva capable de dépenser 16 millions
d'euros pour un spot publicitaire présentant de façon mensongère le nucléaire comme une énergie propre et renouvelable, les éoliennes et les panneaux solaires semblent bien fragiles.

Mais le plus triste est sans doute de voir que la destruction de la filière photovoltaïque française se fait sans que le grand public en ait conscience. On installe toujours plus d'éoliennes et de panneaux solaires pensent-ils... En France, certains rêvent plutôt de construire une nouvelle génération de réacteurs nucléaires, les fameux EPR, qui enchaîneront pourtant pour encore bien des décennies le sort de la France à cette énergie.


(*) Prenons l'exemple d'un particulier ayant installé un kit de 3 kWc sur son toit dans le sud de la France. Son installation produit chaque année 3600 kWh. Chaque kWh est racheté par l'EDF 58 centimes. Cette dernière
se rembourse alors grâce à une contribution payée par tous les consommateurs, la CSPE, calculée comme la différence entre le tarif de rachat de l'électricité photovoltaïque et un prix de gros sur le marché européen de l'électricité, pris à 5,4 centimes d'euros du kWh. Mais l'électricité de notre particulier est en général revendue par l'EDF près du lieu de production, à un tarif supérieur à ce « prix de gros », 12 centimes d'euros pour un autre particulier. Vous voyez l'arnaque ?
13 commentaire(s)
[1]
Commentaire par BAYARD
jeudi 27 janvier 2011 14:10
Merci!!!
Enfin un article clair et précis sur l'attitude du gouvernement dans cette affaire!
Je commençais à désespérer de voir ce scandale énorme sortir du silence organisé dans lequel il est resté cantonné jusqu'ici.
Encore une foie Mile merci.
[2]
Commentaire par TPAMPS
jeudi 27 janvier 2011 18:41
Pour plein d'autres témoignages similaires, et en vidéos libres de droit, allez sur le site web de TOUCHE PAS A MON PANNEAU SOLAIRE ici http://tpamps.fr/
[3]
Commentaire par ENRa
jeudi 27 janvier 2011 23:47
La filière 100% made in France dont vous parlez ne semble pas si bien marcher : Photowatt qui n'arrive pas à être compétitif malgré les aides octroyés vient de supprimer 92 emplois et d'en reconvertir 100.

Un bref calcul pour que vous arrêtiez de nous faire croire que le photovoltaïque va permettre à la France d'être verte:

A 5,4GW de photovoltaique, la part dans le mix en 2020 est d'environ 1% dans le mix électrique soit 0,3% dans le mix global français.
5,4GW x 1000h/an * 400€/MWh = 2Md€ en plus dans la CSPE. Ce qui correspond à la facture annuelle de la CSPE actuelle soit 5€/MWh (équivalent à la CSPE actuelle). Soit 25€/an pour un foyer non chauffé à l'électricité et plus de 50€/an pour un foyer chauffé à l'électricité.

Alors même si vous vouliez 1% de photovoltaique dans le mix français, il faudrait tripler ce volume et je ne suis pas sur que les foyers qui se chauffent à l'électricité soient prêts à payer 150€ en plus sur leur facture pour vos panneaux.

Il y a des énergies alternatives (biomasse, énergies marines, géothermie) qui permettent d'atteindre l'objectif ENR pour beaucoup moins cher, pour lesquels la France dispose d'un réel potentiel (et n'est pas aussi en retard que pour le photovoltaïque) et en plus qui créent des emplois durables. Parce qu'une fois installés, il n'y a plus rien (ou presque) à faire sur les panneaux. Le seul moyen de conserver les emplois est alors d'installer de nouveaux panneaux et d'augmenter encore la facture.
[4]
Commentaire par tpm
vendredi 28 janvier 2011 12:06
Encore la théorie du lobby nucléaire. Ce dogme ecologique qui consiste à dire "faisons de l'éolien et du solaire" n'a pas de sens en france (qu'on soit pour au contre le nucléaire, il est là), mais faut faire de la com', faut afficher des chiffres, résultats, des moyens de production qui polluent le réseau, enrichie quelques investiseurs aussi écolos que sarko est de gauche et.... la chine qui construit les panneaux à moindre prix (mais au coût écologique énorme). C'est la même chose que l'éolien. C'est pour les investisseurs et la chine que vous vous battez, pas pour la planète et encore pour moins l'intérêt de la france.
[5]
Commentaire par guillaume dufresne
vendredi 28 janvier 2011 12:36
@ ENRa: Le problème de votre analyse est qu'elle ne se concentre que sur les coûts du photovoltaique (ajourd'hui bien réels, personne ne les nie), mais sans aborder les bénéfices qu'apporte cette énergie sur le long terme. Lorsque je parle de scénario où le mix énergétique est basé essentiellement sur les renouvelables, c'est à l'horizon 2050. Ces scénarios existent et n'ont rien de fantaisiste si nous décidons de nous en donner les moyens, je vous renvoie notamment au numéro de novembre-décembre de 2010, où vous trouverez des informations qui sauront je l'espère, vous intéresser.

Je suis complètement d'accord avec vous sur le fait qu'il n'est pas acceptable que les ménages (surtout les plus défavorisés) payent 150 euros par an pour le développement du photovoltaïque.

Restons donc sur les deux milliards dont vous parlez. Le groupe TPAMPS et l'association Hespul ont proposé un mécanisme de tarif de rachat et de calcul plus juste de la CSPE (cf le problème dénoncé dans l'article) pour limiter les coûts du PV à environ 1,8 milliards d'euros par an, en installant pour 2020 non pas 5 mais 16 GWc de PV: plus que ce que l'on dépense, l'important est de connaître l'efficacité de l'utilisation qu'on en fait

[6]
Commentaire par guillaume dufresne
vendredi 28 janvier 2011 12:46
Si l'on veut avoir un mix énergétique basé sur les ENR, il faudra toutes les exploiter, car les avantages des uns pourront venir compenser les inconvénients des autres. Je ne rentrerai donc pas dans une opposition entre les différentes ENR, mais je suis désolé de vous dire que ce n'est pas avec les énergies marines que la France atteindra son objectif pour 2020 (en l'occurence c'est essentiellement avec l'éolien, le bois énergie et les biocarburants).

La difficulté du PV est que nous construisons aujourd'hui l'outil industriel qui permettra de produire une quantité significative d'énergie à l'avenir. On ne peut pas parler des coûts du PV sans évoquer la parité réseau et les bénéfices qui en découleront, ou l'analyse est extrêmement partielle et partiale.
[7]
Commentaire par guillaume dufresne
vendredi 28 janvier 2011 12:54
@ tpm: je vous invite à pousser vos recherches sur certains points que vous avancez. Je ne vois pas en quoi "faire du solaire et de l'éolien en France" est un dogme, un défi à relever oui mais si d'autres pays européens le font, pourquoi pas nous? En quoi la France est-elle moins bien armée que le Danemark, l'Allemagne, l'Angleterre ou l'Italie?

Quant au pouvoir du lobby du nucléaire, je suis désolé mais il n'est plus besoin d'en faire la démonstration (Avez-vous vu la dernière pub d'Areva ou prêté attention aux dernières sorties de M. Proglio, grand ami de notre président que vous ne semblez pas porter aux nues -cela nous fait au moins un point d'accord...-)

La filière française de production de modules existe bien avec une capacité de production de 800 MWc, mais elle risque bien de disparaître si on ne l'accompagne pas efficacement dans son développement. Les chinois eux, ne tergiversent pas. Mais les allemands, les japonais et certains américains également. Que cela vous plaise ou non, le photovoltaique fera dans 20 ans partie prenante de notre mix énergétique. Mais veut-on que tous les panneaux installés soient chinois, ou qu'une industrie française soit capable d'alimenter le marché et d'exporter des panneaux? C'est la deuxième possibilité pour laquelle je me bats, et votre discours amènera malheureusement à la première. Qui se bat pour l'avenir de la France?
[8]
Commentaire par carl
vendredi 28 janvier 2011 16:39
ba oui !!! le photovoltaïque est pas assez rentable en france ...et alors il l'est peut être plus au maroc ...on ne cultive pas la vigne dans le nord ni le chicon au sud !!! ça suffit les co..neries ...il faut arrêter les subventions irréfléchies ...moutons . C'est la même chose voir pire avec l'éolien offshore...le plus mauvais choix .. . Gigantesques elle vont en plus détruire des milliers d'emplois liés au tourisme . ...
je suis pas contre ...mais il faut réfléchir ..., investir France , faire des choix non polluants ..même si ça prend un peu plus de temps ...de toute les façons dans ces deux cas nous perdons temps et argent car c'est inacceptable ...c''est pas de l'écologie ça ...c'est un business non équitable fait par des muti nationales pour qui les préoccupations environnementales et sociales sont le cadet de leurs soucis. Quand a NKM elle confond action et révolution avec précipitation et non réflexion . ...et quand a notre président ..je comprend pas ... un jour il est contre puis plus rien .....Je suis certain que les Français sont d'accord pour faire de efforts financiers mais il ne faut pas les prendre pour des imbéciles ni les tromper !!!
dépenser mal c'est pas bien ...surtout aujourd'hui !
[9]
Commentaire par guillaume dufresne
vendredi 28 janvier 2011 16:48
@carl: allez faire un tour sur le groupe facebook touche pas à mon panneau solaire, vous verrez que beaucoup de ceux qui bossent dans le photovoltaique ne sont pas "des muti nationales pour qui les préoccupations environnementales et sociales sont le cadet de leurs soucis". On en rediscutera après...
[10]
Commentaire par carl
vendredi 28 janvier 2011 17:33
oui je comprend ....vraiment .... mais bon vous savez bien que sans crédit d'impôt et surtout sans ce prix de revente malsain de l'électricité vous n'existeriez pas ...le problème c'est le choix au départ...du crédit d'impôt ça va ..mais de la revente a un prix supérieur a celui d'EDF , ça devient trés malsain et dangereux ...vous voyez où ça mène !!!!
maintenant les panneaux solaire vont peut être baisser ...il vous faut proposer des solutions de stockage a vos clients ...pour qu'ils puissent en faire leur propre consommation ...dans l'esprit ça c'est plus écolo et sain . ...il faut aussi rester constructif ...je reconnais que c'est facile a dire pour moi ...désolé .

Vous savez j'ai reçu un appel téléphonique de soit disant EDF ...ils cherchent soit disant des surfaces de toiture .... ..situé en bord de seine ...on ne voit quasiment pas le soleil pendant les 4 mois d'hivers ...il faut arrêter ça ...le système pousse au crime et au gaspillage ! l'éolien c'est le même probléme mais en gigantesque et c'est encore pire car elles vont dénaturer des secteurs entiers ...La vue sur mer par exemple est source de nombreuses activités ...activités qui seront inévitablement touchées a cause de ces tarifs de rachat malsain et du manque de fermeté du gouvernement qui a du mal a mettre des régles en place ...ça se fait ...mais bien lentement ...années aprés années ...que du tps et d'argent perdu !!:!

[Réponse de l'auteur]
Le mécanisme du tarif de rachat a fait ses preuves comme étant celui qui permettra au plus vite d'atteindre la parité réseau, et donc aux ENR de voler de leurs propres ailes. Quand on parle du coup des énergies renouvelables, il faut faire un bilan sur 30 ou 40 ans, les tarifs de rachat en France n'existent que depuis quatre ans. Et quand on fait le bilan sur cette échelle de temps, le solaire ou l'éolien apportent des bénéfices à la société, pas des coûts... Si on avait évalué le coût des centrales nucléaires au moment où on les a construites, aucune d'entre elles n'aurait vu le jour. Cette énergie a fait beaucoup pour nous mais à mon sens elle appartient au 20 ème siècle. Nous sommes aujourd'hui devant un défi magnifique, sur le plan industriel, politique et citoyen: Faire des ENR notre seule source d'énergie à l'horizon 2050. S'il est vrai qu'il semble à priori plus judicieux d'installer des panneaux là où il y a du solaire, il ne faut pas se laisser tromper par des impressions: comment expliquer sinon que l'Allemagne batte tous les records de puissance installée, et puisse atteindre la parité réseau 5 ans avant la France: j'y ai passé 6 mois et on ne peut pas dire qu'on y soit innondé de soleil. Quant aux projets éoliens off shore, je suis d'accord avec vous, il faut faire attention à ne pas dénaturer les paysages, mais rassurez-vous, à ma connaissance les projets en développement ne se verront que très peu (ou pas du tout) depuis le littoral, en tout cas pas assez pour sinistrer des régions entières... si ils voient le jour, pour l'instant à la différence du Danemark, de l'Angleterre et de l'Allemagne, la France n'a pas réussi à installer une seule éolienne en mer. Et est très loin de ses objectifs européens, contrairement à nos partenaires dans l'UE. Objectifs contraignant au passage, ce qui signifie que nous devrons payer si nous ne les atteignons pas, ce serait tout de même dommage...
[11]
Commentaire par carl
vendredi 28 janvier 2011 22:43
oui globalement je suis favorable aux énergies renouvelables mais pas n'importe comment . je suis désolé mais en hivers durant 4 mois ,en bord de seine on voit pas souvent le soleil ....et puis les installateurs s'en foutent si votre toiture est mal orientées ...c'est contre ça , il faut lutter les abus , les mensonges et escroqueries ..ces gens la font beaucoup de mal au renouvelable et soulèvent la révolte . ...en bord de seine il est peut être préférable de dépenser l'argent dans l'isolation , pompe a chaleur eau / air etc par contre en montagne oui là le solaire peut être plus productif ... en bord de mer l'hydrolien prometteur et si il faut de l'éolien flottant a 40 km au large . là aussi l'argent promis est source de tous les abus , mensonges et escroquerie ...on nous dit que des éoliennes de 150 m de haut seront comme des allumettes sur l'horizon ...mensonge, photo truquées , propagande etc etc ...c'est contre ces menteurs qu'il faut lutter et pas contre des projets raisonnables et un minimum respectueux de l'environnement même s'ils sont raisonnablement subventionnés ....vous comprenez tout ça ...Le SER est corrompue pour les puissants pour qui l'environnement est le cadet de leur souci ...ce syndicat n'a rien d'écolo .
[12]
Commentaire par Jérôme
vendredi 04 février 2011 16:55
Bonjour
La politique sur les mécanismes de soutien aux ENR est un sujet complexe car d'une part tout le monde est conscient de l'image verte des ENR et d'autre part tout le monde sait que cela coûte plus cher (pour l'instant?) de produire des ENR (tarif d'achat des ENR supérieur au coût de production d’énergie classique).
Je pense que le plus important est de trouver un juste milieu entre le développement massif des ENR (qui occasionnerait un coût important) et une éradication totale qui serait néfaste pour l’environnement.
J’ai d’autre part plusieurs commentaires :
Concernant « l’arnaque d’EDF » sur le tarif d’achat. C’est vrai qu’in fine, EDF rachète toutes les ENR au prix spot. Néanmoins, ce prix peut être supérieur au coût de production d’EDF et donc constituer une perte pour EDF, les ENR étant par nature pour la plupart intermittentes occasionnent un coût d’équilibrage et enfin EDF n’est actuellement pas remboursé intégralement via la CSPE (manque de 3 G€ selon les estimations de la CRE).
Un mix de production constitué entièrement d’ENR est actuellement une utopie pour une raison d’équilibrage entre la production et la consommation. Actuellement la seule production ENR flexible est l’hydraulique mais son potentiel de développement en France est faible. Il est vrai que des solutions de stockage seraient un moyen flexible intéressant complémentaire aux ENR mais cela coûte cher.
[13]
Commentaire par Jérôme
vendredi 04 février 2011 16:56
Ce qui m’amène à la question : Ne vaut-il mettre notre argent dans la recherche sur le stockage et les ENR plutôt que de développer la production actuelle ? Bien entendu tout est une question de juste milieu car avoir des ENR en exploitation permet d’avoir un retour d’expérience par exemple.

[Réponse de l'auteur]
Jérôme merci pour ce commentaire équilibré, c'est agréable car ce n'est pas toujours le cas. =un mix énergétique 100% renouvelable aujourd'hui est impossible, mais je suis convaincu que si l'on investit dans une modernisation du réseau et dans le développement des techniques de stockage (aujourd'hui existantes mais imparfaites et encore beaucoup trop chères), un tel mix énergétique est réalisable à l'horizon 2050. Cela aura un coût c'est vrai, mais comme la construction d'une nouvelle flotte de réacteurs EPR (au moins 200 milliards d'euros pour le renouvellement du parc). Ce que je souhaite c'est qu'émerge un vrai débat citoyen qui oppose au coût des renouvelables au coût réel de notre solution actuelle, basée essentiellement sur le nucléaire (sans parler des responsabilités morales comme les dégâts environnementaux et sociaux sur les sites d'extraction de l'uranium, notamment au Niger).


[Réponse de l'auteur]
Quant au financement de la production d'énergie PV, la question mérite elle aussi d'être posé. Il est vrai qu'elle ne représente qu'une infime partie de notre mix énergétique. Mais le défi actuel est de permettre l'émergence d'une vraie filière industrielle française, dans la production de modules voire de cellules. Et pour se développer, une telle filière a besoin d'un marché local fort (cf nos voisins allemands, qui ont déjà installé près de 10 GWc). C'est aujourd'hui que nous avons l'opportunité de faire émerger cette filière. J'ai peur que si l'on attend encore, le marché soit définitivement abandonné aux entreprises chinoises. Dans dix ans, les prix des modules PV auront tellement diminué (ils ont déjà été divisés par deux en deux ans), que leur utilisation sera devenue, par la force des choses, une évidence... Mais il serait dommage qu'alors nous soyions condamnés à utiliser du made in china... Malheureusement, Photowatt, seul fabricant à faire des modules 100% made in France, a annoncé aujourd'hui 330 licenciements: les conséquences dramatiques de décisions politiques ridicules et rétrogrades...
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Jeune ingénieur diplômé de l'ENSTA (2009), Guillaume Dufresne travaille depuis septembre comme ingénieur projets dans la filiale d'un fabricant allemand de modules photovoltaïques...

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