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Desertec, c'est fini ...


vendredi 17 octobre 2014

Les entreprises quittent le navire « Desertec », mettant fin dans la pratique à l'idée de développer dans le désert du Sahara des capacités solaires et éoliennes contribuant à alimenter l'Europe.


Le consortium DII (Desertec Industrial Initiative), porteur dans la pratique du projet originel visant à produire dans le Sahara de l'électricité renouvelable utilisable en Europe, s'est « évaporé » en début de semaine lors d'une assemblée générale à Rome : DII, qui comptait une quarantaine d'actionnaires à parts égales, n'en compte plus que trois...

Un communiqué laconique a indiqué que « DII poursuivra ses activités sous une nouvelle forme en se concentrant principalement sur des services pour ses actionnaires, qui faciliteront la réalisation de projets en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ». Les trois actionnaires restants sont ACWA Power (Arabie Saoudite), RWE (Allemagne) et SGCC (Chine), qui venait d'arriver dans le consortium.

Le président général de Dii, Paul van Son, qui avait annoncé il y a un mois son départ, a indiqué simplement : « Lorsque DII a été créée il y a cinq ans, les énergies renouvelables au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ne jouaient aucun rôle. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Environ 70 projets ont été réalisés entre temps. DII a contribué à ce développement avec du plaidoyer, des études générales et des stratégies nationales concrètes. Cette phase est terminée et DII s'adapte à une nouvelle demande. »

DII et Fondation Desertec

Le projet Desertec est en fait une fusée à plusieurs étages. En 2009, les membres allemands du « Club de Rome », ce groupe de réflexion qui publia en 1972 un célèbre rapport intitulé « Les limites de la croissance », mirent sur pied la « Fondation Desertec », porteuse d'un projet ambitieux : établir une coopération nord-sud en produisant dans les déserts sahariens de l'électricité capable d'alimenter l'Europe, qui, en retour, soutiendrait le développement local.

Un an plus tard, un bras armé industriel, Desertec Industrial Initiative (DII), formé de grands groupes allemands et internationaux, s'attachait à mettre en ...uvre pratiquement le projet. Au départ, le projet de la Fondation DESERTEC était d'aller vers d'immenses centrales solaires dans le sud et d'envoyer la totalité de l'électricité vers l'Europe. L'idée s'est heurtée à divers problèmes : outre les questions techniques et de transport d'énergie, les pays du sud ont eu un besoin grandissant d'électricité tandis qu'il apparaissait que l'Europe, frappée par la crise, ne pourrait acheter qu'une petite partie de la production, privant ainsi les pays du sud des financements nécessaires.

DII se rendit peu à peu à cette réalité et réorienta son rôle vers un organisme cherchant à promouvoir des projets auprès d'entreprises susceptible d'investir dans ces domaines. Une polémique éclata même publiquement entre DII et la Fondation Desertec et introduisit un doute sur la viabilité des projets.

Dans le journal marocain Medias24, un porte-parole de la Fondation a commenté sans grande conviction la disparition de fait de la DII : «  la vision de la Fondation est sur un axe des temps d'une cinquantaine d'années, tandis que la DII , de par son actionnariat industriel, est sur une durée plus courte de 3 à 5 ans. Cela ne remet en rien en cause une vision Desertec qui représente un avenir, une espérance pour la jeunesse africaine qui en a bien peu dans le contexte actuel ».

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