Participez aux débats sur l'énergie de demain

Auteur
Zegreenweb est un portail grand public d'information, de consommation et de loisirs, interactif et communautaire, dédié à l'écologie, au développement durable et au bio.

Total ne veut pas exploiter le pétrole de l’Arctique


vendredi 28 septembre 2012

Le PDG de Total Christophe de Margerie estime qu'une fuite de pétrole dans l'Arctique aurait des répercussions désastreuses pour l'image du groupe. Le point de vue de la multinationale française contraste avec celui de ses concurrents.


par Guillaume Duhamel, de Zegreenweb

   Les déclarations du PDG de Total Christophe de Margerie ont été saluées par l'ONG de protection de l'environnement Greenpeace, qui milite depuis de longs mois contre les forages pétroliers dans l'océan Arctique.

Les associations de protection de l'environnement, Greenpeace en tête, n'ont de cesse d'alerter sur les risques des forages pétroliers dans l'océan Arctique, lequel, on le sait, abrite un immense vivier d'hydrocarbures [NDLR : Selon une étude de l'US Geological Survey (USGS), il pourrait même renfermer un cinquième des réserves mondiales de pétrole et de gaz qui n'ont pas encore été découvertes]. Lesdits forages doivent il est vrai avoir lieu dans des eaux particulièrement profondes et de leur point de vue, les géants de l'or noir ne sont aujourd'hui pas à même de garantir leur déroulement dans des conditions de sécurité optimales. Survenue en avril 2010 dans le Golfe du Mexique (États-Unis), l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon est restée dans toutes les mémoires. Elle a surtout provoqué d'immenses dommages sur la biodiversité locale, qui mettra des années voire des décennies à s'en remettre.

Déjà menacée par le réchauffement climatique, la pollution et la surpêche, celle du Grand Nord payerait aussi, c'est une certitude, un très lourd tribut à une catastrophe pétrolière de cette ampleur. Déterminé à y jouer les premiers rôles, le groupe anglo-néerlandais Shell a de son côté officialisé il y a quelques jours un nouveau report de son programme de forages dans la région, originellement prévu pour débuter en 2010, mais suspendu une première fois à la suite du drame de Deepwater Horizon, qui a entraîné une suspension de plusieurs mois des forages offshore dans les eaux territoriales américaines. Cette fois, c'est un problème sur le navire Arctic Challenger, doté d'un système censé éviter tout risque de marée noire lors des forages, mais qui a été « endommagé » au niveau du « dôme d'endiguement » lors d'un « test final » d'homologation,  qui a contraint la direction de l'entreprise à différer ses projets.

« Différer » seulement, pour la bonne et simple raison que Shell a déjà investi la majeure partie des... cinq milliards de dollars (environ trois milliards huit cent quatre-vingt millions d'euros) qu'il ambitionne de débourser pour s'implanter en Arctique. La multinationale entend en outre « commencer le forage du plus grand nombre possible de têtes de puits, lesquelles seront ensuite refermées avant la reprise des opérations l'année prochaine » et débuter prochainement « des forages uniquement "exploratoires" dans la mer de Beaufort », ont rapporté nos confrères du Nouvel Observateur la semaine dernière. Malmené par Greenpeace, le géant russe de l'énergie Gazprom n'a pas davantage l'intention de jeter l'éponge, mais quid de Total ?

Une fois n'est pas coutume, l'entreprise la plus prospère de l'Hexagone - que la Cour de cassation vient de déclarer responsable et coupable dans l'accident de l'Erika en décembre 1999, accident qui avait provoqué un effroyable déferlement de galettes de fioul sur quelque quatre cents kilomètres de côtes françaises - s'est nettement démarquée de ses pairs. Espère-t-elle redorer son blason ?

Toujours est-il que son PDG Christophe de Margerie, cité par le quotidien britannique Financial Times, n'y est pas allé par quatre chemins. « Du pétrole sur le Groenland, ce serait un désastre », a-t-il estimé, convaincu qu'« une fuite causerait trop de dommages à l'image de la compagnie ». Inattendus, ces propos ont été salués par le responsable de la campagne Arctique de Greenpeace Ben Ayliffen, cité par LeMonde.fr et pour qui « le reste de l'industrie pétrolière devrait tenir compte de cet avertissement ».

Ils constituent également une validation implicite de la thèse de deux chercheurs norvégiens auteurs d'une enquête parue début septembre et explicitement intitulée « L'Arctique, pas une mine d'or pour l'industrie pétro-gazière ». Selon eux, « la proportion des hydrocarbures produits dans la région ne devrait pas augmenter ». De même, « la part du pétrole de l'Arctique devrait rester stable, entre 8 et 10 % de la production globale d'ici 2050, et celle du gaz naturel tomber de 22 % aujourd'hui à environ 10 % », résume le site Internet du quotidien. De quoi tempérer certaines ardeurs.

En attendant, Total continue d'exploiter le gaz naturel dans l'Arctique et ses responsables considèrent qu'une fuite est plus facile à traiter qu'un déversement d'hydrocarbures. S'ils ont certainement raison sur ce point et que leur position tranche avec celle des directions de Shell et consorts, on aurait toutefois aimé qu'ils se montrent aussi mesurés sur la question de l'exploration des gaz de schiste. Une question de temps peut-être...

Réagissez à cet article
 (1) 
Nom *
Email *
Votre commentaire * (limités à 1500 caractères)
1 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Tigf
vendredi 05 octobre 2012 22:19
Etonnant de ne pas entendre parler dans la presse que Total est en train de trahir ses 480 employés du sud ouest. Total a demandé a ses emplyés de changer de contrat de travail en janvier 2012, passant d'un contrat Total à un contrat local Tigf en promettant de rester actionnaire de l entreprise a 100 % et de garder la possibilité de mobilité dans le groupe. Un enorme sentiment de trahison et d incompréhension a eu lieu en juillet quand Total annonce la vente de Tigf et de tous son personnel. Nous sommes bien loin des valeurs du groupe : le respect, gage de confiance et de pérennité dans nos activités et nos échanges la responsabilité, qu?elle prenne la forme de la solidarité ou du professionnalisme l?exemplarité, qui assure la crédibilité interne et externe de nos actions
PARTICIPEZ !
Cet espace est le vôtre !
La chaîne Energie de LExpansion.com
vous ouvre ses colonnes. Partagez vos analyses !