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Pierre Terzian : on ne peut pas se passer du pétrole et du gaz iraniens


vendredi 28 mars 2008

Pierre Terzian, président de Pétrostratégies, a brossé devant le "Club des Vigilants" une fresque historique des marchés pétroliers et de cette hausse continue depuis 2001 qui marque la fin du pétrole bon marché.L'Iran reste, dans ces conditions, un acteur majeur de la scène énergétique mondiale, dit-il.


default textLe monde a connu, depuis la fin de la dernière guerre mondiale, de nombreuses crises pétrolières. Certaines ont fait suite à des tentatives de nationalisation des ressources pétrolières. On peut citer la  nationalisation de Mossadegh en Iran dans les années 50 ou celle de Boumediène en Algérie en 1971. D’autres étaient provoquées par une réduction, volontaire ou involontaire, de l’offre. Dans la plupart des cas, des raisons politiques ont généré, ici ou là, une raréfaction de l’offre. On parlait alors de l’arme du pétrole. 
 
La première, en 1973-1974, fait suite à la guerre d’octobre 1973. Les pays arabes annoncent un embargo sur les livraisons de pétrole contre les pays soutenant Israël et décident d’une réduction mensuelle de 5 % de la production pétrolière jusqu’à l’évacuation complète des territoires occupés et la reconnaissance des droits des Palestiniens. La pénurie suscite une forme de panique ; les prix connaissent une ascension vertigineuse. En outre, l’OPEP augmente les prix officiels : ils quadruplent entre octobre et décembre 1973. C’est le premier choc pétrolier.
 
La seconde, en 1979, fait suite à la chute du Shah en Iran, l’arrivée de Khomeini au pouvoir et la longue crise de l’occupation de l’ambassade américaine à Téhéran. L’interruption, pendant quatre mois, des exportations iraniennes de pétrole débouche sur le doublement immédiat du prix du baril. Mais à l’inverse du premier choc pétrolier dont les effets se feront sentir jusqu’en 1978, ce second choc pétrolier fut rapide et sans lendemain. En 1986, c’est le retour de balancier. La chute des cours de pétrole est telle que l’on parle de contre-choc pétrolier. Au regard de l’histoire, les crises de 1973 et de 1979 avaient des causes assez simples et facilement identifiables.
 
La situation pétrolière actuelle est tout à fait différente. Le pétrole, qui a connu une hausse continue depuis 2001, passe la barre symbolique de 100 $ le baril. Certains spécialistes anticipent la poursuite de la hausse. D’aucuns annoncent un baril à 150 sinon 200 $. Mais pour tous, ce qui est certain, c’est la fin du pétrole bon marché. Quatre raisons majeures, toutes plus complexes les unes que les autres, sont à l’oeuvre. 
 
La première tient à l’explosion de la demande. La croissance mondiale soutenue, l’émergence de nouveaux pays "énergétivores", notamment la Chine
et l’Inde, et la demande américaine alimentent cette soif pour l’or noir. 
 
La deuxième est la conséquence d’une diminution relative de l’offre. La guerre, en Irak, le terrorisme au Nigeria,  les sanctions contre l’Iran, l’obsolescence des infrastructures pétrolières par manque d’investissement ou de personnel qualifié, comme au Vénézuela réduisent les capacités de production potentielles.

La montée des coûts de production et de raffinage en est une troisième. Plus des 3/4 des hausses des investissements des sociétés pétrolières sont absorbés par ces hausses de coûts. 
 
Enfin, la quatrième et dernière tient à la financiarisation des marchés pétroliers. A titre d’exemple, sur la plus grande Bourse pétrolière du monde, l’ICE, en 2003, 75 % des volumes de gré à gré étaient échangés électroniquement par les pétroliers eux-mêmes, 22 % par les banques et seulement 0,3 % par les Hedge Funds. En 2006, la part de ces derniers était passée à 33 % ! 
 
Peut-on, dans ces conditions, se passer du pétrole et du gaz iraniens ? La réponse est non. Avec respectivement les 3èmes et 2èmes réserves mondiales prouvées de pétrole et de gaz, l’Iran reste un acteur incontournable de la scène énergétique. D’autant que la soif mondiale pour l’or noir est loin de se tarir.

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Pierre Terzian

Président de Pétrostratégies

Dossier réalisé en collaboration avec Meriem Sidhoum Delahaye pour le Club des Vigilants
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