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La société PETROSTRATEGIES a été créée en octobre 1985 à Paris, France. Dirigée par Pierre Terzian, elle a plusieurs types d'activités autour du secteur de l'énergie: publication d'articles et d'une lettre...

Pétrole : le retour de la spéculation sur les matières premières


vendredi 12 juin 2009

Ce sont de nouveau les financiers qui donnent le « la » sur les marchés des matières premières, et le pétrole repart à la hausse ...même si ce n'est pas la matière préférée des spéculateurs


Les prix du pétrole semblent bien partis pour atteindre, en quelques enjambées, la fourchette de 75 à 80 dollars le baril considérée comme « juste » et « idéale » par l’Arabie Séoudite.
 
Si le rythme actuel de hausse des prix de 15 dollars le baril par mois se maintenait, ils pourraient même l’atteindre dès le début de juillet ; le Brent tournait déjà autour de 66 dollars début juin (comparé à 51 dollars un mois auparavant). Le niveau de prix souhaité par les Séoudiens correspond à ce qui est estimé nécessaire pour rassurer les compagnies qui hésitent à investir dans le développement des pétroles les plus coûteux : sables bitumineux et bruts extra-lourds, par exemple.
 
En principe, la hausse des prix devrait interrompre la réduction des investissements (voire les relancer) dans de nouvelles capacités de production, réduction qui inquiète au plus haut point l’AIE ; celle-ci craint que l’on ne puisse pas répondre à la hausse future de la demande si l’on n’investit pas assez. Mais l’espoir placé dans la hausse des prix pour encourager les investissements voudrait dire aussi, implicitement, que l’on ne nourrit plus beaucoup d’illusion sur une réduction substantielle des coûts d’exploration et de développement que toutes les sociétés pétrolières réclamaient, il y a encore quelques mois, mais dont on ne parle plus beaucoup aujourd’hui (on entend d’ici le soupir de soulagement des sociétés de services…).

Le rebond des prix pétroliers appelle au moins deux observations. La première, c’est que même si cette hausse est importante, elle est moins forte que celle d’autres matières premières. Ainsi, si le pétrole a retrouvé 47% de son niveau record de juillet 2008, ce ratio d’indices composites de cours de matières premières est plus élevé : 54 % pour l’AIGCL de Dow Jones et même 57 % pour le MLCX de Merrill Lynch. On peut penser que l’existence de l’OPEP est un facteur susceptible de rassurer les opérateurs du marché, car cette organisation peut, au besoin, réduire l’offre et éviter une rechute trop forte des prix. Il y aurait donc moins de risque à miser sur les prix du pétrole que sur des matières premières dont les marchés sont moins organisés. Mais, d’un autre côté, on sait que l’OPEP dispose d’une capacité de production non utilisée importante : de 6,5 millions de barils/jour actuellement, celle-ci va passer à 8 millions de barils/jour fin juin, lorsque le champ séoudien de Khurais entrera en service. Les opérateurs peuvent donc penser que l’offre OPEP de brut présente un potentiel important de hausse et que cet excédent de capacité peut peser sur les prix. Si donc ce sont les financiers qui donnent le « la » aux marchés des matières premières, comme on le pense, les plus spéculatifs d’entre eux peuvent préférer miser sur des commodités plus volatiles que le pétrole.

La deuxième observation tend à confirmer à quel point l’évolution des prix du pétrole est déconnectée par rapport aux fondamentaux. Il suffit pour cela de comparer la situation actuelle à celle qui prévalait, à prix égaux (un Brent de 66-68 dollars le baril), il y a de cela deux ans, en mai 2007. A l’époque, on s’attendait à une hausse de 1,5 million de barils/jour de la demande de pétrole sur l’année en cours, comparé à une capacité de production non utilisée de 3,7 millions de barils/jour seulement au sein de l’OPEP ; aujourd’hui, on s’attend à une baisse de 2,6 millions de barils/jour de la demande de pétrole en cours d’année, avec une capacité de production non utilisée proche de 8 millions de barils/jour. Autre comparaison édifiante : en mai 2007, les stocks commerciaux de pétrole de la zone OCDE représentaient 54 jours de consommation anticipée ; ils s’élèvent à 62,4 jours aujourd’hui. Sans compter quelque 130 millions de barils de stocks flottants de brut (un potentiel de déstockage de 4,3 millions de barils/jour sur un mois !). D’ailleurs, ces stocks élevés sont une source d’inquiétude majeure pour l’OPEP. Le retour à un niveau « raisonnable » de stocks est donc l’un des objectifs prioritaires de cette organisation, en particulier pour les Séoudiens.

1 commentaire(s)
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Commentaire par Forex
mercredi 24 juin 2009 17:19
Je pense que le pétrole est bon invesstissement en ce moment sous forme de contrat à terme.
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