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Pétrole et gaz : la nouvelle géostratégie américaine


jeudi 15 mai 2014

Les Etats-Unis seront exportateurs d'hydrocarbures d'ici 2030. C'est demain... et c'est un bouleversement considérable de la donne mondiale.


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Extraits :

Fin 2013, le Ministère américain de l'Energie confirme que la production d'hydrocarbures aux Etats-Unis a continué à croître de 13% au cours de l'année 2013, après un bond de 12% en 2012. Grâce à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, la production américaine s'approche du seuil des 8m barils/jour, et pourrait monter jusqu'à 8,5m barils/jour en 2014.

Dans le même temps, BP et l'Agence International de l'Energie confirment qu'à ce rythme, les Etats-Unis deviendront le premier producteur mondial de pétrole en 2017, atteindront l'indépendance énergétique d'ici 2020, seront exportateurs nets d'hydrocarbures d'ici 2030, et deviendront également un acteur majeur du marché du Gaz Naturel Liquéfié !



Figure 1 : production d'hydrocarbures aux Etats-Unis, 2007 - 2012 - BP World Statistical Review 2013






Vers une réduction de l'hégémonie américaine sur l'échiquier pétrolier mondial...

Jusqu'alors, les Etats-Unis étaient les plus grands importateurs de pétrole au monde, n'hésitant pas à nouer des alliances avec les pays producteurs et installer des bases militaires aux quatre coins du globe. L'objectif était double : surveiller les routes d'approvisionnement et améliorer l'accès aux ressources. Si les prévisions de l'AIE s'avèrent justes, ce revirement de la situation énergétique américaine devrait amener Washington à redéfinir son engagement dans la « sécurisation des accès et de l'approvisionnement en énergie ».

La baisse des importations américaines se traduira de façon inégale pour les fournisseurs de brut. Les importations américaines depuis le voisin canadien continueront à être privilégiées pour des raisons de proximité géographique et de sécurité géopolitique. En revanche, les importations en provenance du continent africain, du Nigéria et d'Angola notamment, devraient continuer à diminuer alors qu'elles ont déjà été divisées par deux entre 2008 et 2012. Ce regain d'indépendance énergétique consolidera donc le désengagement stratégique des américains en Afrique. Le même phénomène se profile par ailleurs vis à vis du Moyen-Orient, partenaire dont les exportations de pétrole à destination des Etats-Unis ont aussi amorcé une phase de déclin depuis 20082.

(...)

La redéfinition des stratégies commerciales des producteurs de brut
Face à la perte d'un client de l'importance des Etats-Unis, les producteurs traditionnels doivent adapter leur stratégie d'exportation et trouver de nouveaux débouchés pour leurs barils. Ce défi commercial ne les a pas déstabilisés outre mesure puisque d'une part le prix du baril reste élevé malgré les bouleversements géostratégiques observés, et d'autre part parce que la demande mondiale, estimée aujourd'hui à 89 millions de barils par jour, continue d'augmenter. En particulier, la poursuite de la croissance chinoise et ses besoins grandissants en hydrocarbures devraient naturellement faire d'elle un client tout trouvé en lieu et place des Etats-Unis.



Figure 3 : Consommation de pétrole en Chine, 2002 - 2012. Source: BP World Statistical Review 2013

Une nouvelle donne aussi pour le marché gazier

Comme le pétrole non conventionnel, l'exploitation du gaz de schiste est un atout stratégique conséquent pour les Etats-Unis. Utilisé d'abord sur le marché domestique, il est un avantage compétitif pour l'industrie américaine. A plus long terme, l'exportation de cette ressource pourra également servir à renforcer les relations américaines avec certains pays alliés notamment la Corée du Sud et le Japon. Sous réserve d'investir dans les infrastructures adéquates, il leur deviendra possible d'approvisionner en GNL la côte Pacifique de l'Asie et de rééquilibrer leur balance commerciale avec cette région. Pour les puissances asiatiques, cette opportunité permettra l'ouverture de nouvelles routes d'approvisionnement en hydrocarbures alternatives à celles surveillées ou sécurisées par Pékin.

(...)L'exploitation des hydrocarbures non conventionnels aux Etats-Unis soulève cependant des questions autour de la durabilité des gisements. L'épuisement des puits se révèle plus rapide que prévu, pour un taux de récupération souvent moindre. Contrairement aux modèles d'exploitation des gisements conventionnels, la production des puits chute drastiquement dès la première année, leur durée de vie s'établissant à environ 12 ans - contre 50 ans pour un puits de pétrole traditionnel.

Un autre risque plane sur les Etats-Unis : le détournement massif d'investissements destinés à l'innovation et aux Energies Renouvelables vers l'industrie des hydrocarbures et de la chimie. Malgré la volonté affichée par le Président Barack Obama en février 2013, les investissements dans les Energies Renouvelables ont en effet reculé en 2012 aux Etats-Unis, à l'inverse de la Chine.

Enfin, la récente crise en Ukraine pourrait, elle, permettre aux Américains d'accentuer la pression sur la Russie en incitant les européens à la sanctionner. Sans intervention militaire, et en usant de diplomatie, les Américains renforceraient leur position et pourraient redevenir un acteur clé du marché de l'énergie en Europe.

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4 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé
jeudi 15 mai 2014 13:40
Si ce problème ne nous concerne pas directement, il justifierait de l'appliquer à notre situation économique; autrement dit, quelle serait notre situation si nous produisions plus d'énergie, nucléaire ou gaz de schiste. Et si nous raisonnons en valeur, quelle serait notre situation si nous augmentions la contribution de l'énergie produite et importée, et si nous utilisions cette contribution pour réduire le cout du travail. Qui voudrait ce charger de cette étude? Elle semble être un objectif du conseil d'analyse économique et de Coe-Rexecode.
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Commentaire par Gépé
vendredi 16 mai 2014 07:06
L'énergie produite crée de la richesse. L'énergie produite que nous consommons réduit les importations. Il faut favoriser la consommation de l'énergie que nous produisons. C'est bien ce que font les Américains. Alors développons la consommation d'énergie électrique: transports, chauffage, tarification, fiscalité.
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Commentaire par Roberton
samedi 17 mai 2014 03:45
Qui dit vrai, qui dit faux, http://www.bloomberg.com/news/2014-05-15/iea-sees-higher-demand-for-opec-crude-amid-inventory-deficit.html http://www.manicore.com/fichiers/transition_energetique_reflexions.pdf
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Commentaire par AMOURA CHELIFIEN
mercredi 17 septembre 2014 18:57
Les USA resteront toujours demandeurs de petroles meme si leur production a augmenté durant ces 10 dernieres annees ,depuis l occupation de l irak,où ils ont pompé le petrole 24h sur 24h pour atteindre une production de 3,5 MILLIONS DE BARILS /jour.A ce rythme, ils ont rempli leur stock strategique de 5 ans sans importation;aujourd hui,ils entrent en guerre en irak contre les islamistes qui se sont approches des puits de petrole d où ils s approvisionnent pour alleger sa facture petroliere qui a une incidence direct sur la balance commercial.Les exportations de ce pays sont freinees par la facture elevee des hydrocarbures.L exploitation du gaz par fracturation de la roche a une limite car les gisements sont profonds;et lorsque un gisement est epuise ,il faut chercher un autre qui peut detruire la structure du sol et l effondrement du reservoir qui pourrait servir d emmagasiner encore le petrole acheté.La consommation de petrole en amerique est forte que s il y a un manque l economie americaine perira.La guerre americaine est une guerre energetique pour sauve son industrie.
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