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Diplômé de Sciences Po Paris et de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Stéphane Arpin est consultant-expert économique indépendant.Ses missions portent notamment sur l'évolution des...

Le Venezuela, futur colosse pétrolier


lundi 11 mars 2013

Les pétroles dits « non conventionnels » bouleversent la géopolitique mondiale du pétrole. Dans ses dernières années, Hugo Chavez l'avait compris : les réserves prouvées du Venezuela sont supérieures à celles de l'Arabie Saoudite !


Quel que soit le successeur d'Hugo Chavez et malgré l'incertitude des politiques à venir, le Venezuela a la capacité de devenir un colosse pétrolier.

Avec les pétroles non conventionnels localisés dans la « ceinture de l'Orénoque », le Venezuela possède à lui seul aujourd'hui près de 18% des réserves mondiales prouvées !

S'il parvient à redresser son industrie pétrolière affaiblie et donc à atteindre les objectifs de production fixés avant même la mort de
(photo d'illustration : "Bien sûr que nous pouvons !". Une        Chavez, le pays deviendrait le troisième
effigie de Chavez sur une installation pétrolière).                    producteur mondial derrière l'Arabie Saoudite et la Russie. Une situation qui bouleverserait profondément l'ordre pétrolier « ancien » dont le centre de gravité repose depuis l'après-guerre au Moyen-Orient. Les vraies révolutions ne sont pas toujours celles que l'on croit...


Cette ambition a été affichée par Chavez lui-même avec l'élaboration d'un « plan Tricolor »  sur les sept années à venir par lequel le pays souhaite mettre en production les pétroles extra-lourds de la ceinture de l'Orénoque, avec des objectifs ambitieux dès les deux prochaines années.

Une politique malthusienne

Pourtant, le secteur pétrolier aura connu des temps bien plus  « malthusiens » pendant les premières années du pouvoir de Chavez.
Dès son élection en décembre 1998, ce dernier rompt avec la politique d'offre abondante, avec dépassement des quotas de l'OPEP, menée par son prédécesseur Carlos Andres Peres qui servait les intérêts des Etats-Unis. Il procède à de spectaculaires nationalisations et promeut une nouvelle discipline au sein de l'OPEP afin  de soutenir les cours au début des années 2000, ce qui génère des tensions avec l'Arabie Saoudite. Le nouvel homme fort, inspiré par le projet de « révolution bolivarienne », noue une série d'alliances avec l'Afrique du Sud ou l'Iran, et se rapproche également de la Russie et de la Chine sous l'œil menaçant des néo-conservateurs de Washington.

Puis entre 2002 et 2003, éclate un mouvement social qui met le secteur pétrolier à l'arrêt pendant 64 jours. La production tombe en 2003 au niveau de 1991 à 2,6 millions b/j. Suite au conflit qui visait directement le pouvoir, 19 000 ouvriers et ingénieurs seront licenciés, une hémorragie de compétences qui désorganise le secteur.

En outre, la politique "noble" de vouloir utiliser la rente pour financer les dépenses sociales ponctionne très largement la compagnie nationale PDVSA : celle-ci a de moins en moins de moyens pour investir. Entre 2008 et 2011, la production recule de 10%.

 















Vers une relance de la production

Mais entre 2005 et 2010, la hausse des cours rend rentable l'exploitation de pétroles non conventionnels et la ceinture de l'Orénoque révèle de formidables gisements de pétroles extra-lourds.  Depuis 2010, c'est officiel : elle recèle quelques 240 milliards de barils de pétrole extra-lourd. Le Venezuela est à présent le premier pays en termes de réserves prouvées avec 296 milliards de barils en 2010 ...devant l'Arabie Saoudite (265 milliards).

 















Chavez comprend vite l'avantage d'exploiter cette gigantesque manne potentielle. En conséquence, à partir de 2011, il plaide pour un relèvement du quota OPEP dévolu à son pays et annonce le plan Tricolor par la voix du Ministre de l'énergie et du pétrole. Fort de ces nouvelles réserves, le leader venezuelien joue le rapport de force au sein même de l'OPEP : dans un axe anti-américain, le Venezuela est l'allié de l'Iran qui est très hostile aux saoudiens, perçus comme "inféodés à l'Occident".

Le plan Tricolor prévoit une production massive : 4,15 Millions b/j d'ici 2015 et 6 millions b/j d'ici 2021. Mais, comme bien souvent avec ces données officielles "volontaristes", la prudence s'impose.  Les obstacles pour y parvenir sont nombreux : à la fois d'ordre financier (il faut des investissements massifs en production) et technologique (il faut des compétences nombreuses et variées pour extraire les pétroles extra-lourds). L'objectif de 2015 semble être très surestimé : en moyenne, les projets mettent 8 ans pour arriver en production.





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1 commentaire(s)
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Commentaire par Geo
dimanche 17 mars 2013 20:40
Bonjour, distribuer la richesse d'un pays à son peuple Normal, mais tuer son chef qui a pris cette décision NON.
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