Participez aux débats sur l'énergie de demain

Gaz de schiste : une étude comparative sur 14 pays européens


lundi 17 décembre 2012

"Il faut creuser pour savoir !" : l'Institut Thomas More souligne dans une étude la grande imprécision des chiffres sur les réserves de gaz de schiste en Europe et dresse un tableau des législations et projets dans 14 pays.


Voir l'étude complète de l'Institut Thomas More

Aussi étonnant que cela paraisse, le débat sur l'opportunité de l'exploitation du gaz de schiste en Europe est fondé sur une immense inconnue : celle de l'état réel des réserves !

En effet, la seule évaluation globale existante est celle de l'Agence internationale de l'énergie,  qui se base sur des données géologiques des sols et non sur des explorations. Sa fiabilité est aujourd'hui mise en doute par nombre d'acteurs (...)

Mais, s'il paraît donc prudent de ne pas trop s'attarder sur les chiffres avancés par l'EIA, il ne faut pas non plus prendre pour argent comptant les études plus récentes qui, pour certaines, se basent sur des données théoriques et relativement anciennes (...).

 Le Parlement européen a récemment confirmé que les estimations restaient imprécises et révélaient seulement l'« existence de ressources énergétiques indigènes considérables ». Les seules estimations dont on dispose à ce jour sont lacunaires, imprécises et contradictoires et ne permettent pas de se faire une idée claire des enjeux réels. Mais les exemples britannique, suédois et surtout polonais montrent la voie : il faut creuser pour savoir !

Pourquoi, dans un certain nombre de pays européens, dont la France, nous interdisons-nous de connaître nos réserves ? Peut-il y avoir un vrai débat si l'état de nos ressources est inconnu ? Le débat y gagnerait en objectivité : soit les réserves sont importantes et techniquement récupérables et cela plaide en faveur de l'exploitation, sous la réserve en outre des précautions environnementales requises, soit elles sont mineures et peu accessibles et les opposants à l'exploitation disposeront d'un argument puissant...

Six pays ont commencé des études

Six pays ont d'ores et déjà procédé à des études préliminaires permettant d'évaluer la richesse potentielle en gaz de schiste de leur sous-sol : l'Allemagne, la Lituanie, les Pays-Bas, la Pologne, le Royaume-Uni et les régions autonomes du Pays basque et d'Aragon en Espagne.

Les données obtenues n'étant pas encore assez précises, la Pologne, le Royaume-Uni, les régions d'Aragon et basque en Espagne et la Suède ont choisi de débuter les forages et ainsi pouvoir décider de l'opportunité de ces projets sur la base de données concrètes. Les populations dans tous les cas ont été consultées...

Au Royaume-Uni, le Department of Energy and Climate Change avait suspendu en juin 2011 les forages suite à des séismes de magnitude 2,3 sur l'échelle de Richter dans les environs de Blackpool, prétendument provoqués par la fracturation hydraulique. Des études scientifiques ont ensuite été commandées. En janvier 2012, le British Geological Survey a conclu que les risques liés à la pollution de nappe phréatiques et de tremblement de terre ont été exagérés. Le Department of Energy and Climate Change estime donc désormais qu'il n'est plus nécessaire de maintenir le moratoire. Une décision devrait intervenir sous peu.

Trois pays partisans du moratoire

D'autres pays ont choisi la voie du moratoire, afin de se donner le temps du débat et de l'étude : l'Allemagne, les Pays-Bas et la Roumanie.

En Allemagne, le débat a conduit à la mise en place d'un comité parlementaire étudiant les perspectives de l'exploration des ressources des six Länder concernés. Ce comité, qui a un rôle de régulation, n'a pas interdit l'utilisation de la technique de la fracturation hydraulique, mais a conseillé que des régulations strictes soient adoptées. Début 2013, un débat public portant sur la législation nationale aura lieu, en complément des études scientifiques dans le but de déboucher sur une solution évaluée. En Roumanie, des protestations populaires contre l'exploitation du gaz de schiste ont poussé le gouvernement à organiser un référendum sur cette question le 9 décembre dernier. Il a été invalidé faute de participation suffisante.

La France isolée

Seuls deux pays à ce stade, la France et la Bulgarie, interdisent toute estimation plus fine et plus exacte de leur réserve, en ayant purement et simplement interdit la technique de la fracturation hydraulique - auxquels il faut ajouter la région autonome de Cantabrie en Espagne. Cette position radicale, malgré des études d'impact déjà menée en France, empêche qu'un débat serein et basé sur des données fiables puisse avoir lieu.

Pourtant la France, à l'instar du Royaume-Uni, de l'Allemagne, des Pays-Bas ou de la Norvège, dispose d'une expérience et d'acteurs industriels suffisamment forts, pour que soient menées ces campagnes d'évaluation des réserves dans les meilleures conditions environnementales possibles.

Il convient enfin de noter que deux pays, qui semblent disposer de réserves significatives, ont décidé pour l'instant de ne pas ouvrir le dossier : la Norvège et l'Italie, dont le Ministère du développement économique a clairement indiqué, dans un récent rapport, que l'exploitation du gaz de schiste n'est pas à l'ordre du jour.

L'étude a été réalisée par Florentin DEWASNES, chargé de mission, avec le
soutien de Jean-Pierre SCHAEKEN WILLEMAERS, Président du Pôle Énergie,
Climat, Environnement de l'Institut Thomas More, Laurent VINATIER, chercheur
associé


Réagissez à cet article
 (2) 
Nom *
Email *
Votre commentaire * (limités à 1500 caractères)
2 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Noschiste
lundi 17 décembre 2012 19:21
Mais non la France n'est pas "isolée" puisque l'étude indique de 43% (ou 50% si on inclue l'Espagne) des 14 pays étudiés bloquent ou n'envisagent pas la recherche ou l'exploitation des gaz de schiste. Il faut être un tout petit peu honnête dans la rédaction des tête de chapitre...
[2]
Commentaire par irisyak
mercredi 19 décembre 2012 08:34
La France a bien raison d'attendre. D'ici 5 ans nous aurons des désillusions plus nombreuses que les tenants de cette énergie ne le pensent. De plus si c'est un capital: autant l'exploiter le jour où les énergies fossiles seront très chères. http://greengrowing.over-blog .com
PARTICIPEZ !
Cet espace est le vôtre !
La chaîne Energie de LExpansion.com
vous ouvre ses colonnes. Partagez vos analyses !