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États-Unis : l’exploitation pétrolière offshore revient définitivement en grâce


jeudi 10 novembre 2011

Washington prévoit quinze ventes de concessions entre 2012 et 2017 en vue d'exploiter plus des trois quarts des ressources pétrolières inexplorées qui existent, selon les estimations, dans les eaux territoriales américaines.


Un article de Guillaume Duhamel, Zegreenweb 

Tragédie environnementale pourtant sans précédent dans leur longue histoire, l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon en avril 2010 ne leur a visiblement pas suffi. Une opinion publique indignée, un écosystème ravagé, une activité touristique passablement ralentie dans les zones concernées, des centaines de kilomètres de plages investis par des boulettes de fioul, des milliers de pêcheurs sur la paille : que leur faut-il de plus pour comprendre ?

Les États-Unis ne peuvent certes pas abandonner le pétrole du jour au lendemain, ne serait-ce que parce que le lobby de l'or noir y est tout-puissant. Il ne faut de fait pas trop en demander à ce grand pays toutefois promis à perdre son leadership économique mondial qui, à la différence de la Chine, laquelle devrait le détrôner incessamment, mise modérément sur les énergies renouvelables et où il n'y a pas de tradition « verte ». Là-bas, ils sont plus nombreux que dans les autres pays occidentaux à douter du réchauffement climatique. Là-bas, la protection de l'environnement est toujours passée au deuxième plan voire bien pire, même si l'administration Obama, qui n'a plus les mains libres depuis les élections de mi-mandat, a fait beaucoup mieux que les troupes de George W. Bush, il est vrai aux abonnées absentes en la matière.

Qu'il paraît loin désormais, le temps où la Maison Blanche tirait à boulets rouge vif sur Bp et promettait un changement du tout au tout. Plus jamais ça ? La législation entourant les normes de sécurité a beau avoir été durcie, rien n'est moins sûr, Washington ayant présenté avant-hier un programme destiné à booster la production d'hydrocarbures dans les eaux territoriales américaines.

Quinze ventes de concessions sont ainsi prévues entre 2012 et 2017, dont douze dans le Golfe du Mexique, théâtre du drame que l'on sait, et trois au large de l'Alaska où, vingt-deux ans après, les conséquences écologiques de l'échouage de l'Exxon Valdez se font toujours sentir...

« Nous devons procéder avec prudence »

Ces nouveaux permis doivent rendre plus des trois quarts des ressources inexplorées estimées du pays « disponibles pour l'exploration et le développement », a résumé le Département de l'Intérieur dans un communiqué. Le programme doit en outre constituer « un élément-clef de (la stratégie énergétique globale des États-Unis) pour faire croître l'activité économique et contribuer à réduire la dépendance au pétrole étranger, en plus de créer des emplois », a-t-il ajouté.

Le Secrétaire à l'Intérieur Ken Salazar a également précisé qu'il jette les bases d'une production de pétrole et de gaz naturel dans des régions comme « l'Arctique, où nous devons procéder avec prudence, en toute sécurité et en nous appuyant sur la science » - précisions élémentaires qui ne devraient cependant pas atténuer la colère des ONG.  Les permis seraient en l'occurrence alloués après 2017 en vue de lancer de nouvelles investigations scientifiques et de renforcer les plans de réaction à une éventuelle marée noire. Concernant le Golfe du Mexique, les leçons de Deepwater Horizon ont été retenues, assure M. Salazar. Le moratoire sur les forages dans cette zone ayant été levé plus rapidement qu'annoncé et les mesures préconisées par la Commission d'enquête nommée par la Maison Blanche dans le sillage de la catastrophe n'ayant pas toutes été adoptées, on peut néanmoins ne pas souscrire à son optimisme.

Les associations de protection de l'environnement, elles, ne devraient pas tarder à monter au créneau. Bien qu'elles ne décident pas, elles disposent de moyens d'action à même de faire reculer les autorités et la clef du « match » pourrait résider en partie aussi dans leur détermination.

Reste la hardiesse des autorités américaines, assez surprenante étant donné les bonnes intentions de l'an passé, même si les républicains et avec eux leur conservatisme énergétique ont fait leur grand retour entretemps. Sous leur pression, les profits immédiats l'emportent sur les bénéfices à long terme. Et l'exploitation jusqu'à la déraison sur la décence.

Crédit photo : / NOAA Photo Library
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