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Auteur
Elsa Caballero travaille comme consultante au secteur énergie du cabinet SIA Conseil

Comment l’Europe peut-elle s'approvisionner en gaz ?


mercredi 30 novembre 2011

Beaucoup prédisent un âge d'or du gaz. Pour l'Europe occidentale, cette perspective pose le problème de la diversification de ses sources d'approvisionnement, et donc aussi de son indépendance énergétique à l'égard de la Russie.


Les perspectives de consommation de gaz sont à nouveau à la hausse, après un ralentissement ponctuel en 2009. En 2030, la part du gaz dans le mix européen devrait etre de 30% contre 20% en 2010. De telles prévisions relancent les débats sur les sources et les moyens de transport de cette énergie montante. Elsa Caballero (SIA-Conseil) y consacre une analyse (cf texte intégral), dont voici quelques extraits :

Le gazoduc North Stream qui relie Vyborg en Russie à Greifswald en Allemagne par la mer Baltique a été inauguré le 8 novembre 2011. Cet investissement de 8,8 milliards d'euros permettra à la Russie d'occuper 30% du marché européen dès 2012. Pas étonnant que l'actionnaire majoritaire de North Stream AG2 soit Gazprom. Le reste est détenu par les Allemands BASF et E.ON à 15,5% chacun, le Néerlandais Gasunie et le Français GDF Suez à 9% chacun.

Un quart du gaz consommé en Europe provient de la Russie, dont 80 % transite par l'Ukraine. Depuis la crise de janvier 20063, au cours de laquelle Gazprom a temporairement fermé le gazoduc Yamal, cette dépendance énergétique inquiète les Européens.

Or, au sud de la Russie, au Turkmenistan et et en Azerbaidjan, le Caucase offre des ressources gazières encore peu exploitées faute d'infrastructures. La découverte de plusieurs trillions de mètres cubes de gaz dans le bloc d'Absheron en mer Caspienne en septembre 2011 illustre les potentialités de ce nouvel eldorado du gaz. Total en est l'opérateur et détient 40% du projet d'extraction, en association avec la compagnie nationale azerbaïdjanaise SOCAR (40%) et GDF Suez (20%).

L'Union Européenne défend le projet Nabucco
, pour réduire la dépendance vis-à-vis de la Russie en développant la production de la Caspienne et du Caucase. Ce gazoduc offre de surcroit la possibilité de fournir la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie, extrêmement dépendantes du gaz russe. Mais la décision d'investissement est conditionnée à l'obtention de contrats de production supplémentaires.

Pour l'heure, l'Union investit dans l'infrastructure énergétique transeuropéenne (9,1 milliards d'euros en 2011), favorisant les interconnexions, la création de hubs gaziers et in fine l'émergence d'un marché pluraliste. Cette vision de long terme exigera peut-être d'investir dans des projets de moindre ampleur avant d'acter la construction de Nabucco, qui pourrait n'être mis en service qu'en 2018.

Gazprom, à la tête du projet South Stream
, compte acheminer le gaz russe et kazakh jusqu'en Autriche en contournant l'Ukraine. Ce second canal lui permettrait notamment de desservir l'Italie, dont 9% du mix énergétique dépend du gaz d'importation. Menacée de perdre ses droits de transit, l'Ukraine propose White Stream, qui s'approvisionnerait également dans les champs russes et kazakhs.

Toutefois, l'acheminement via les gazoducs n'est plus la seule option envisagée par les pays européens. La liquéfaction du gaz et son transport par méthanier permet d'en diversifier la provenance. Le marché européen est de ce fait devenu accessible aux producteurs du Nigéria, de l'Algérie, du Moyen Orient ou de l'Asie du Sud-Est. Cette technologie pourrait être appliquée aux réserves du Caucase et de la mer Caspienne : c'est d'ailleurs l'option retenue par le projet «Azerbaijan-Georgia-Romania Interconnector» (AGRI). Celui-ci prévoit la construction d'un gazoduc de Bakou à la Géorgie, où le gaz serait liquéfié puis transporté par méthanier jusqu'en Roumanie.

Enfin, la découverte de gaz de schiste en Europe représente une source potentielle d'approvisionnement. La France et la Pologne possèdent des gisements évalués à 5.300 milliards de Gm3, qui pourraient les rendre indépendantes des gazoducs. Le commissaire à l'énergie Günther Oettinger soumettra aux Etats des normes communes sur les gaz non conventionnels au printemps 2012. Néanmoins, les incertitudes sur l'exploitation des gaz de schistes -la France privilégie le GNL5- pourraient bien faire passer cette opportunité au second plan malgré les besoins croissants de l'Europe.
5 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé001
jeudi 01 décembre 2011 07:25
Ce serait l'occasion d'utiliser une seule unité pour évaluer les quantité d'énergie:le tep,le Gm3,le MWh;utilisons le MWh et le GWh pour toutes les énergies.
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Commentaire par matonios
jeudi 01 décembre 2011 07:40
" Beaucoup prédisent un âge d'or du gaz " c'est pas compliqué d'affirmer ça ! diminution du nucléaire + ENR intermittentes comme le photovoltaïque et éolien = nouvelles centrales a gaz ......et par obligation l'exploitation inévitable des gaz de shiste ! .....merci les écolo !

[Réponse de l'auteur]
Cette hypothèse est développée par l'AIE : World Energy Outlook 2011, rapport spécial “Are We Entering a Golden Age of Gas?” http://www.iea.org/weo/docs/weo2011/WEO2011_GoldenAgeofGasReport.pdf
[3]
Commentaire par Gazoduc
vendredi 02 décembre 2011 10:11
La soi-disant « révolution de schiste » a suscité un arc en ciel d’émotions chez les grands consommateurs de gaz. L’Union européenne ne fait pas exception. Les médias occidentaux ont montré une belle image selon laquelle la production massive de gaz de schiste commencera prochainement et serait la panacée contre tous les maux énergétiques, sauvant l’Europe de l’inévitable croissance de l’importation de gaz.

Lisez plus sur mon blog http://gazoduc.livejournal.com/
[4]
Commentaire par ploublec
vendredi 02 décembre 2011 21:51
comment ? smile ....avec des éoliennes !
[5]
Commentaire par Hervé
samedi 10 décembre 2011 14:57
@ L'auteur
Très bon article, merci
Je m'interrogeais sur l'énergie nécessaire pour l'acheminement du Gaz sur de telles distances et sur l'impact relatif à la quantité transporté.
Avez-vous des informations à ce sujet?
Merci

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