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Auteur
Thibault Golfetto, 21 ans, est étudiant à l'EDHEC.

L’Europe des hydrocarbures : une nécessité impérieuse


vendredi 17 avril 2009

Energies fossiles plus rares, pressions de pays producteurs, montée en puissance des pays émergents: une diplomatie europénne de l'énergie est vitale


Cet article de Thibault Golfetto a obtenu un deuxième prix au Concours étudiant sur le thème Energies et Avenir, organisé par SIA-Conseil, L'Expansion et RTE.

Plus l’énergie d’origine fossile devient rare, plus elle devient un moyen de pression ainsi qu’une redoutable arme politique et économique. Tel est le constat que l’on peut faire concernant la sécurité des approvisionnements de gaz et de pétrole en Europe, constat parfaitement illustré par la crise russo-ukrainienne début 2009. Cet avertissement n’est évidemment pas le premier et vient une nouvelle fois nous rappeler ceci : l’Europe dépend respectivement à 90% et 80% du pétrole et du gaz extra-européen et ne dispose pas d’une politique énergétique commune. Alors comment réagir face à cette dépendance et cette insécurité ?

Tout d’abord, comme un financier diversifie son portefeuille afin de réduire son risque, les pays européens doivent s’attacher à diversifier leurs sources d’approvisionnement. Les projets de gazoducs Nordstream, Southstream ou encore Nabucco sont autant de projets qui montrent la volonté européenne de se diversifier.

Nabucco en est l’exemple phare. Ce projet, qui couvrirait 5% des besoins gaziers européens et permettrait de contourner la Russie en s’approvisionnant sur la péninsule arabique, est le symbole même de la coopération européenne puisqu’il inclut dans son financement et son organisation des compagnies à la fois européennes et exportatrices.
 
Alors qu’il y a peu de temps le projet semblait bloqué par des tensions entre l’Union Européenne et quelques un des acteurs (la Turquie et sa candidature à l’Union Européenne, l’Iran et la prolifération nucléaire), la déclaration de Budapest signée le 27 janvier dernier relance Nabucco puisqu’elle marque le début de la coopération entre les acteurs impliqués dans le projet et ouvre la voie à d’autres projets européens de diversification.

Ensuite, l’Europe doit réagir par l’investissement. Aujourd’hui, les manques en termes d’infrastructures et de technologies sont forts : les oléoducs vieillissent, les projets pétroliers en cours diminuent et le retard technologique des pays de la CEI1 fournisseurs d’hydrocarbures inquiète. Pour y remédier, il est nécessaire de favoriser les investissements en exploration, extraction, transport et infrastructures.

L’ouverture des marchés de l’énergie décidée par la Directive Européenne de 2003 a justement pour but de favoriser le libre jeu de la concurrence et donc les investissements. Et même si ces derniers tardent à se faire sentir dans un contexte de crise économique, ils devraient à terme être importants.

Un exemple intéressant à suivre est celui du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) qui permet un transport du gaz par bateau et qui constitue donc une alternative aux gazoducs, compliqués à mettre en place. Si encore peu de pays maîtrisent la technologie, la multiplication de projets de construction d’infrastructures portuaires et de méthaniers est la preuve que les pays européens investissent. En effet, le GNL pourrait assurer 15% des besoins énergétiques européens en 2030, soit le double par rapport à aujourd’hui.

Enfin, pour que l’Europe se diversifie et investisse, il est nécessaire de créer une entente au niveau européen, mais aussi entre Européens et pays exportateurs. C’est ici qu’apparaît le concept de « diplomatie de l’énergie »2. Sans partenariats stratégiques et sans politique énergétique commune, l’Europe ne peut garantir ses approvisionnements en hydrocarbures sur le long terme.
 
La volonté européenne de mettre l’énergie au cœur de ses priorités et le paquet « Energie Climat » de 2007 sont la preuve que l’Europe a bien conscience de la nécessité de mettre en place une diplomatie énergétique qui pourrait permettre aussi bien le partage de technologies que le financement et le contrôle de projets communs.

Il est donc crucial que l’Europe continue d’établir des relations multilatérales – au-delà des divergences bilatérales – avec tous les pays exportateurs, afin de multiplier les interconnexions et garantir ainsi la sécurité de ses approvisionnements gaziers et pétroliers.

Cette diplomatie de l’énergie vers laquelle l’Europe se dirige est absolument vitale (les hydrocarbures représentent encore 52% du mix énergétique européen) : en effet, avec la montée en puissance des pays émergents (Chine, Inde, …) toujours plus gourmands en énergie, il ne serait pas étonnant que les pays exportateurs se tournent vers ces pays là afin de contourner une Europe trop morcelée.

































Notes :


(1) Communauté des Etats Indépendants.
(2) Concept évoqué par Suzanne Nies dans son ouvrage
Gaz et pétrole vers l’Europe : perspectives pour les infrastructures.

Sources bibliographiques :
 
Publications et articles de l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales),
- La crise de l’énergie est-elle une chance pour l’avenir ? Charles Beigbeder – 2008 – Edition Jean-Claude Lattès.

Sources internet :

- energie.sia-conseil.com,
- www.opec.org,
- www.lemonde.fr,
- www.ladocumentationfrançaise.fr,
- www.lesechos.fr,
- www.buvauban.fr.

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