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Fukushima : les cuves des réacteurs pourraient avoir été percées


vendredi 10 juin 2011

Le gouvernement japonais craint que la fonte des combustibles ait entraîné le percement des cuves des réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale de Fukushima.


Un article de Zegreenweb par Guillaume Duhamel
 
Le rapport que le gouvernement japonais a publié hier résonne comme un mea culpa. Il table aussi sur une catastrophe nucléaire plus grave encore que ce qu'a prévu TEPCO (Tokyo Electric Power COmpany) jusqu'ici.
 
C'est un pavé de quelque sept cent cinquante pages que Tokyo a transmis hier aux experts de l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA), qui organiseront une conférence dédiée à la sûreté nucléaire du 20 au 24 juin à Vienne (Autriche), siège de l'organisme. Selon les autorités nippones, et comme le redoutaient déjà certains spécialistes, les cuves sous pression des réacteurs 1, 2 et 3 pourraient avoir été percées à la suite de la fusion des combustibles dans les jours qui ont suivi le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars dernier.
 
Les sols et les eaux du Pacifique voisin pourraient ainsi avoir été contaminés dans des proportions jusque là insoupçonnées en raison de l'accumulation de combustible au fond des enceintes de confinement qui entourent les turbines. Bien que l'hypothèse soit vraisemblable, les allégations étatiques sont toutefois à prendre avec des pincettes dans la mesure où les techniciens présents sur place n'ont pas la possibilité de voir l'état réel de l'intérieur des réacteurs. Reste que cette information intervient quelques heures à peine après que l'AIEA ait revu nettement à la hausse ses estimations de la quantité de particules radioactives rejetées par la centrale durant la première semaine de l'accident et qu'on a le sentiment que la gravité de la situation a été gravement sous-estimée au départ à la fois par TEPCO et par le gouvernement. Il ne se passe plus une semaine sans révélation(s) fracassante(s), tant et si bien qu'il n'est pas incongru de croire que l'un et l'autre aient été tentés de les distiller au compte-gouttes pour réduire les risques de panique générale.
 
« Nous ne devons pas répéter les mêmes erreurs »
 
Tancé pour sa gestion de la crise, et alors que les rumeurs de démission de l'impopulaire Premier ministre Naoto Kan continuent d'aller bon train malgré le démenti express de l'intéressé la semaine dernière, le gouvernement fait désormais profil bas et a admis dans son rapport que les instances de contrôle des centrales n'étaient pas préparées à faire face à une telle crise. Et de prôner un changement de tutelle de l'Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle, laquelle dépend actuellement du ministère de l'Industrie et dont l'AIEA avait déjà pointé le manque d'indépendance le mois dernier.

« Nous ne devons pas répéter les mêmes erreurs », a déclaré le conseiller spécial de M. Kan Goshi Hosono, selon lequel « il faudra du temps pour passer en revue tous les faits d'un accident de cette ampleur ». « Nous avons décidé de faire savoir à la communauté internationale tout ce que nous savons jusqu'ici », a-t-il ajouté, visiblement conscient des dégâts que le drame de Fukushima 1 a provoqué sur la crédibilité des décideurs.

La radioactivité dans les zones de baignade en mer, en rivière et dans les lacs sera contrôlée. Quant au renforcement des normes de sécurité autour des centrales nucléaires japonaises, il est plus que jamais à l'ordre du jour, ainsi qu'en a déjà témoigné la fermeture à titre préventif de l'unité d'Hamaoka, tout comme le développement des technologies renouvelables, de l'énergie solaire en particulier. L'objectif de 50 % d'électricité d'origine atomique à l'horizon 2030, lui, ne devrait redevenir d'actualité que si les autorités acquièrent la certitude que le Japon ne pourra pas revivre un « Fukushima bis ».
 
À défaut d'avoir su prendre ses responsabilités au moment venu, Tokyo paraît aujourd'hui déterminé à apprendre de son laxisme passé. C'est toujours ça de gagné.
 
Crédit photo : Wikimedia Commons / Kawamoto Takuo
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