Participez aux débats sur l'énergie de demain
 - Chercheur à l'ESG

Auteur
Stephen Silvestre est enseignant dans la chaire de Management des Risques Energétiques de l'ESG Management School. Voir le site RiskEnergy.fr

Élections au Japon : quel impact sur la filière nucléaire ?


mardi 20 novembre 2012

L'alternance politique au Japon est probable, avec le retour du parti le plus favorable au libéralisme économique. Relancera-t-il l'industrie nucléaire ? Il faudrait de la diplomatie, car l'opinion est hostile.


Voir le site Risk Energy de l'ESG

Suite à la dissolution de la Chambre japonaise des représentants, de nouvelles élections législatives vont avoir lieu le 16 décembre prochain.

Au terme de ce scrutin, le Parti Libéral-Démocrate (PLD) devrait revenir au pouvoir après trois ans d'alternance au profit du Parti Démocrate du Japon (PDJ) et son chef, Shinzō Abe, déjà Premier ministre en 2006-2007, est appelé à devenir le prochain chef du gouvernement.

Ce basculement politique est-il de nature à réorienter la politique nucléaire du Japon ?

À la suite l'accident de Fukusima-Daiishi, l'ensemble du parc nucléaire nippon (54 réacteurs) avait été progressivement mis à l'arrêt. Plus exactement, les autorisations administratives de remise en route ont été gelées, à l'exception notable des tranches 3 et 4 de la centrale d'Ohi, remises en route en juin dernier. En prononçant ce redémarrage, le Premier ministre sortant, Yoshihiko Noda, s'était démarqué de l'extrême réserve de son prédécesseur (Naoto Kan, en poste au moment du séisme), réaffirmant le rôle prépondérant de la filière nucléaire dans l'économie japonaise.

Néanmoins, la réticence croissante des populations riveraines et de leurs élus locaux n'aura pas permis le redémarrage d'autres centrales, en dépit des pressions de nombreux agents économiques.

Shinzō Abe devra donc traiter ce dossier avec la plus grande habileté. Dans un contexte post-tsunami de récession chronique, de balance commerciale historiquement déficitaire et de coût de l'énergie qui s'envole, la question de la relance de la filière nucléaire sera stratégique pour le nouveau gouvernement.

La situation s'illustre dans ces deux graphiques :















































Si le PLD a toujours été historiquement favorable à l'industrie, en général, et l'industrie nucléaire en particulier, il ne pourra pas faire abstraction du revirement de l'opinion publique. M. Abe s'est fixé comme priorité « le retour à une économie forte ». Issu d'une très vieille famille qui a dominé la politique après la Seconde Guerre Mondiale (son grand-père et son grand-oncle furent notamment Premiers ministres tout au long des années 1950-1960), il privilégiera l'intérêt national sur toute autre considération.

Mais la portée de ses décisions dépassera largement les frontières nippones : l'industrie nucléaire mondiale suivra de près ses prochaines déclarations.
Réagissez à cet article
 (10) 
Nom *
Email *
Votre commentaire * (limités à 1500 caractères)
10 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Patrig K
mardi 20 novembre 2012 22:01
A contrario, la France à toujours 58 réacteurs nucléaires en fonction, ce qui n?empêche pas la mise en place de l'austérité, de constater que Moody's déclasse la note de la France. AAA à AA1... // Pouvez vous nous expliquer cette anomalie économique, d'autant plus que les 75% d'énergie atomique, ne semble pas nous sortir de l'ornière dangereuse ? Et est-*ce réellement la fin de cette productions d'électricité d'origine nucléaire, qui serait la cause de cette situation économique dans ce pays, ou tout simplement la conséquence de la crise systémique mondiale, du libéralisme décomplexé, et tout simplement.. En résumé, rien ne sert de produire tant de vecteur d'énergie, si son utilisation sert à produire des objets ou services, qui ne trouvent pas preneurs ...
[2]
Commentaire par Gépé001
mercredi 21 novembre 2012 12:53
L'énergie joue un role important pour le développement de l'économie.Il y a l'énergie que l'on achète(le pétrole) qui augmente la dette et celle que l'on produit(le nucléaire) qui constitue une rente;le prix de l'énergie doit être comparé au cout du travail,ce qui permet de donner une explication à nos ennuis actuels.
[3]
Commentaire par pk
mercredi 21 novembre 2012 16:37
.....//...qui constitue une rente /// Une rente dites vous ... //....Mon grand père, qui n'était pas économiste ni encore moins atomiste, me disait souvent que pour jauger la partie, il affirmait avec malice, que c'est toujours à la fin du bal, que l'on paie les artistes. Retranscrit pour ce qui nous intéresse, c'est à la fin de tout ce qui est lié à la filière et dès lors que le traitement des déchets de cette filière sera définitivement payé, si tout se passe bien, qu'il sera temps d'affirmer ou non, si cette rente en est bien une. Hors, ce temps n'est pas près d'etre à notre portée. D'autant que l'Andra, dans sa qualité d'ingéniérie, nous assure que le stockage de BURE serait viable pour 100 000 ans ... ! RDV est donc pris ... /// celle que l'on produit(le nucléaire) , et c'est tellement plus facile, quand la ressource uranium est à bon prix , que le président Nigérien est un cadre d'AREVA ... Et que le cout de la pollution des nappes fossiles du SAHARA, n'a pas de valeur pour nos éclaireurs (parait que ce sont des lumières, pourtant) ...
[4]
Commentaire par pk
mercredi 21 novembre 2012 16:46
Il y a l'énergie que l'on achète(le pétrole)/// C'est surtout vrai, quand l'Etat nucléaire , et les régions associées pour une partie, puisent dans ce trafic, 75% de taxe, sinon plus. Un flux d'argent, qui bon an mal an, sert à renflouer les pertes d'AREVA : 4 milliards en Finlande, 2 milliards Uramin, et pour EDF , à ce jour 3 milliards à Flamanville ... Allez, je concède, juste pour ces postes , 10 milliards d'euros ! un paquet d?heures, 250 millions d?heures à 40?/unité
[5]
Commentaire par jmdesp
mercredi 21 novembre 2012 17:11
@Patrig K : Même si une majorité de notre électricité est nucléaire, cela ne représente qu'une petite partie de notre consommation totale d'énergie. Sur l'année dernières, nous avons importé 60 milliards d'énergies fossiles, déjà un gros boulet qui explique une bonne partie de la crise. Sans nucléaire, la facture s'alourdissait de grosso-modo 25 milliards (le yellow cake importé représenté nous a fait dépensé à peu près 1/10ème de ce que nous avons gagné en exportant de l'électricité). Les Allemands qui produisent une grande part de leur électricité à partir du lignite local, qui fait en plus vivre les lander sinistrés d'Allemagne de l'est, peuvent se permettre l'arrêt du nucléaire, nous ça nous reviendrait beaucoup plus cher. Pour le Japon, les estimation de l'agence internationale de l'Energie sont de l'ordre de 36 milliards de dollar par an (cf http://thebreakthrough.org/archive/npr_shunning_nuclear_carries_c " International Energy Agency says replacing the electricity from idled nuclear plants is costing Japan an extra $100 million a day" ). En fait, les japonais n'ont pas le choix et utilisent en continue ce qui est disponible soit leurs moyens de pointe, donc brulent du pétrole pour fabriquer de l'électricité, ce qui est ruineux. Par MWh consommé, ils dépensent beaucoup plus que ce que j'ai utilisé comme base pour les 25 milliards de surcout de la France (calcul avec un mix d'énergie comme nos voisins sans nucléaire, et pas celui d'une conversion dans l'urgence)
[6]
Commentaire par jmdesp
mercredi 21 novembre 2012 17:11
@Patrig K : Même si une majorité de notre électricité est nucléaire, cela ne représente qu'une petite partie de notre consommation totale d'énergie. Sur l'année dernières, nous avons importé 60 milliards d'énergies fossiles, déjà un gros boulet qui explique une bonne partie de la crise. Sans nucléaire, la facture s'alourdissait de grosso-modo 25 milliards (le yellow cake importé représenté nous a fait dépensé à peu près 1/10ème de ce que nous avons gagné en exportant de l'électricité). Les Allemands qui produisent une grande part de leur électricité à partir du lignite local, qui fait en plus vivre les lander sinistrés d'Allemagne de l'est, peuvent se permettre l'arrêt du nucléaire, nous ça nous reviendrait beaucoup plus cher. Pour le Japon, les estimation de l'agence internationale de l'Energie sont de l'ordre de 36 milliards de dollar par an (cf http://thebreakthrough.org/archive/npr_shunning_nuclear_carries_c " International Energy Agency says replacing the electricity from idled nuclear plants is costing Japan an extra $100 million a day" ). En fait, les japonais n'ont pas le choix et utilisent en continue ce qui est disponible soit leurs moyens de pointe, donc brulent du pétrole pour fabriquer de l'électricité, ce qui est ruineux. Par MWh consommé, ils dépensent beaucoup plus que ce que j'ai utilisé comme base pour les 25 milliards de surcout de la France (calcul avec un mix d'énergie comme nos voisins sans nucléaire, et pas celui d'une conversion dans l'urgence)
[7]
Commentaire par jmdesp
mercredi 21 novembre 2012 17:31
désolé pour le double post, le bouton "Visualiser" est trompeur @pk : Areva fait des bénéfices, et son chiffre d'affaire grossi, même en 2011, il faut dire que par prudence, ils sont aussi dans les EnR, avec des turbines d'éoliennes tout à fait performante. Donc rassurez vous pas un centimes des taxes sur les pétrole n'a fini chez eux. L'investissement uramin a été mauvais, mais sur le long terme avec la raréfaction de l'uranium, il serait surprenant que ce soit le cas. On peut regretter que l'exploitation de l'uranium au Niger abime les nappes phréatiques, c'est vrai, mais allez dire cela aussi aux Allemands qui détruisent celles de leur pays en exploitant le lignite, ou aux Américains qui massacrent écologiquement tout le Nigeria et son golfe en exploitant le pétrole avec des marées noires plus grandes que celle de BP sur deep horizon. Pour les déchets, nous payons déjà le retraitement à la Hague, et un seul hangar suffit pour le stockage, ce qui n'est absolument pas le cas des déchets d'une quelconque autre énergie. Pour les Américains qui y vont plus à l'économie, un terrain de 60m par 30 stocke de manière passive les futs béton de 30 ans d'exploitation d'une centrale. Une fois enterré en profondeur, il n'y a plus de dépense, sauf sur la durée intermédiaire où l'on maintient l'accès au site pour pouvoir ressortir et réutiliser les déchets si besoin. Quand on s'informe sérieusement, il ne subsiste aucune réalité derrière les affirmations de dépenses énormes.
[8]
Commentaire par pk
mercredi 21 novembre 2012 23:12
jmdesp //// pour les 60 milliards , ai je écris le contraire sur le fil, vous nous dites qu'areva rédige dans ces comptes, des bénéfices, comme toutes écritures de chiffres, il est aisé de dire ce que l'on veut à ce propos, vous nous couvrez de sainteté, ou presque, à propos des pollutions, dans un pays en principe souverain et indépendant (à tf1) , et que les autres en font autant sinon plus ! est ce à dire puisque les chinois ou tous les pékins, qui hypothèque toutes évolutions de l'avenir humain, nous pouvons en faire autant ? Et est ce compatible avec les doctrines humanistes, dont on ne cesse de s'en vanter ... A propos, le Niger, ou plutot ses habitants, sont ils gagnant gagnants, dans ce troc néo colonialiste ? Et que par ailleurs, ces populations sont interdites ou quasi sur ce territoire des droits de l'homme... Vous oubliez de plus, de signaler que Total n'est pas en reste .. Nord Sud .. Etonnez vous, de la haine de l'occident qui germe de par le monde, mais il est vrai, le nucléaire vous garantit , le droit divin des nantis .BA .. Pour le coté économique, c'est escroquerie intellectuelle, de prétendre à la rentabilité, dès lors que la ressource est quasi volé, et tant que la filière n'est pas payé jusqu'au bout du bout relisez Camus, ça vous rendra un peu humain , les livres ça sert aussi à cela, BURE est loin d?être au point, de 15 à 35 milliards en moins de 10 ans, c'est pas finit , et cesser de penser que vous seriez le seul informé , ça sent le stalinien
[9]
Commentaire par Gépé001
jeudi 22 novembre 2012 07:13
L'énergie doit être abordée surtout par l'aspect macroéconomique;travail et énergie sont liés pour produire des richesses;ils doivent être liés pour financer les retraites.
[10]
Commentaire par patrig k
jeudi 22 novembre 2012 11:33
@Gépé001.... ///pour produire des richesses;ils doivent être liés pour financer les retraites. /// Les richesses n'ont jamais été aussi importantes de nos jours, il ne suffit pas de les produire, si parla suite elles sont en grandes parties à l'abri des majorités, planquées dans les coffres fort des paradis fiscaux, entre autres. Et tout dépend, de ce que l'on y met , dans le mot richesse, est-ce simplement les moyens pour le besoin de consommer, ou la richesse d'échanger ? Ce débat énergie, ne doit pas éluder, ou se résumer à la stricte technologie, la remise en cause des modes de vies, doit etre abordé. Car de toute évidence, nos modèles ne peuvent etre appliqués pour les 7 milliards d'etre humain. Nous n'avons pas 5 planètes à notre disposition, ce point est essentiel, sans renier l'évidence des technologies en devenir.
PARTICIPEZ !
Cet espace est le vôtre !
La chaîne Energie de LExpansion.com
vous ouvre ses colonnes. Partagez vos analyses !
Auteur
Stephen Silvestre est enseignant dans la chaire de Management des Risques Energétiques de l'ESG Management School. Voir le site RiskEnergy.fr

Lire la suite

Du même auteur