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L'Union Française de électricité (UFE), est l'association professionnelle du secteur de l'électricité. Elle représente les employeurs du secteur au sein de la branche des industries électriques et gazières...

Transition énergétique : le retour du modèle suédois


mercredi 12 février 2014

Avec une stratégie résolument "bas carbone", La Suède est aujourd'hui un modèle de transition énergétique réussie sur le plan climatique et sur le plan économique. Ce pourrait bien être une source d'inspiration pertinente pour la France...


 Voir le site de l'UFE

Alors que tant de pays se sont lancés, ces dernières années, dans des transitions énergétiques qui se sont soldées par des endettements faramineux et une déstructuration profonde de leur mix énergétique, un pays a, quant à lui, transformé l'essai.

Il s'agit de la Suède dont quasiment personne ne parle jamais. Et pourtant ! Avec son mix énergétique décarboné à 61% (un record si on le compare à celui de la France qui se situe à 33%, ou encore à celui de l'Allemagne qui atteint à peine 21%), et des émissions de CO2 par habitant qui ont chuté de 36% en moins de 40 ans, la Suède affiche une réussite bien réelle en matière de politique énergétique.

Mais rien n'est dû au hasard ; la Suède a depuis fort longtemps construit toute sa stratégie climatique, économique et industrielle de façon cohérente autour de la lutte intensive contre les émissions de gaz à effet de serre et la recherche de son indépendance énergétique. Et pour y parvenir, elle s'en est donné les moyens, sans rien sacrifier de sa compétitivité économique, du confort de vie de sa population, sans rogner le pouvoir d'achat des ménages.

Les trois piliers de la réussite

La Suède a ainsi articulé sa stratégie bas-carbone autour de 3 grands axes. Tout d'abord, disposer d'un parc de production électrique quasi-totalement décarboné autour du binôme hydraulique/nucléaire (85%), complété par des ENR (11%) et un peu d'énergies fossiles de réserve.

Parallèlement, le pays a introduit une taxe carbone aux alentours de 120€ (on est loin des 5 ou 6 malheureux euros de l'actuel système européen ETS !) qui a incité industriels et gestionnaires de bâtiments à décarboner leurs installations.

Enfin, le gouvernement suédois s'est engagé dans une politique massive de transferts d'usages fondée sur une substitution croissante du pétrole par l'électricité et les ENR non-électriques (telles que la biomasse...). Son objectif ultime consistant maintenant à supprimer la totalité de la consommation des produits pétroliers dans les transports à l'horizon 2030 (soit les ¾ de la consommation de pétrole du pays), grâce aux biocarburants, aux biogaz et à l'électricité.

La croissance au rendez-vous

Le plus frappant - et de fait, le plus instructif - est que jamais la Suède n'a conditionné sa démarche autour du postulat qu'il fallait diminuer les consommations énergétiques. Bien au contraire, en se fondant avant tout sur l'objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment de carbone, la Suède s'est centrée sur le plus important : améliorer son intensité énergétique. Et elle y est parvenue remarquablement bien puisqu'entre 1995 et 2011, celle-ci a diminué de 25%, quand l'objectif public visait moins 20% !

Mieux encore, la Suède, l'un des rares pays à avoir conservé son « AAA », a vu, ces quinze dernières années, sa population croître de 7% et son PNB enregistrer une hausse de 51% ! La France, qui possède déjà un parc électrique équivalent à la Suède, pourrait utilement s'inspirer des autres piliers de la stratégie bas-carbone de cette dernière, pour construire, avec succès, sa propre politique énergétique à long terme.

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6 commentaire(s)
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Commentaire par pk
mercredi 12 février 2014 11:33
Certes, avec un mix [ disposer d'un parc de production électrique quasi-totalement décarboné autour du binôme hydraulique/nucléaire (85%), ] Pensez vous réellement, que ce modèle oit exportable sur la planète, que dans l'état actuel des ressources uranium, les réserves sont viables pour 60ans environ avec 4000 réacteurs en fonctionnement ... Autrement dit, les STEP couplées aux réacteurs , resteront des process de riches ... Et si ce modèle est tant vanté ici, c'est bien parce que le nucléaire a la prétention d'etre le GRAAL énergétique ...
[2]
Commentaire par pk
mercredi 12 février 2014 11:34
Il faut lire sont viables pour 60ans environ avec 400 réacteurs en fonctionnement ..
[3]
Commentaire par papijo
mercredi 12 février 2014 14:12
Il y a une grosse différence entre nos 2 pays, c'est la densité de la population: France: 112 hab/km² / Suède: 20 hab/km² (il reste de la place pour la biomasse et les barrages sur les fleuves), et on ne va quand même pas zigouiller les 80% de français en trop ! Et en plus, grâce à leurs STEPs, ils peuvent se permettre de stocker les surplus éoliens allemands à coût presque nul et parfois négatif, pour le leur revendre ensuite au tarif "heures de pointe" ! Lien densité population.
[4]
Commentaire par Gépé
mercredi 12 février 2014 17:23
Merci à l'auteur de prendre un cas réel de transition énergétique; mais il faudrait établir une analyse plus détaillée et la Suède est mal connue. La Suède a un potentiel hydroélectrique impressionnant qui lui permet d'avoir une production nationale importante, comme nous, mais elle dispose d'une taxe carbone et surtout des charges sociales affectant les salaires moins importantes que chez nous parce que les conditions démographiques sont plus favorables. Il serait souhaitable d'analyser les différences entre la France, la Suède et l'Allemagne du point de vue démographique, énergétique, fiscalité et structures de la valeur ajoutée des entreprises.
[5]
Commentaire par Gépé
samedi 15 février 2014 16:52
Je complète mon commentaire en précisant que la comparaison entre France, Allemagne et Suède est exposée dans la note "réforme fiscale et retour de la croissance" du cercle rexecode et que cette note complétée par la note n°6 du conseil d'analyse économique permet d'avoir la solution pour réduire le chomage et retrouver la croissance; cela consiste à financer les retraites par une taxe sur l'énergie. Merci.
[6]
Commentaire par electronlibre
lundi 17 février 2014 11:19
en Suède, l'hydro est partagée entre plusieurs acteurs, mais ça, l'UFE n'en veut pas semble t-il et préfère servir la soupe à Battistel et aux ex-monopoles.
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