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Par IRIS


Réchauffement climatique : une stratégie de communication à revoir


lundi 24 novembre 2014

Inonder le public de statistiques et de chiffres sur le climat n'est peut-être pas de bonne pédagogie : ne vaudrait-il pas mieux insister sur les conséquences pour chacun d'entre nous ?


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Une tribune de Bastien Alex, chercheur à l'IRIS, spécialiste des questions environnementales et énergétiques

La publication début novembre de la synthèse du cinquième rapport du GIEC réaffirme une nouvelle fois, si besoin était, le caractère préoccupant des évolutions du climat terrestre. La concentration de CO2 dans l'atmosphère serait à son maximum depuis 800.000 ans, comme le degré de certitude des scientifiques (95%) quant à la responsabilité anthropique dans le réchauffement planétaire.

Si le diagnostic n'est aujourd'hui plus contesté que de façon marginale, insister sur les chiffres qui le représentent (hausse des températures de 4,8°C selon le scénario le plus pessimiste) n'est pas une stratégie efficace.

L'interpellation des sociétés modernes et de leurs dirigeants via un message anxiogène et culpabilisant remettant en question, pour une grande partie, leur mode de vie, n'a guère de chance de fonctionner.

L'évocation de statistiques ou de chiffres parfois abscons peut même, a contrario, conduire à un phénomène de lassitude et de "décrédibilisation", d'autant plus lorsque ce genre d'avertissement est répété chaque année à l'approche des COP (Convention cadre pour le climat) - donc depuis vingt ans.

Le fait qu'il s'agisse d'une problématique dont les effets demeurent encore difficilement perceptibles pour l'immense majorité des habitants de la planète constitue un autre obstacle au développement et à la mise en oeuvre de politiques ambitieuses de lutte contre les causes profondes du dérèglement climatique, perçus comme contraignantes.

Etablir un lien avec la vie quotidienne

Ce ressenti, compréhensible, est principalement lié au fait que seuls les descendants des populations qui choisiront de les adopter jouiront de leurs effets bénéfiques. Pour contourner cela, il est nécessaire de réfléchir à une manière plus appropriée de diffuser les conclusions du GIEC en lien avec la vie quotidienne ou décrivant les impacts sur les activités économiques (pêche, tourisme, agriculture en lien avec la disponibilité en eau ou à la disparition de services écosystémiques, conséquences sanitaires, etc.).

Ces éléments plus concrets, pourtant présents dans les rapports, ne sont pas suffisamment visibles ni accessibles et doivent être davantage mis en valeur dans la communication de l'organisation.

"Nous avons besoin de la volonté d'évoluer, qui nous l'espérons, sera motivée par la connaissance et par la compréhension de la science des changements climatiques", déclarait, dans le communiqué publié à l'occasion de la présentation du rapport, M. Pachauri, président du GIEC (...). C'est partir du principe que l'argument scientifique et le halo de rationalité qui l'auréole gouvernent le politique et/ou l'économique.

Ce genre d'affirmation fait montre de la négligence réservée à la notion d'"acceptabilité" (issue des analyses coûts/bénéfices) qui tente de déterminer quand et pourquoi une communauté accepte une décision, pourtant centrale dans ce débat.

Ne pas oublier Lima, avant Paris

À moins d'un mois de la prochaine conférence des parties (COP20), il est également préoccupant de constater que la COP21 phagocyte le débat.

L'accent mis sur la conférence de Paris en 2015, compréhensible dans notre pays, a pour principal effet de minimiser le rôle de celle qui se tiendra au Pérou du 1er au 12 décembre 2014.

L'organisation des COP se fait normalement en triptyque (celui en cours concerne les COP 19, 20 et 21) et il faudrait que la France apparaisse plus en soutien de son partenaire péruvien.

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11 commentaire(s)
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Commentaire par papijo
lundi 24 novembre 2014 13:04
A propos du réchauffement climatique: "... insister sur les chiffres qui le représentent (hausse des températures de 4,8°C selon le scénario le plus pessimiste) n'est pas une stratégie efficace. .." . Pourquoi ? Parce que les chiffres n'ont tout simplement rien d'inquiétant (sauf pour l'auteur qui pourrait bien y perdre son gagne-pain) ? Pour ceux qui ne craignent pas "l'évocation de statistiques ou de chiffres parfois abscons ...", je conseille sur l'excellent site "pensee-unique pour les scientifiques" le dernier article d'où est tiré ce graphique regroupant, s'il veut bien s'afficher, le résultat (dispersé et alarmiste des calculs des "spécialistes autoproclamés"), le résultat des mesures (pas préoccupant du tout) et le "degré de certitude" de ces mêmes spécialistes:
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Commentaire par papijo
lundi 24 novembre 2014 13:13
Dommage, mon graphique n'est pas passé ... Il faut aller le voir sur le site "pensee-unique.fr". Et, au fait, "La Chaîne Energie" ne pourrait-elle pas de temps en temps donner la parole à un scientifique sceptique ? Cela relancerait peut-être l'intérêt du public pour les "chiffres abscons". Qui a intérêt à les tenir cachés ?
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Commentaire par Monnier
lundi 24 novembre 2014 18:00
Les médias en général, mais surtout la télévision, se chargent de nous effrayer à chaque évènement climatique qui sort un peu de l'ordinaire. --- En mettant cela sur le dos du réchauffement climatique provoqué par l'homme et le CO2, bien évidemment. --- Un peu de culture générale (pas besoin pour être journaliste) et d'honnêteté montrerait pourtant que les évènements météo spectaculaires (merci les ordiphones qui n'existaient pas il y a 10 ou 20 ans) ne sont ni plus fréquents ni plus importants qu'au cours des décennies et siècles précédents. --- Les tornades par exemple. Vous connaissez celle-ci de 1890 dans le Jura ? Niveau 4/5 (EF4) sur l'échelle de Fujita ---
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Commentaire par Monnier
lundi 24 novembre 2014 18:01
Les tornades par exemple. Vous connaissez celle-ci de 1890 dans le Jura ? Niveau 4/5 (EF4) sur l'échelle de Fujita ---
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Commentaire par Monnier
lundi 24 novembre 2014 18:03
Les tornades par exemple. Vous connaissez celle-ci de 1890 dans le Jura ? Niveau 4/5 (EF4) sur l'échelle de Fujita ---
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Commentaire par Monnier
lundi 24 novembre 2014 18:05
Les liens sont censurés ou quoi ? ---
[7]
Commentaire par Monnier
lundi 24 novembre 2014 18:07
Sans les liens ... Comme dit sur le site Keraunos : -- "Ce nombre a tendance à progresser depuis la mise en place de l'Observatoire en 2006, et ce pour deux raisons : -- - d'une part, nous assurons un suivi permanent de ce phénomène, ce qui génère nécessairement une augmentation très significative du nombre de cas analysés et expertisés ; -- - d'autre part, les technologies modernes (appareils photos numériques, téléphonie mobile) ainsi que les réseaux sociaux favorisent un partage rapide des informations et donc une efficacité accrue dans le recensement des tornades, et notamment des plus faibles d'entre elles.
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Commentaire par Monnier
lundi 24 novembre 2014 18:13
Si les liens sont censurés, vous pouvez toujours chercher " tornade-saint-claude-19-aout-1890 " et aussi " tornade-montville-19-aout-1845 " . Avec un peu de chance.
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Commentaire par PIGNAN
mardi 25 novembre 2014 08:44
Le sujet est extrêmement complexe, et la communication ne peut qu'être difficile.Mais, plus que tout, c'est la forme retenue de synthèse des travaux sous la supervision globale du GIEC qui pertube les messages et nuit à leur crédibilité. Que les scientifiques travaillent et publient leurs résultats sans interférence politique, et que les politiques fassent leur travail de leur côté.
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Commentaire par jipebe29
vendredi 05 décembre 2014 20:24
Il faudrait surtout dire aux citoyens que la TMAG (température moyenne annuelle globale) est stable depuis 18 ans, alors même que, sur cette période, nous avons émis 40% de toutes nos émissions de CO2 depuis le début de l'ère industrielle, et que les projections des modèles numériques divergent de plus en plus des observations. Mais la propagande carbocentriste se garde bien de préciser ces observations fort dérangeantes pour les thèses du GIEC/IPCC...
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Commentaire par jipebe29
vendredi 05 décembre 2014 20:34
Le résumé du rapport scientifique, c'est du pipeau? Le résumé pour les décideurs, le SPM, est mis au point par les représentants des gouvernements, donc par les diplomates et des fonctionnaires, et il n?a aucune valeur scientifique. En fait, curieusement, plus les thèses du GIEC sont mises à mal par Mère Nature (par exemple, plus de RC depuis 18 ans), plus le SPM accuse l?homme d?être responsable de RC. Le SPM est publié en premier avec une forte médiatisation, puis le rapport scientifique AR5 est obligé, dans sa synthèse, de se mettre en conformité avec lui. Cela veut dire qu?un rapport sans aucune valeur scientifique impose sa loi à un rapport scientifique. Cette procédure, typique de celles de l?ONU, dont le GIEC est un satellite chargé de convaincre par tous les moyens de la réalité du RC et de la responsabilité de l?homme (cf les statuts du GIEC), est absurde et aboutit à leurrer les politiques et les citoyens du monde. Bref, ce dogme du Réchauffement Climatique Anthropique est le plus grand scandale planétaire de notre époque.
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