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Produire localement n'est pas forcément « vert »


mardi 05 juillet 2011

Cultiver les produits alimentaires près de la zone de consommation ne réduit pas forcément le coût en CO2. Car la densité urbaine reste malheureusement le meilleur moyen de réduire les émissions de gaz à effet de serre, selon un universitaire de Harvard.


« La chaîne Energie » a plusieurs fois parlé des « fermes urbaines » permettant de produire hors sol des fruits et légumes (voir les travaux du Pr Despommiers et l'idée de serres sur échangeurs d'autoroutes..). L'idée suscite un débat aux Etats-Unis où villes et campagnes sont très séparées et où les enfants n'ont souvent jamais vu une plante pousser ...
 
Beaucoup de métropoles américaines songent ainsi à rapprocher les exploitations agricoles des villes. Mais ces projets de fermes urbaines, quelquefois très audacieux puisque certains imaginent des gratte-ciels agricoles, ne sont peut-être pas aussi vertueux qu'on pourrait l'imaginer Edward L. Glaser, professeur d'économie à l'Université de Harvard, a souligné dans un article au Boston Globe (voir sa tribune) repris par Inhabitat (voir papier), que les fermes urbaines ont pour effet de réduire la densité urbaine et donc d'accroître les allers et retours centre ville-banlieue qui sont une des caractéristiques américaines. Une caractéristique qui pose des problèmes difficiles tant pour le climat que pour les dépenses en carburant.

 
Selon lui, si l'Amérique ramenait vers les zones urbaines 7,2 p.c. des surfaces agricoles et pastorales, la densité urbaine serait réduite de moitié et les émissions de CO2 augmenteraient de 1,77 tonnes par famille et par an. Par comparaison, les émissions dues actuellement à l'alimentation des Américains sont estimées à 8,9 tonnes de C02.
 
Certes, il faudrait en déduire les économies réalisées par la baisse des transports des produits agricoles. Mais selon une étude de la Carnegie Mellon University, cette réduction des coûts de livraison ne serait que de 0,4 tonnes de C02 par an et par famille.
 
En conclusion, il est plus coûteux en C02 de déplacer les gens que de transporter les produits...
 
Le même type de raisonnement s'applique à d'autres exemples, selon le Pr Glaser. Il a souligné qu'une étude britannique récente montre que manger des tomates anglaises en Angleterre conduit à trois fois plus d'émissions de GES que manger des tomates espagnoles. Car le coût énergétique (engrais compris) de la production dans un pays froid dépasse de beaucoup l'économie en transport. Même l'agneau néo-zélandais mangé à Londres produit moins de gaz à effet de serre que l'agneau anglais mangé sur place !

Selon le calcul d'un étudiant de Berkeley, Steven Sexton, cité par le Pr Glaser, le maïs dont les Américains font une grande consommation demande 35% de plus d'engrais et 22,8% d'énergie supplémentaire s'il est produit localement plutôt qu'apporté de grandes exploitations plus lointaines.
 
 
 
1 commentaire(s)
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Commentaire par patrig k
mardi 05 juillet 2011 17:51
Manger des tomates anglaises , et pourquoi pas du pole nord ...

Ce qu'il faudra d'une manière ou d'une autre, c'est tout simplement de se satisfaire de ce que peut faire pousser sa biosphère locale , là ou les consommateurs évoluent ...ici ce n'est meme pas soulevé ... !

Par ailleurs, si c'est plus chère de déplacer des personnes que des produits, ceci n'oblige pas pour autant de faire faire trois fois le tour de la terre pour arriver à remplir l'assiette ... Changement de paradigme ! Bigre, à lire cela, nous ne sommes pas prèts d'y voir le bout du tunnel ...