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Par Yves Egal

 - Ingénieur Conseil en Ecologie Urbaine

Auteur
Yves Egal, 59 ans, est ingénieur conseil en écologie urbaine. Il a notamment participé à l'étude "les alternatives à un troisième aéroport dans le bassin parisien" »...

Les «écolos-pastèques» contre l'écologie


mardi 26 janvier 2010

Fusionner le combat pour l'écologie avec celui pour la «justice sociale», est-ce efficace ? Yves Egal ne le pense pas, et il ne mâche pas ses mots


Dans la multitude des analyses après Copenhague, plusieurs commentateurs ont convergé sans se donner le mot pour souligner que la barre -les expectations, comme disent les anglophones- avait été placée trop haut,  et que l’image d’un échec provient en fait en partie de cette illusion de perspective.

Dans ceux qui ont placé la barre très haut, il y a sans aucun doute des idéalistes, qui ont oublié la dure réalité des rapports de force géopolitiques, des médias qui ont pensé bien accompagner l’opinion ou qui ont recherché plus cyniquement à faire des unes sensationelles, donc de la vente. Mais il y aussi des mouvements qui ont fait un calcul politique conscient, bien éloigné des nécessités de la défense de l’environnement.

A Copenhague, s'est opérée la fusion entre les écologistes et les altermondialistes, conduisant à poser la question climatique en relation avec la justice sociale, nous annonce triomphalement Hervé Kempf dans Le Monde, comme s'il fallait se réjouir de la contamination de ses meilleurs amis par le virus de la rage. C’est la reconnaissance du retour des «écolos-pastèques» (vert dehors, rouge dedans), avec la mise en scène qui marche à chaque sommet international, que ce soit les G8 ou G20 : de la violence pour attirer les caméras, mais une violence juste, contre l'Injustice, contre les responsables de tous nos maux réunis là devant nous ! La scène idéale avec unité d'action, de temps et de lieu, sous les yeux du monde entier.

Les jeunes ne veulent pas changer le monde,  ils veulent le dénoncer, disait Raymond Aron. Quand on sait ce qu'on ne veut pas, mais pas ce qu'on veut, la dénonciation est un moyen facile de ne pas se mouiller tout en se dédouanant à l'avance des reproches de la génération suivante : voyez comme je me suis désolidarisé de ceux qui ont produit ce monde (comme s'il pouvait y avoir des responsables de l'action de 6 milliards d'êtres humains !), j'ai gesticulé, fait du bruit, tapé, exprimé ma colère. Dénoncer les responsables de ce qui ne va pas, c'est tuer le père, forcément solidaire par son âge de ceux qui nous ont donné (!) ce monde.

Cette vision du débat comme combat de gladiateurs a l'inconvénient majeur de conforter les adversaires dans la même vision paranoïaque. Stephen Harper, Premier ministre du Canada, a souhaité réviser le protocole de Kyoto après sa ratification en affirmant : Kyoto est essentiellement un complot socialiste qui vise à soutirer des fonds aux pays les plus riches !

Il a raison sur un point : les activistes écolos, qui font comme s'ils étaient les seuls défenseurs de l'environnement (ils disent les ONG, comme Georges Marchais disait les travailleurs en parlant du PCF) se trompent de combat en rejouant la révolution prolétarienne, cette fois au nom des opprimés du Tiers-monde contre les exploiteurs de la planète.
 
Rien dans l'action violente de ces «écolos-pastèques», malgré leur objectif d'une soi-disant prise de conscience des masses, n'a apporté le moindre élément utile au progrès environnemental. Pis ! Ils combattent toutes les solutions réalistes pour lutter efficacement contre les émissions de gaz à effet de serre : le nucléaire, les barrages, la séquestration du CO2, parfois les éoliennes, la densité urbaine… Et maintenant ils déresponsabilisent le Tiers-monde. Les écolos sont devenus nuisibles pour l'environnement.

4 commentaire(s)
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Commentaire par viking
mardi 26 janvier 2010 08:32
"Ils combattent toutes les solutions réalistes pour lutter efficacement contre les émissions de gaz à effet de serre : le nucléaire, les barrages, la séquestration du CO2, parfois les éoliennes, la densité urbaine…" oulà le nucléraire est une solution réaliste tant que le coût de démantèlement des centrales et de retraitement des déchets sur mille ans ne sera pas prix en compte dans le prix du KW/h, après ce qui luttent contre les éoliennes sont plus des auvergnats anciens présidents que des pastèques...
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Commentaire par Stéphane Lhomme
mardi 26 janvier 2010 12:03
Le problème est que, de nos jours, n'importe qui se prétend écologiste : on trouve même de ridicules "écologiste pour le nucléaire", et les anti-éoliens se sont rebaptisés "environnement durable" pour tenter de cacher le caractère rétrograde de leur combat.

De la même manière, n'importe qui peut se baptiser "ingénieur conseil en écologie urbaine", et c'est ce que fait M Egal pour délivrer sa prose réactionnaire (et pronucléaire) sous couvert d'écologie : un comble !

Alors, une bonne fois pour toute : OUI, le véritable engagement écologiste est AUSSI un engagement humaniste qui ne peut dissocier environnement et justice sociale : à quoi bon sauver la planète si c'est pour que les être qui y vivent soient soumis à l'injustice et l'exploitation ?

Il suffit d'ailleurs d'ouvrir les yeux pour constater que les plus grands pollueurs sont aussi les pires exploiteurs...
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Commentaire par Candace
jeudi 28 janvier 2010 07:16
Enfin, enfin une voix pour mettre les points sur les i...
Quand à la fumeuse légitimité de tous ces agités qui prennent prétexte de leur soit disant "éco-pureté" pour casser et agresser lors des réunions de NOS représentants élus (qu'ils nous rappellent leurs scores minables aux élections à chaque fois que le citoyen lambda prend conscience de l'irréalisme et de l'intégrisme "anti-tout" de leur programme sociétal) je reprendrai ces mots d'un républicain espagnol anonyme devant le peloton d'exécution du POUM ultra-gauchiste en 1938 : "Se poser en avant-garde du Peuple, c'est déjà le mépriser..."
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Commentaire par Chelya
vendredi 29 janvier 2010 16:45
Alors résumons : un babyboomer qui regrette la grande époque ou on pouvait s'amuser à envoyer des pavés sur les CRS en mai en attendant de devenir notaire en juin fait un papier où il essaie de se persuader que le monde n'a pas changé et qu'il n'a pas participé à une révolution ratée... Un autre babyboomer prend alors pour réalité la situation totalement inventée de l'article du premier babyboomer et s'en sert pour essayer de ressuciter un combat antibolchevique moribond pour faire passer ses vieilles recettes sans avoir à rendre des comptes (ah le bon vieux temps du better dead than red où on pouvait justifier toutes les saloperies au nom du combat contre la peste rouge!).

Et les enfants des babyboomers de regarder les même vieux qui ont réussi pour la première fois dans l'histoire de l'humanité a leur léguer un monde en période de paix plus dégradé que le précédent continuer leur jeux de peur de se rendre compte que le monde n'a plus besoin d'eux...
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