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 - Rédacteur en chef de l'Usine à GES

Les difficultés du nucléaire ne réjouissent pas les climatologues


jeudi 05 mai 2011

Attention : le recul du nucléaire va signifier l'avancée du charbon et du gaz. L'Allemagne risque d'émettre "en plus" l'équivalent des rejets actuels de gaz à effet de serre de la France...


L'accident de Fukushima a, comme Tchernobyl il y a 25 ans, compromis le redémarrage des programmes nucléaires dans le monde entier.
 
Il y a encore deux ans, les États-Unis promettaient de construire une vingtaine de nouveaux réacteurs dans les années à venir : un seul projet semble encore tenir la corde. Le plan allemand de sortie rapide du nucléaire devrait prochainement être présenté. L'Italie vient de renoncer à bâtir une demi-douzaine de réacteurs, dont 4 EPR français. La Suisse pourrait ne pas remplacer ses 5 tranches vieillissantes.
 
L'Inde bruisse de manifestations anti-nucléaires. La Chine, qui prévoyait au début de l'année de mettre en chantier un réacteur par mois pendant vingt ans, vient de geler le démarrage de son programme. Le Brésil préfère finalement construire de nouveaux méga-barrages et des centrales au gaz plutôt que de compléter son parc atomique. Bref, la plus puissante des énergies bas carbone a du plomb dans l'aile.
 
Le coût climatique de la sortie du nucléaire
 
Cela réjouira sans doute les anti-nucléaires, mais pas les climatologues. Les experts ont d'ailleurs déjà sorti leurs calculettes et le résultat de leurs cogitations fait froid dans le dos.
 
Le remplacement rapide des 17 réacteurs allemands par des installations brûlant du charbon, du lignite ou du gaz (de schiste ?) pourrait accroître le montant de la facture carbone de 500 Mt de CO2 par an : autant que les rejets français actuels ! Aux États-Unis, le montant de la facture serait deux fois plus élevé.
 
Autre difficulté : le nucléaire reste aujourd'hui l'une des technologies clés pour que le monde divise ses émissions par deux d'ici à 2050. Dans son scénario Blue Map (qui vise à stabiliser les émissions mondiales à 14 milliards de tonnes de CO2 par an en 2050 contre 30 milliards aujourd'hui), l'Agence internationale de l'énergie estime que 6 % de l'effort seront réalisés par l'atome.
 
Or, si cette énergie manque à l'appel, il faudra plus que doubler la part des renouvelables d'ici à 2020, massivement investir dans l'efficacité énergétique et la baisse des consommations et sensiblement accélérer le
déploiement des installations de captage et de stockage géologique du carbone.
 
Trois urgences qui ne sont pas encore inscrites à l'agenda des politiques, notamment français.

Ce texte est la conclusion d'un dossier consacré par "L'usine à GES" au thème : « Fukushima, pas bon pour le climat ». Lire l'article complet 

3 commentaire(s)
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Commentaire par Infonucléaire
jeudi 05 mai 2011 17:59
Le parc nucléaire mondial permet au mieux d'éviter 0,3% d'effet de serre, le parc nucléaire français environ 0,06%.

Soyons sérieux, le nucléaire mondial actuel équivaut en production annuelle à 7%* des combustibles fossiles, dont 1,2% pour la France qui produit 1/6 ème du nucléaire planétaire. Les combustibles fossiles étant responsables de 5% de l'effet de serre, l'énergie atomique permettrait en fin de compte d'en éviter 7%, soit 0,35% (7% de 5%) (0,06% pour la part française). Ceci à la condition d'accepter le taux de conversion des kWh nucléaires en équivalence pétrole en vigueur dans les pays nucléarisés de l'OCDE de 222 grammes de pétrole par kWh**, alors qu'en système international ou pour la conversion des kWh hydroélectriques l'équivalence n'est que de 85,6 grammes de pétrole. Sur cette base, le nucléaire n'éviterait plus que 3 fois moins d'effet de serre, soit 0,16% pour le nucléaire mondial et 0,02% pour le parc EDF !!!

Extrait de http://www.dissident-media.org/infonucleaire/escr_disc.html

* 617 millions de tonnes d'équivalent pétrole de kWh nucléaire contre 8509 Mtep d'énergie primaire "commerciale" d'après CEA Mémento sur l'énergie 1999. Avec 400 térawattheure d'électricité nucléaire brute EDF comparé au 2400 TWh de production nucléaire mondiale selon CEA Elecnuc.

** Selon le CEA, 1 kWh hydroélectrique est dit PCI, soit 85,7 grammes de pétrole, pour le système international, 1 kWh nucléaire est dit PCS soit 222 grammes de pétrole.
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Commentaire par Chelya
jeudi 05 mai 2011 19:06
Le scénario Blue Map considérait au contraire que le nucléaire *n'était pas* une technologie clef contre le réchauffement climatique avec seulement 6% de l'effort qui pouvait venir du nucléaire (les premieres solutions étant l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables).

Donc Fukushima ne change strictement rien à l'avenir climatique de notre planète...

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Commentaire par carlino
dimanche 08 mai 2011 08:25
ça c'est a cause des " nucléaire non merci " qui ne proposent en contre partie que des technologies bien faibles, trés polluantes , destructrices de l'environnement et tous comptes faits émettrices de CO2 et bien incapable de remplacer le nucléaire !! l'éolien et le photovoltaïque .
c'est le retour écologiste au charbon !!! le new faux business ...la new fric vert !!!
L'homme a inventé du nouveau gaspillage , L'humain est fou !....commençons par exploiter ce que nous savons faire : isololation , géothermie , solaire simple ....et mettons le paquet sur la recherche pour trouver des alternatives au nucléaire qui devrons êtres efficasses et non polluantes !
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