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Diplômé de Sciences Po Paris et de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Stéphane Arpin est consultant-expert économique indépendant.Ses missions portent notamment sur l'évolution des...

Le captage du CO2, un secteur qui émerge doucement


lundi 27 juin 2011

Alors que la consommation mondiale d’énergies fossiles n’a cessé d’augmenter, la technologie de captage du CO2 pourrait représenter demain un enjeu industriel-clef pour les "majors" de l’énergie.


 Malgré le protocole de Kyoto (1995), l'émission des fameux gaz à effet de serre (GES) n'a cessé d'augmenter : entre 1995 et 2008, les émissions ont augmenté de 34%. Le phénomène s'est nettement accéléré depuis le début des années 2000. Au point que l'année 2010 constitue un point culminant en matière de rejets avec 30,6 gigatonnes de CO2 rejetées dans l'atmosphère. Soit 5% de plus qu'en 2008.

Face à cette situation, le captage et le stockage du CO2 apparaît comme une des solutions. Constat positif, ensemble de la filière de captation du CO2se met en place depuis deux ou trois ans,  aux Etats-Unis comme en Chine. Mais des obstacles demeurent, notamment en matière de stockage.

Une croissance exponentielle en Asie
 
La raison de la progression des émissions sont connues : la combustion toujours plus importante des sources d'énergie fossiles liés au développement du mode de vie occidental et au décollage économique des pays émergents. Ainsi, la consommation mondiale d'énergie fossile a été quasiment multipliée par trois entre 1965 (3,8 milliards de tonnes) et 2008 (11,3 milliards de tonnes).

Si l'Europe et l'Amérique du Nord ont été les principaux émetteurs importants de CO2 jusqu'au milieu des années 1990, l'Asie a connu une croissance exponentielle de ses émissions à partir du début des années 2000. Ses émissions ont ainsi augmenté de 58% entre 2000 et 2008. A titre d'exemple, les rejets chinois ont doublé entre 2000 (3,4 milliards de tonne) et 2008 (6,9 milliards de tonnes) au point d'être plus gros émetteur mondial de CO2 devant les Etats-Unis ! La pérennité environnementale de la croissance chinoise, avec une énergie fortement alimentée par le charbon dont le pays détient près de 14% des réserves mondiales, se pose donc avec une réelle acuité. Par ailleurs, on a pu constater toute l'inertie de la Chine lors du sommet environnemental de Copenhague en 2009.





















La constitution d'un marché vers 2015-2020 ?


L'ensemble de la filière de captation du CO2 se met en place depuis deux/trois ans. Peu à peu, la règlementation émerge : la directive européenne sur le captage et le stockage a été établie en mai 2009. Pour leur part, les industriels développent dans les pays de l'OCDE des projets innovants en concertation avec les pouvoirs publics et les agences environnementales.

A ce titre, les Etats-Unis se lancent dans l'aventure depuis 2009 : le Département d'Etat a annoncé vouloir consacrer 4 milliards de dollars pour le financement de démonstrateurs. D'autant plus qu'un partenariat stratégique avec la Chine a été signé pour un transfert de technologie. Consciente de l'explosion de ses émissions et de leur impact sur la viabilité de son développement, la Chine s'intéresse de près aux promesses de cette technologie. D'ores et déjà, les industriels estiment que près du 60% du futur marché se situe en Asie.

La France n'est pas en reste puisque les champions hexagonaux (EDF, GDF-Suez, Total, Alstom, Veolia) investissent le secteur avec leurs projets. L'appel d'offre lancé en 2008 par l'ADEME a retenu quatre grands projets majeurs qui seront co-financés à hauteur de 25 millions d'Euros par l'agence pour une durée de 6 à 8 ans. Très clairement, le secteur est perçu comme très prometteur par les "majors" françaises et constitue, parmi d'autres, un futur axe de développement.

Cependant, la taille industrielle des projets dans le monde est encore modeste (une dizaine) alors que l'AIE souligne que pour atteindre un objectif de captation de 50% des rejets de CO2, il faudrait multiplier par 10 le nombre de projets d'ici 2020 et atteindre la mise en production de 3400 projets en 2050 !

Des obstacles à lever
 
D'autre part, un certain nombre d'obstacles économiques, technologiques et environnementaux et sont encore à lever pour que le marché puisse d'industrialiser. Tout d'abord, les coûts de captage sont pour le moment élevés : entre 40 et 70 dollars la tonne.

D'autre part, la technologie ne sera pleinement prometteuse que si les sites de captage sont implantés proches des zones d'émissions. Or, la géologie adéquate au stockage n'est pas toujours celle des sous-sols de la géographie urbaine et industrielle où se concentrent les émissions.

Enfin, d'un point de vue environnemental, un certain nombre d'incertitudes scientifiques sont à lever concernant l'enfouissement du CO2en fonction, notamment, du type de structure géologique destiné au stockage. Le risque majeur étant rien de moins qu'une remontée massive et imprévue de CO2 vers la surface.
 
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