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La société PETROSTRATEGIES a été créée en octobre 1985 à Paris, France. Dirigée par Pierre Terzian, elle a plusieurs types d'activités autour du secteur de l'énergie: publication d'articles et d'une lettre...

Des investissements colossaux pour maîtriser le réchauffement planétaire !


lundi 07 juillet 2008

La société d'études et de conseil Pétrostratégies passe en revue les trois scénarios retenues dans un récent rapport, Perspectives des technologies de l’énergie 2008, scénarios et stratégies à l’horizon 2050 (ETP), de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).


Pour maintenir la hausse des températures sous la barre de 2,4°C d’ici 2050, l’humanité devra investir quelque $45 000 milliards dans le secteur énergétique. C’est une des principales conclusions du récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Perspectives des technologies de l’énergie 2008, scénarios et stratégies à l’horizon 2050 (ETP). Trois scénarios y sont envisagés. Le premier, business as usal, est celui du statu quo : pas de changement notable dans les politiques publiques, mais de fortes contraintes d’approvisionnement, puisque d’ici 2050 la croissance de l’économie mondiale devrait être multipliée par quatre (par dix pour l’Inde et la Chine). En un peu plus de 40 ans, la demande pétrolière croîtrait de 70 % et les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 130 %. A cet horizon, moins du tiers des émissions mondiales proviendrait des pays de l’OCDE. Conséquence attendue : une élévation des températures moyennes de 6°C au moins soit, souligne l’AIE, « une modification considérable de tous les aspects de la vie et un changement irréversible de l’environnement naturel ».

 
Le second scénario retenu, baptisé ACT, table sur la mise en œuvre d’un large éventail de technologies déjà existantes ou à un stade avancé de développement, pour un coût marginal inférieur ou égal à $50/t de CO2 évitée (référence : valeur réelle en dollar 2005). C’est le double du coût projeté, il y a deux ans, dans l’édition antérieure de l’ETP, en raison de la hausse accélérée des émissions de CO2 et du renchérissement de certains équipements. Dans un tel scénario, les besoins d’investissement dans l’énergie s’élèveraient à $17 000 milliards d’ici 2050, soit environ $400 milliards/an ou 0,4 % du PIB mondial annuel. Les coûts de production dans les centrales à charbon dépourvues d’équipements de captage et stockage du CO2 (CSC) connaîtraient également un doublement par rapport à leur niveau actuel. Au total, les émissions de dioxyde de carbone seraient ramenées à leur niveau actuel d’ici 2050, après un pic en 2020-30.
 
Mais un tel effort serait encore insuffisant. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), en effet, c’est de 50 à 85 % qu’il faudra réduire les émissions d’ici 2050 pour limiter le réchauffement planétaire à une fourchette de 2 à 2,4°C. « Abaisser les émissions de CO2 de 50 % par rapport à leur niveau actuel représente une véritable gageure », souligne l’AIE, qui a donné à un tel scénario le doux nom de BLUE. Les investissements dans l’énergie, à forte composante technologique, s’élèveraient à $45 000 milliards durant la période considérée, soit $1100 milliards/an ou 1,1 % du PIB mondial annuel : introduction massive de dispositifs de CSC dans les centrales électriques au gaz et au charbon ; construction, chaque année, de 32 nouvelles centrales nucléaires et de 17 500 turbines éoliennes. Cela représente un coût de $200/t de CO2 évitée, voire $500/t « si les technologies ne répondent pas aux attentes ».
 
La conclusion de l’AIE est sans équivoque : « Il est indispensable d’opérer une révolution mondiale dans les modes de production, d’approvisionnement et de consommation de l’énergie ». Concrètement, il s’agit d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments, des appareils ménagers, des transports, de l’industrie ; de « décarboniser » les transports et la production électrique ; et, à cet effet, d’associer les énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, solaire et biomasse), le nucléaire et la CSC. Dans
le scénario BLUE, 46 % de l’électricité serait produite à partir de sources renouvelables en 2050, 25 % à partir du nucléaire et 12,5 % environ pour l’hydraulique. Les transports représentent le premier poste d’investissement dans les scénarios ACT et BLUE, avec $17 000 et $33 0000 milliards requis, respectivement. Limité à moins de 1 %/an ces dernières années (PETROSTRATEGIES du 16 juin 2008), le gain d’efficacité énergétique devrait atteindre 1,4 %/an dans ACT et 1,7 %/an dans BLUE. Cette différence de 0,3 point de pourcentage correspond à des économies d’énergie supplémentaires de 1544 Mtep en 2050, soit 20 % de la consommation finale d’énergie actuelle. 

 
Précision importante: dans les scénario BLUE et ACT, les estimations du total des économies de coûts non actualisés des combustibles (charbon, pétrole et gaz) sont plus élevées que l’investissement supplémentaire requis dans les technologies. Avec un taux d’actualisation de 3 %, les économies dépassent les besoins d’investissements supplémentaires dans le scénario ACT, mais pas dans BLUE ; en revanche, pour un taux de 10 %, les investissements supplémentaires dépassent les économies de combustibles dans les deux cas. Autre avantage à considérer, souligne l’AIE, le rééquilibrage du marché pétrolier, avec une augmentation de la demande limitée à 12 % dans ACT et une baisse de 27 % par rapport au niveau actuel, dans BLUE. 

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