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Grégoire Guyon et Pierre-Olivier Bernière expliquent le contrat « coton équitable » entre Armor Lux et la Poste


jeudi 10 mai 2007

Vendre 350.000 pièces en coton équitable sur une commande totale d’1 million n’est plus une démarche marginale, mais devient un enjeu économique. La fidélisation des clients, l’adhésion des personnels, la valorisation des marques sont au cœur des contrats entre Armox-Lux, La Poste et la SNCF.



Ecouter l'interview de Grégoire Guyon :



Grégoire Guyon, vous êtes directeur de la communication d’Armor Lux, entreprise bretonne réputée pour la qualité de ses produits. Fondée il y 70 ans, implantée à Quimper et à Troyes, elle a fait parler d'elle en vendant des pièces en coton équitable à deux très gros acheteurs, la Poste et la SNCF. Pouvez-vous nous rappeler votre démarche en matière de commerce équitable ?

Cela s’est fait très progressivement. Nous avons été une des toute premières entreprises à nous engager au côté de Max Havelaar  pour commercialiser le coton équitable.
Dans un premier temps, il s’agissait de produits vendus sous notre marque Armor Lux, vendus dans le commerce de détail et dans notre réseau de boutiques.
Progressivement, le coton équitable est devenu un avantage concurrentiel, en tout cas un vrai moyen de se différencier sur des nouveaux marché, le marché d’habillement des facteurs et des factrices en 2004, puis celui des contrôleurs de la SNCF depuis 2006

Le coton équitable est plus cher, donc vous revendez plus cher. Avec quels pourcentages ?

On achète le fil 30 p.c plus cher que du fil en coton conventionnel. Mais le pourcentage de la matière première sur un article textile n’est pas considérable, donc il n’y a pas une forte répercussion sur le prix de vente final pour le consommateur.
On achète 30% plus cher, le consommateur paye entre 5 et 10% plus cher en fonction du volume. A la poste, comme il y a un gros volume, on peut répercuter le moins possible le différentiel d’achat de la matière première.

Quelle est la part des articles en coton équitable dans votre production globale ?

Pour la poste, cela représente 1/3 du vestiaire des facteurs. En 2007, nous livrerons 350.000 pièces sur le million qu’on livre chaque année aux postiers. Pour la SNCF, c’est un bel engagement sur des volumes significatifs.
Au total, en 2006, nous avons vendu plus de 200.000 pièces en coton équitable. En 2007, les ventes monteront à 6 ou 700.000 pièces, sur 3,5 à 4 millions de production globale. Cela devient significatif
D’une part, on fidélise nos clients traditionnels. Et sur les très gros marchés, on perçoit l’intérêt de grandes entreprises publiques françaises qui cherchent ce type de produits qui ont du sens. Ce sont leurs personnels qui les portent, c’est très important qu’ils soient fiers de porter leur tenue,  c’est l’image de marque de l’entreprise.

Pierre Olivier Bernière, chargé de communication à  la direction du Développement durable à La Poste.
 

Pouvez-vous nous rappeler la démarche de La Poste ?

La Poste a décidé il y a 3 ans de mettre en place une démarche d’achat responsable et s’est notamment engagée pour le commerce équitable avec son fournisseur Armor Lux.
Un premier produit a été proposé l’an dernier aux 45.000 factrices : un débardeur en coton équitable labellisé Max Havelaar.
Ce premier produit a connu un grand succès puisque 90.000  exemplaires ont été commandés.
A la suite de cela, nous avons décidé de faire passer en cotoon équitable tous les "hauts" du catalogue des produits qui sont proposés aux facteurs et factrices.  Donc tous les tee-shirts, polos, débardeurs sont maintenant en coton équitable.

Quel volume et quel coût supplémentaire cela représente-t-il ?
On arrivera sans doute cette année à une commande de plus de 350.000 pièces pour équiper nos 100.000 facteurs et factrices.
Les produits sont un peu plus chers à l’achat pour le groupe. Mais pour le facteur cela ne change rien, le prix du produit reste inchangé. Le facteur reçoit deux fois par an un catalogue sur lequel il choisit ses tenues puisque chaque facteur doit porter chaque jour au moins un article à l’image du groupe pour être facilement identifiable.
La Poste est un acheteur considérable puisqu’on peut estimer que sa commande atteint 11pc du coton équitable commandé chaque année en France.

Propos recueillis par Yves de Saint Jacob